INTERVIEW :
Propos recueillis par : Maxime Nordez
le mercredi 04 mai 2005 - 12 891 vues
Livin'Soul vient de sortir "As A Spring" son deuxième album. Avec un vrai son roots, Livin'Soul se fait remarquer. Si bien que c'est à la Maison de la Radio que Reggaefrance a rencontré les membres du groupe, congratulés à l'antenne et invités à jouer trois morceaux en live. Rencontre après-concert avec le groupe au grand complet : John (guitare rythmique+ chœur) - Julien (clavier + chœurs) - Loïc (basse) - Hugo (flûte+sax+mélodica) - Arthur (guitare lead + cocott’) - Seb (Chant) - Paul (Batterie).
Reggaefrance / Seb, en tant que chanteur quelles sont tes influences principales ? / Seb : Otis Redding, Ray Charles, Bob Marley, les Ethiopians.
Et pour le groupe, y’a-t-il une influence commune ? Autour de quoi vous retrouvez-vous ? Paul: Autour du reggae. Individuellement, on vient tous d’horizons différents, du jazz au rock…On cherche à s’inspirer des oldies tout en amenant notre musique dans une voie contemporaine. Julien : Plus globalement, on se réunit autour du son des années 60/70.
Vous avez eu d'autres groupes avant Livin'Soul ? Arthur : Oui, de blues. Loïc : J'ai fait de la fusion puis du funk avant de passer au reggae. Seb : C'est mon premier groupe et ma première expérience au chant. Je suis bien tombé.
Comment se passe la composition ? Qui fait quoi ? [Tous pointent Seb du doigt] Seb : Sur l’album, il y a deux morceaux acoustiques. Je ramène des chansons comme celles-ci, accompagnées à la guitare. Je leur fais écouter et on décide ensemble s’il y a des accords à changer. Puis chacun joue sa partie. Ca fait sept ans que j'écris.
J’ai repéré quelques façons de faire comme la guitare cocott’ qui suit la basse etc… ce sont des conventions dans le reggae… Paul : Exactement, des conventions propres au style mais nos choix à l’intérieur de ce cadre vont être guidés par nos personnalités. Seb / C’est une manière de fonctionner, ce sont les choix de riffs et de mélodies qui font la différence… Les instrumentistes vont proposer plusieurs choses et chacun donne son avis, ses conseils. Tout le monde participe.
En section, Hugo, tu harmonises souvent à deux cuivres, pourquoi ce choix ? Hugo: Déjà, techniquement c'était pas possible d'ajouter un cuivre. On n'avait pas assez de place sur la console (rires). Mais au final, c'est un vrai choix. Ca correspond à notre musique. Si on avait ajouté des trombones par exemple, on aurait perdu un peu de notre identité. Julien : En live, il y a un travail de complémentarité entre Hugo (flûte), Arthur (guit) et moi (clavier). On essaie vraiment de s'imbriquer aussi bien au niveau des timbres qu'au niveau harmonique.
On peut difficilement ne pas penser aux Wailers à l’écoute de votre album. Le son recrée un peu l’atmosphère de ''Talkin’Blues''… Paul : C’est ça ! 1972/73… Julien : On adore ''Talkin’ Blues'' mais tous les albums d’avant aussi. ''Talkin’Blues'' est une petite perle à part… Seb : C'est tranchant, c'est concret, collé par terre et en même temps il y a un flot qui t'emmène comme un dub planant, c'est terrible.
