ARTISTE
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Lone Ranger appartient à la deuxième génération des deejays jamaïcains : s’il s’est inspiré des pionniers U-Roy et Big Youth, il a su les dépasser avec un style inédit à l’époque. En 1980, le deejay n |
BIO
Lone Ranger appartient à la deuxième génération des deejays jamaïcains : s’il s’est inspiré des pionniers U-Roy et Big Youth, il a su les dépasser avec un style inédit à l’époque. En 1980, le deejay numéro un dans l’île, c’est lui !
Artiste de l’écurie Studio One, Lone Ranger est aussi un acteur historique de la scène reggae en France : en 1979 et 1980, lui et son ami, le producteur Chester Synmoie, y passent six mois. Pendant ce séjour, ils posent les bases de la culture sound system dans l’Hexagone.
Plus de 30 ans après, Lone Ranger est toujours fidèle au public français et se produit régulièrement avec le sound system Soul Stereo.
Anthony Waldron naît le 2 novembre 1958 à l’hôpital Jubilee de Kingston. En 1963, il suit sa mère qui émigre en Angleterre. A l’école, il se fait plus remarquer par ses talents de footballeur que de musicien.
Sa rencontre avec la musique se fera à son retour en Jamaïque en 1971. Encore écolier, Anthony se lie d’amitié avec un autre adolescent, Chester Synmoie, qui restera son manager tout au long de sa carrière. Chester, décédé en octobre 2011, et son frère Leon sont déjà passionnés par la musique et ont de grandes ambitions dans ce domaine. C’est à cette époque que Lone Ranger découvre l’ambiance des dancehalls de Kingston. Il est particulièrement admiratif de U-Roy et Big Youth : il achète leurs disques avec son argent de poche, recopie les paroles sur un cahier et s’entraîne à les répéter sur la version.
Chester Synmoie forme alors un groupe qu’il baptise les High-Fenders : il s’occupe des harmonies avec Ransford Rogers, Lone Ranger est au chant et s’essaye au deejaying. Convaincu par son potentiel de deejay, Chester lui demande d’abandonner le chant et prend sa carrière en main. En parallèle, Lone Ranger se produit avec le sound system Soul Express de Franklin Town à Kingston et c’est à l’occasion d’une soirée qu’il trouve son nom de scène. Comme il est courant à l’époque, le surnom de Lone Ranger fait référence à un personnage de western, un Texas ranger masqué, héro d’une série radio et télé.
En 1975, Chester, qui a crée le label Thrillseekers avec son frère Leon, emmène Lone Ranger au studio Treasure Isle où il enregistre deux morceaux : Get humble et Youth in the ghetto. Ces deux chansons ne sortiront jamais. L’année d’après, ils le présentent à Clement Dodd qui lui donne la possibilité d’enregistrer The answer, son premier titre chez Studio One. Le riddim, utilisé à l’origine par Slim Smith pour le titre Never let go, sera désormais connu sous ce nom. Coxsone, qui cherche alors à revenir dans la course aux hits, profite de ce jeune talent et lui confie ses riddims classiques (Skylarking, Mr Bassie, Full up…). Parmi, cette première livrée de titres sur le label légendaire, il faut noter Chase dem crazy, un duo avec Welton Irie, qui serait le premier jamais enregistré entre deux deejays.
1979 est l’année du succès pour Lone Ranger. Il sort Barnabas Collins, son premier hit qui devient numéro un des charts reggae en Jamaïque et en Angleterre. Dans cette chanson, produite par Thrillseekers, Lone Ranger incarne un personnage improbable : Barnabas Collins, un vampire, héro de la série télé Dark shadows. Le single et l’album "Barnabas in Collins wood", réalisé dans la foulée, sont confiés à Alvin « GG » Ranglin pour être distribués. Alors qu’il n’en est pas le producteur et sans en avertir Chester et Lone Ranger, « GG » se rapproche d’Island pour commercialiser les disques, via les filiales du label, en Europe et aux Etats-Unis. C’est ainsi que les Français découvrent le cavalier masqué… Mais Island retire ses billes en s’apercevant que « GG » n’a aucun droit sur ces enregistrements et ceux-ci ne seront jamais promu à leur juste valeur.
