BIO
Il est celui qui a redonné un sens aux mots dans les années 90. Après des années de slackness et de gun lyrics, la spiritualité refait surface dans les paroles de Garnett Silk. Débutant sa carrière au milieu des années 80 en tant que Dj sous le nom de Little Bimbo, Garnett Silk a connu une destinée tragique, mort brûlé dans la maison de sa mère le 9 décembre 1994. Brutalement interrompue, sa carrière laisse une trace indélébile dans l’histoire de la musique jamaïcaine.
Né Garnett Smith de son vrai nom, Garnett Silk grandit à Mandeville au sein de la paroisse de Manchester (Jamaïque) et a choisi rapidement la voie artistique, fortement encouragé par son entourage. Il n'a que 12 ans quand il fait ses premières armes avec le sound system local Soul Remembrance, en 1977. Impressionné par les talents de l’enfant prodige, Soul Remembrance renouvellera régulièrement l'invitation, avant d'en faire un de ses deejays officiels. C'est le boss Teddy qui lui présente Delroy "Callo" Collins, qui deviendra rapidement son meilleur ami, conseiller et producteur. Quelques années plus tard, suivant les conseils de ses amis Teddy et Callo, il continue son apprentissage au sein de Pepper Disco, Stereophonic et Destiny Outernational. C’est grâce à ces derniers qu’il va faire une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière avec un autre natif en devenir de Manchester, Tony Rebel. Il enregistre son premier titre Ram dance master en 1985 mais c’est sur le jeune label de son ami Callo (Track) qu’il sort son premier single, Problem everywhere.
1986 va être une année de changement pour Garnett, il fait la rencontre du dub poet Yasus Afari qui lui enseigne les bases du rastafarisme. Désormais peu enclin à suivre ses compatriotes deejay sur les thèmes explicites, vulgaires et violents qui cartonnent à l'époque, il ambitionne une carrière de chanteur et émigre à Kingston en 1987. C’est sur Maxfield Park Square qu’il pose ses valises, au sein du studio de Sugar Minott, Youth Promotion, qui l’héberge durant quelques mois. Lui donnant les moyens d’enregistrer, Sugar Minott lui fait enregistrer son premier titre pour le label, No disrespect. L’année suivante, Garnett sort Run rude boy pour King Jammys et enregistre pour Donovan germain. Mais son style de chant est encore trop rapide, ce que ne manque pas de lui faire remarquer Callo. Quelques mois plus tard, alors qu’il écoute de nouvelles maquettes avec Garnett dans sa voiture, Callo est époustouflé devant une reprise de Chant down babylon (Bob Marley) et la rejoue en boucle : il sait que son ami a trouvé son nouveau style, la voix de soie (the silky voice). Son nom est désormais tout trouvé : il s’appellera Garnett Silk !
C’est sous la tutelle du vétéran Derrick Morgan, gloire du ska dans les années 60, en 1990, qu’il enregistre son premier véritable album avec son comparse de toujours Tony Rebel au studio de Bunny Lee. "Tony Rebel and Garnett Silk in a dancehall conference" marquera la réelle transition artistique de l’artiste entre le toast et le chant. S'il signe un contrat d’album avec Steelie & Clevie, un seul titre tiré de son opus sortira de son vivant (la combinaison avec Sharon Forrester, We can be together). Dépité, il repart pour la paroisse de Manchester afin de se plonger dans l’écriture avec un vieil ami, Anthony « Fire » Rochester. Tout ce temps ne sera finalement pas perdu car Garnett a emmagasiné une pléiade de nouvelles chansons et part avec Tony Rebel pour Ocho Rios enregistrer avec le producteur Courtney Cole (Roof International) plusieurs titres : Mama, Seven Spanish angels et la reprise de Johnny Nash I can see clearly now (titres que l’on retrouve sur l’album "Nothing can divide us", distribué par VP Records).
1992 marque son retour dans la capitale. Hébergé chez Ricky Trooper, le Mc et selecta du sound system légendaire Killamanjaro qui l'introduit dans le milieu, Garnett connait son premier hit avec Hello mama Africa, pour le producteur Richard Bell (Star Trail music). C'est à cette époque qu'il prépare son album "It’s growing" dans les studos Digital B sous la tutelle de Bobby Digital. Culturels (Bless me), spirituels (Disadvantage, Keep them talking) ou sentimentaux (Place in your heart) : les thèmes qu’il aborde trouvent un écho immédiat. "It's growing" sera l’un des albums reggae les plus vendus cette année-là dans toute l’île. Quand il n'est pas en tournée, du Japon aux Etats-Unis en passant par l’Europe, Garnett Silk enregistre pour la crème des labels de Kingston : Black Scorpio (Zion inna vision), Penthouse (Complain, Who is like Selassie), Sly and Robbie (Thank you Jah, Green line), King Jammys (Fill up up with your mercy, Lord watch over our shoulders), Digital B (Knee shall bow avec Charlie Chaplin et Cocoa T). Certains de ces titres se retrouveront sur l’album "Gold" sorti par le distributeur anglais Jet Star sur son label Charm en 1993.
Le rythme intensif que prend sa carrière épuise Garnett Silk, qui finit par s’effondrer lors d’un concert au Ritz à New-York. Tournée annulée, il rentre en Jamaïque se reposer. En 1994, il signe son retour en studio chez Steelie & Clevie pour qui il enregistre le magistral Love is the answer avant d'enchaîner avec Fight back, son duo avec le chanteur-producteur Richie Stephens. Sur scène, il prend une revanche sur le passé avec d’impressionnantes prestations au Reggae Sumfest et Reggae Sunsplash. Il est en pourparlers avec le label américain Atlantic, mais c'est finalement le studio Tuff Gong qui lui ouvre ses portes afin d’y préparer son futur opus, sous la houlette d’Errol Brown. Dix titres seront enregistrés de ces sessions, qui resteront hélas inachevées. Lors d’une visite chez sa mère, après avoir emprunté une arme à feu à son avocat suite à un cambriolage du foyer familial, un coup de feu part accidentellement en direction de la maison et atteint une citerne de propane. L'explosion qui suit embrase la maison. Garnett, ses frères et ses amis sortent indemnes de l’accident, mais sa mère reste à l’intérieur de la maison en flammes. Se précipitant pour la sauver, Garnett Silk y laissera sa vie, le 9 décembre 1994.
Depuis sa disparition, de nombreuses compilations ont vu le jour (dont l'indispensable série de dubplates pour Killamanjaro, "Killamanjaro remembers Garnett Silk" chez Jam Down) et Atlantic sort finalement en 2000 l’album Tuff Gong inachevé sous la forme d’un double cd, "The definitive collection", composé de classiques et d’inédits. En 2004, VP sort une nouvelle anthologie accompagnée d'une interview qui éclaire un peu plus la personnalité d'un chanteur qui, coincé dans une génération qui glorifiait le sexe et les armes, a remis le sacré au premier plan.
Auteur : Cyril Le Tallec |
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Artiste |
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Nationalité |
Jamaïcaine |
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Prénom / Nom |
Garnet Damion Smith |
 | Né le |
02/04/1966 |
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