Votre avis sur le reste de la scène reggae française ? Paul : Il y a souvent un manque d'honnêteté. Eux sont sincères mais je trouve que ça met au placard plein de choses qui ont été découvertes dans ces musiques là. Seb : Les gens font l'amalgame entre nous et les Sinsémilia, Tryo etc… c'est de votre faute à vous, aux médias (rires). Ces mêmes groupes pourraient nous critiquer parce qu'on fait du reggae à la jamaïcaine et qu'eux au moins font du 'reggae à la Brassens'. Paul : Quand on dit ‘à la jamaïcaine’, on parle des principes de fonctionnement de cette musique. Il ne s’agit pas de refaire un truc qui a été fait il y a 30 ans. Le reggae français a commencé à prendre une certaine direction dans les années 80. Notre idée est de repartir de la même souche en prenant une autre direction. Julien : Pourquoi passer par les années 80 ?! (rires)
Le choix du matériel y est pour beaucoup dans ce son oldies ? Paul : Le choix du studio plutôt. Le matériel était sur place. Beaucoup de matériel vintage, des Protovox (amplis à lampe) qui n'existent plus, un orgue Hammond et sa cabine Leslie d'époque, on a ramené un Rhodes… C'était au studio Newdream à Descartes, près de Tours. C'est une ferme retapée. On a passé dix jours sur les prises de son et à peu près huit jours sur le mix.
Vous aviez galéré pour l’enregistrement de votre premier album ? Paul : C’était une première production et il y a eu beaucoup d’erreurs. Seb : Mais du coup, et presque accidentellement, ça a donné un style. Julien : Pour l’enregistrement de ''As A Spring'', on a privilégié une approche plus live des morceaux.Paul : On a fait les prises à cinq, en direct. Ca donne un côté plus vivant, plus spontané. On savait que cet album allait demander beaucoup de production et que certains morceaux allaient être compliqués au mix. On s'est dit que c'était un gain de temps et l'assurance de garder une base live.
Seb, alors comme ça tu es… anglophone ? Seb : Je chante en anglais mais place parfois des termes, des expressions que j'ai entendues, à la manière de la Jamaïque. Je ne parle pas couramment anglais. Il m'arrive souvent de chercher dans le dico. Je pense les lignes de chant en phonétique. Je cherche des sonorités qui vont bien ensemble puis à partir d'une première phrase je vais développer une idée. Pour construire le texte, je cherche des mots qui sonnent et qui font sens dans l'histoire racontée.
Quel est le message de Livin' Soul ? Seb : Il n'y a pas de véritable fil conducteur. Ce sont des histoires, des situations qui amènent parfois à une petite morale. Mango c'est l'histoire d'une petite mangue dans son arbre qui a l'air trop bonne. Moi je lui demande quand est-ce qu'elle va tomber parce que je n'irai pas la chercher. La moralité c'est ''tout vient à point qui sait attendre''. Quand la mangue tombera, je saurai l'apprécier. Notre répertoire est fait de petites histoires comme celle-ci. Ladies a deux sens : on peut la voir comme une chanson triste qui parle de malchance ou une chanson un peu sexuelle. Back Out est une chanson qui dit : ''mon esprit est mon soldat''. Mais nos chansons ne sont pas à proprement dites engagées. On ne se permet pas de parler de la misère parce qu'on la connaît mal. C'est plutôt un feeling, des états d'âme.
L'album s'achève sur le mot 'Lord'. Y a-t-il un rapport au rastafarisme ? Seb : Je ne connais pas trop la culture rastafarienne. Je respecte totalement car, de ce que j'en ai vu, ils ont une bonne morale, ils savent vivre honnêtement sans se laisser bercer, berner tout en restant rebelles. Je trouve ça bien mais ne suis pas rasta personnellement.
Vous êtes déjà allés en Jamaïque ? Seb : Si c'est pour me faire égorger ?! non… Musicalement, ça peut être très intéressant mais il faut connaître des gens sinon tu finis dans un hangar à écouter du dancehall, et ça, ça ne m'intéresse pas.
Si tu avais le luxe de pouvoir choisir un duo, avec qui le ferais-tu ? Seb : Avec Joseph Hill je pense. J'adore sa voix et ses mélodies. Ou alors un reggae-soul en duo avec Alton Ellis. Si je pouvais croiser Toots ou Yabby You pour un p'tit bœuf dans une cour !
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