Cela n’empêche pas Lone Ranger de connaître son heure de gloire en Jamaïque. Il se produit avec le sound system Soul 2 Soul de Montego Bay et son succès draine les foules. En 1979, il est élu deejay de l’année et remporte le El Suzie Award dans cette catégorie. L’année suivante, il opère avec le sound system Virgo Hi Fi, l’une des grosses sonos de Kingston. Mêmes causes, mêmes effets : il est élu deejay de l’année et Virgo obtient le titre de sound system de l’année. Plusieurs raisons à cela : d’abord Lone Ranger est un conteur né, il ne se contente pas d’animer une version mais pose un texte qui se déroule tout au long du morceau. Ensuite, il est plus mélodieux que ces prédécesseurs, ce qui fait taire les critiques qui pointaient souvent qu’un deejay ne savait pas chanter mais se contentait de parler sur la musique. Enfin, il est très rapide au micro et intègre des gimmicks comme des éléments musicaux à part entière : les « bim », « right » et « ribbit » deviennent sa marque de fabrique et seront beaucoup copiés par la suite. Son style fera d’ailleurs école dans les années 80 en Angleterre.
Le succès de Lone Ranger donne des idées à Coxsone, qui développe sa carrière sur deux fronts. L’international d’abord, avec un album taillé sur mesure qui deviendra un classique du label, "On the other side of dub", qu’il a vraisemblablement gardé sous le coude en attendant le moment opportun. Mais, il n’oublie pas non plus les dancehalls de Kingston, friands de singles, comme Love bump, peut-être le plus gros succès de Ranger en Jamaïque.
Refusant l’exclusivité, Lone Ranger et Chester travaillent aussi avec Jo Jo Hookim de Channel One, qui souhaite réaliser un album. Ce sera "M16", un album qui part directement à l’export vers le succès l’international, puisque seuls deux singles sortent en Jamaïque. Mais quels singles ! M16 et Fist to fist days done, deux titres qui résonnent fortement aux oreilles du public, dans la période de violence politique des élections de 1980.
En parallèle, fin 79, Ranger et Chester s’offrent une escapade en France qui va marquer les esprits. Repéré par la journaliste française Hélène Lee lors d’une soirée à Kingston, Lone Ranger accepte de venir passer six mois dans l’Hexagone. Chester et lui débarquent avec un stock de 45 tours, des singles de Studio One surtout, et se produisent à plusieurs reprises à Paris : le Palace, les Bains Douches, la Chapelle des Lombards… Ils installent tout simplement les premières soirées sound system dans la capitale.
De retour de ce voyage, Lone Ranger part aux Etats-Unis avec une poignée d’artistes pour une tournée qui démarre le 18 septembre 1981 au Madison Square Garden à New York. Dès lors, il va passer de plus en plus de temps hors de Jamaïque : après plusieurs séjours aux Etats-Unis et en Angleterre, il s’installe à New York où vit déjà une partie de sa famille. Il y vivra plus de 15 ans. Ranger ne coupe pourtant pas tout à fait les ponts avec son île. En 1981, il connaît un nouveau succès avec le single et l’album "Rosemarie", produit par Winston Riley de Techniques, puis il s’associe à Clive Jarrett pour monter l’éphémère label Dynamite sur lequel sort l’album "Hi-ho Silver away", commercialisé en Europe par Greensleeves. Mais son âge d’or est déjà derrière lui et d’autres deejays sont prêts à le détrôner : la même année, Yellowman se fait de la pub sur son dos en répondant à Barnabas Collins avec le single Mi kill Barnie chez Channel One.
C’est le début d’une traversée du désert ponctuée de quelques sorties d’album chez Studio One ou Techniques, de singles newyorkais, notamment pour le producteur Jah Life et de scènes à l’étranger. Lorsqu’il retourne vivre en Jamaïque en 1998, Lone Ranger est complètement déconnecté de la scène locale, voire oublié. Il rencontre alors Fata de Soul Stereo qui va donner un second souffle à sa carrière en organisant son retour en France, 20 ans après ses premiers exploits à Paris. L’équipe écume le pays et l’Europe pendant plus de 10 ans et fait découvrir le deejay à la jeune génération. Entretemps, Ranger se produit et enregistre pour le label Heartical. Il collabore également sur plusieurs projets du producteur Grant Phabao, dont l’album "Kulchaklash". En 2011, lors du Garance Reggae Festival, Lone Ranger se produit sur la scène principale et conduit d’une main de maître la Studio One Revue.
Auteur : Benoit Georges |
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Artiste |
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Nationalité |
Jamaïcaine |
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Prénom / Nom |
Anthony Alphanso Waldron |
| Lieu de résidence |
Kingston (JA) |
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