INTERVIEW
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Benoit Collin
le mercredi 04 août 2004 - 9 690 vues
Jouissant d’un prestige et d’une grande popularité dans la communauté jamaïcaine, Sanchez est plus qu’un simple chanteur de charme à succès. Distingué à plusieurs reprises pour ses qualités vocales, aussi bien en gospel qu’en reggae, il a sorti près de 30 albums et écumé les scènes internationales. Sanchez est un amateur de reprises soul ou gospel, un style de reggae peu vendeur dans l’hexagone mais qui ne doit pas faire oublier une présence continue dans les dancehalls avec de nombreux hits dont Frenzy le dernier en date.
Il n’était jamais venu en France, jusqu’à cet été où il a fait une série de prestations impressionnantes dans toute l’Europe. C’était donc l’occasion pour Reggaefrance de le rencontrer en toute simplicité et d’en croire vraiment nos oreilles.
Reggaefrance / Bienvenue Sanchez, c’est vraiment un plaisir de te rencontrer à Paris / C’est aussi un plaisir. Pour la première fois… Après avoir été dans le circuit pendant 19 ans, c’est vraiment une bénédiction, crois-moi.
Peux-tu nous rappeler comment tu as commencé à chanter ? J’ai commencé à chanter à l’église. J’ai dirigé jusqu’à trois chœurs différents. Le chœur du dimanche, le chœur des juniors et occasionnellement le chœur des seniors. J’étais donc très actif à l’église.
Quel était le premier morceau que tu aies enregistré ? Ma première chanson c’était Lady in red. C’était pour Redman du label Redman International. Puis Winston Riley (chanteur et producteur du label Techniques) a continué. Après Winston Riley est venu Fattis Burell (label Xterminator). Et après ça j’étais partout, tous les producteurs, tous les promoteurs voulaient bosser avec Sanchez !
D’après ce qu’on peut entendre dans les clashes, tu es toujours lié aux sound systems… Tout le temps ! Déjà parce qu’on doit leur faire des ‘‘ specials ’‘… De toute façon, les sound systems, ce sont les gens qui se produisent sur certaines avenues et dans certains quartiers, et qui font en fait la promotion des artistes. Donc il faut rester très lié aux sounds. Mon premier sound system était Rambo et après… il y en a tellement ! Small Axe par exemple comme me le souffle ma femme ! Des sounds comme Chrystal. En fait j’ai grandi avec ces sounds, ils m’ont accompagnés et j’ai travaillé pour ces sounds. Le sound system c’est l’essence.
Black Kat, c’est mon sound depuis longtemps, Pantha et ses massives… Presque tous les sounds en Jamaïque se doivent de jouer une dubplate de Sanchez. Stone Love, tout le monde connaît ce nom, tout le monde !
As-tu toujours écrit et chanté des chansons d’amour ? Pour être honnête, non. En fait, j’ai commencé comme un artiste de reprises. Je montais sur scène et je chantais la chanson de quelqu’un d’autre, en essayant de la faire le mieux possible. Mais j’avais envie de franchir une autre étape. Et j’ai eu le besoin d’écrire des chansons. C’est ce que j’ai fait et ça a eu un impact. Never dis the man with the handle, I can’t wait, Praise him, Frenzy, j’ai écrit toutes ces chansons.
A propos des reprises, quels étaient les artistes qui t’inspiraient ? A propos des reprises, je parlerais de gens comme Michael Jackson, Sam Cooke, Brook Benton, Nat King Cole. Ils ont ouvert la voie. Mais si tu parles de ‘‘ foundation ’‘, ce sont des artistes comme Bob Marley ou Dennis Brown. Ils ont eux aussi ouvert la voie, pour que nous puissions faire carrière dans le reggae.
Aux Etats-Unis et en Angleterre, tu es considéré comme un grand artiste lover… C’est vrai.
Tu trouves que c’est plus difficile pour un jamaïcain de proposer ce genre de reggae lover au public européen ? Je ne crois pas que ce soit difficile. C’est à toi de le faire du mieux que tu peux. C’est ma première fois ici, et d’après ce que j’ai déjà pu apercevoir, il y a de l’amour et une grande concentration pour la musique. Parce qu’ils prennent toutes les musiques et les aiment parfois plus que nous. Fais-moi confiance, je suis là et j’aime ce que je chante. Je veux juste faire partie de ce mouvement en Europe.
Tu as fait des combinaisons avec d’autres artistes… Oui, avec des artistes comme Bounty Killer, Beenie Man, Flourgon, Lady Saw. Mais maintenant je me suis associé à des artistes comme Diana king, Lexxus, Sean Paul et d’autres qui seront tous présents sur mon nouvel album qui arrive prochainement.
D’ailleurs quels sont tes projets ? Mon nouvel album comme je l’ai dit, qui est déjà prêt. Nous n’avons pas besoin de faire de démarchage : Sanchez tout le monde en veut ! J’attends donc le bon moment. Nous allons laisser un peu de temps encore à ‘No more heartaches’ parce qu’il est encore bon et que je ne veux pas utiliser une chanson pour en tuer une autre. On va prendre son temps et ensuite sortir le nouveau. C’est toujours un plaisir de chaque instant.
Qui produit cet album ? C’est produit par Hans et Jerry de Chronic Records à Miami. Donc je n’ai pas à m’inquiéter.
Est-ce que tu as une chanson favorite, un morceau que tu pourrais par exemple chanter à ta femme ? Bien sûr. Je dirais Never dis the man with the handle. Bien que ce soit un reggae, c’est plus ou moins une chanson chrétienne. C’est une chanson d’élévation comme un gospel, c’est pour ça que je pourrais la chanter à ma femme, car elle est chrétienne. J’essaye de garder mes chansons propres.
As-tu un message à faire passer au public français ? Mon message : d’abord continuez d’aimer le reggae car c’est un vraie culture et c’est tout ce qu’on a encore aujourd’hui. Honnêtement, le reggae c’est ce qui nous maintient ensemble. D’autant plus pour ceux qui gardent ça propre car je suis d’accord : certains d’entre nous essayent de le détourner, sans même réfléchir aux choses qu’ils disent. Mais je pense qu’une majorité d’entre nous essayent de garder la musique propre.
Merci Sanchez Le site officiel de Sanchez : http://www.sanchezmusic.com
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