ARTISTE
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Auteur de l'immense "War Inna Babylon", Max Romeo ne connaît pas la fin de carrière qu'il mérite. Plombée par les arnaques des producteurs, sa longue carrière est passée par autant de hauts que de bas |
BIO
Auteur de l'immense "War Inna Babylon", Max Romeo ne connaît pas la fin de carrière qu'il mérite. Plombée par les arnaques des producteurs, sa longue carrière est passée par autant de hauts que de bas. Mais il reste une figure incontournable du reggae roots…
Max Smith naît le 22 novembre 1947 à St d’Acre, en Jamaïque. Elevé chez les évangélistes, il ne supporte plus les mauvais traitements infligés aux enfants, et fuit à l’âge de 14 ans. Il en gardera une profonde méfiance vis-à-vis de la religion. Poussé par ses amis à se présenter à un concours de talent, le jeune Max Smith gagne et quitte la campagne pour Kingston. Il a alors 18 ans. Son premier groupe se nomme les Emotions. On y retrouve Kenneth Knight et Lloyd Shakespeare, grand frère de Roobie. Leur premier single est I’ll Buy A Rainbow, enregistré sur le label de Carlton. Plusieurs hits suivront.
C’est à cette époque que Max Romeo, sur les conseils de Bunny Lee, adopte son nom de scène en référence à Roméo et Juliette. Car le jeune artiste est indéniablement un chanteur pour dames. Après une première tentative de carrière solo rapidement avortée, il fonde les Hippy Boys (avec les frères Barrett). Lorsque Max Romeo quittera le groupe, ils deviendront plus les Upsetters puis les Wailers. En 1969, le premier gros hit de Max Romeo est Wet Dream. Ce texte salace fait un carton en Jamaïque mais également en Angleterre, en dépit d’un unique passage sur les ondes, vite réprimé par les censeurs. L’explication avancée par Max Romeo (l’histoire d’un plafond qui fuit et de l’eau qui tombe sur le lit) ne dupera pas les autorités. La chanson, restée interdite, se voit du même coup propulsée dans les charts jusqu’au Top Ten, et est largement reprise par le public skinhead.
Sa carrière solo lancée, Max Romeo crée son label (Romax) en 1970 ainsi qu’un sound system qui ne finira pas l’année. Il travaille ensuite avec Bunny Lee sur une flopée de singles, mais aussi avec Winston Riley et Niney "The Observer" Holness (Beardman Feast, The Coming Of Jah, Babylon Burning). Nous sommes en 1971 et Max Romeo a embrassé la foi rasta. Sa conversion influe directement ses compositions, qui deviennent plus engagées, mêlant prêches bibliques et revendication politiques et sociales. A l’instar de Bob Marley et de beaucoup d’artistes rasta, Max Romeo se rapproche du PNP (People National Party) le parti de Michael Manley, unique alternative au JLP (Jamaican Labour Party) qui dirige la Jamaïque depuis son indépendance en 1962. Sa chanson Let The Power Fall On I (produite par Derrick Morgan) devient le thème de campagne du parti de Manley. Plusieurs chansons mettront en scène l’homme politique, le plus souvent sous le nom du héros biblique Joshua (No Joshua No, Press Along Joshua).
En 1975, il co-produit avec Clive Hunt l’album "Revelation Time", dont la pochette ornée d’un marteau et d’une faucille le verra taxé de « reggae communiste ». On retrouve sur cet album la plupart de morceaux repris sur l'indispensable "Open the Iron Gate", sa réédition par Blood & Fire en 1999. En 1976, Island signe Max Romeo et sort le terrible "War Ina Babylon" à la superbe pochette. Fruit de la collaboration de Max Romeo et de Lee Perry, qui a écrit les morceaux et co-écrit certaines paroles, "War Ina babylon" fait partie de ces « albums fondation », indispensable à toute discographie reggae. Avec une sortie internationale, "War Ina Babylon" aurait pu être le véritable point de départ de la carrière de Max Romeo. Il restera son apogée.
La rupture avec Lee Perry consommée (le génial producteur ne voulait plus entendre parler de chanteur de reggae après la "trahison" de Bob Marley, parti rejoindre Chris Blackwell sur Island) Max Romeo produit lui-même l'album "Reconstruction", sans grand succès. En 1978, alors que la situation se dégrade en Jamaïque, il quitte l'île pour les Etats-Unis. Là-bas, il écrit les paroles et joue dans une comédie musicale intitulée "Reggae". Le sujet, trop sérieux (la situation politique et sociale en Jamaïque à l'époque), n'emballe pas le public de Broadway : la pièce est arrêtée au bout de quelques semaines.
Bien décidé à faire carrière aux Etats-Unis, Max Romeo se lie avec les Rolling Stones. Il participe à leur album "Emotional Rescue" en 1980, et Keith Richard co-produit et joue de la guitare sur "Holding Out My Love To You", l'album supposé lui ouvrir les portes du marché américain en 1981. Mais en dépit d'une fameuse équipe réunie autour de lui (Sly & Robbie, Augustus Pablo, Chinna Smith, Ansel Collins, Sticky Thompson) le succès n'est pas au rendez-vous.
Max Romeo entre alors dans un trou noir artistique et médiatique, entrecoupé par la sortie d'un album pirate : "Max Romeo Meets Owen Gray At King Tubby's Studio" en 1984. Faisant face à de graves difficultés financières, il ne réapparaît qu'en 1989, date de son retour en Jamaïque, avec l'album Transition. Le roots connaît alors un léger regain de forme, et les années 90 le réinstallent progressivement dans le paysage musical. Il faudra pourtant attendre trois ans de plus pour le retrouver de l'autre côté de l'océan avec Jah Shaka, avec qui il sort successivement "Far-i Captain of my Ship" en 1992, "Far-i Ship Dub" en 1993 puis "Our Rights" en 1995. C'est ensuite avec Mafia & Fluxy que Max Romeo sort "Selassie I Forever" (1998). La fin des années 90 est marquée par la sortie de plusieurs compilations. En 1999, "The Many Moods of Max Romeo" regroupe des titres enregistrés en 1967 et 1971. C'est la même année que sort l'essentiel "Open The Iron Gate", réédition réussie de "Revelation Time" avec des morceaux supplémentaires. En 2000, c'est au tour de "Pray For Me : The Best Of 1967-1973".
C'est en 2000 que sort l'album le plus audacieux de Max Romeo depuis longtemps : "In This Time" avec la Tribu Acoustica, formation acoustique italienne rencontrée lors d'un séjour en Italie. De cette rencontre naît un album férocement créatif, hybride de reggae et de musique italienne acoustique. L'année suivante la compilation "Perillous Time" recense des morceaux produits entre 1974 et 1999, sur lesquels Max Romeo peut enfin gagner de l'argent. Enfin, en 2002 sort l'excellente compilation sur deux volumes de Trojan, "The Coming of Jah".
De nouveau établi dans l'industrie musicale, Max Romeo nous revient en 2004 avec "A Little Time For Jah". Enregistrés à Tuff Gong à Kingston et bien servis par la solide production de Clive Hunt, les morceaux bénéficient d’un son clair et percutant, et font de cet album l'un des meilleurs efforts de Max Romeo ces dernières années. Sa tournée 2004 en compagnie des Ethiopians a connu un large succès avec 37 concerts européens.
Auteur : Sébastien Jobart |
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Artiste |
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Nationalité |
Jamaïcaine |
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Prénom / Nom |
Maxwell Livingston Smith |
 | Né le |
22/11/1947 |
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