INTERVIEW
Propos recueillis par : Alexandre Tonus
Photos : Benoit Collin
le dimanche 12 décembre 2004 - 13 676 vues
La star du Fifth Element Crew, c’est lui. Pourtant, dès le premier abord, Richie Spice frappe par son calme et sa discrétion. C’est qu’il a fait du chemin et traversé des épreuves depuis son premier album « Universal », sur la pochette duquel il apparaissait tout sourire et insouciant. Son titre Earth a run red cartonne aux quatre coins du globe, ce qui ne l’empêche pas de garder la tête froide et bien posée sur les épaules. A l’occasion du lancement de sa nouvelle galette sur le marché anglais, nous sommes allés le rencontrer, pour dresser le bilan avec lui. Richie Spice, l’artiste reggae new roots du moment.
Reggaefrance / Richie Spice, merci beaucoup. C’est vraiment un honneur pour moi. Peux-tu commencer par te présenter aux Français, leur dire d’où tu viens et qui tu es ? / Que la France soit bénie par l’amour de dieu. Louanges pour la vie, louanges pour chaque être vivant qui marche ou rampe devant moi. C’est Richie Spice qui vous parle, en provenance directe de Kingston, en Jamaïque. Richie Spice du camp Fifth Element ; nous avons Chuck Fender, Anthony Cruz, Spanner Banner et moi-même, Richie Spice. Je viens juste de produire un nouveau CD, « Spice In Your Life ». Avec lui, vous pourrez introduire Richie Spice dans votre vie. Je viens d’une grande famille musicale, dans laquelle vous avez Pliers, mon plus jeune frère Snatcha, Spanner Banner et moi-même, Richie Spice.
Comme tu viens de nous le dire, tu es issu d’une grande famille musicale. Tu es certainement le plus culturel et le plus singjay de la famille ; comment as-tu choisi ce style ? Toute ma carrière a été inspirée par le reggae, venant tout droit de sa majesté, dieu le tout puissant. En naissant dans cette famille, avec ces liens de sang, c’est comme s’il s’était manifesté en moi. J’ai eu la chance de pouvoir m’adresser au monde et j’ai toujours essayé de faire ça de façon positive. Quand j’écris une chanson, je me dis que ça doit être quelque chose qui élève spirituellement, quelque chose pour élever les jeunes générations. Je me tourne toujours vers les jeunes générations, car dans quelques paires d’années, ce sont eux qui dirigeront le monde. Je n’aimerais pas que dans quelques paires d’années, la musique que je fais guide les jeunes vers la destruction. Dans 10 ans, elle est sensée les avoir guidés vers la vertu ; ce qui signifie qu’elle les élève spirituellement et que le monde entier se dirige vers un niveau plus sérieux.
Est-ce que tu peux nous parler de ton premier single, Killing a sound, pour Dennis Hayes ? Un jour, Spanner m’a emmené en studio, à Tuff Gong. J’ai rencontré Dennis « Star » et j’ai enregistré cette chanson le jour même. Ce n’était pas vraiment le début pour moi, mais c’était mon premier enregistrement, quand j’ai commencé à comprendre que mon truc pouvait plaire. Depuis, je ne me suis jamais arrêté, j’ai continué jusqu’à maintenant.
Tu as aussi un premier album qui est sorti, « Universal ». C’était pour Heartbeat. J’ai lu que tu avais travaillé avec ta sœur pour produire cet album ; ça veut dire que ta sœur aussi est dans le business de la musique ? Toute la famille travaille dans la musique ? Oui, « Universal », pour Heartbeat Records. Cette sœur qui a travaillé sur l’album, quand l’album est sorti, cette soeur est morte. C’était la seule de mes sœurs qui jouait un rôle dans la musique, mais après l’album, elle est morte, donc… Mais c’est vrai qu’il ne s’agît presque que de musique dans la famille ; j’ai un autre frère, qui s’appelle Mykal Banner, qui écrit. Toute notre vie est dédiée à la musique.
Peux-tu me parler du phénomène Earth a run red ? Car cette chanson apparaissait déjà sur « Universal », c’est un peu une ancienne chanson, mais son succès est très récent ; comment pourrais-tu expliquer ça ? Quand je fais mon travail, je ne le fais pas à courts termes, je le fais pour que ça dure. J’écris simplement des mots justes et vertueux, au sens inspirant. Cette chanson est spirituelle, elle touche spirituellement. Cette chanson, je l’ai sortie pour les jeunes.
Ne crois-tu pas aussi qu’une des raisons pour laquelle la chanson marche bien en ce moment, c’est parce que la terre va encore plus mal que quand tu l’avais écrite ? Oui. Quand j’écris des chansons, il m’arrive parfois de prédire des choses. Certaines sont un peu visionnaires.
Et c’est donc pour cela que la chanson paraît aussi sur ton nouvel album, « Spice In Your Life » ? Cette chanson n’a pas eu la justice qu’elle méritait, la reconnaissance. Et puis, c’est aujourd’hui que les gens réclament cette chanson. C’est donc pour lui rendre la justice qu’elle mérite qu’elle est sur le nouvel album.
Peux-tu maintenant nous parler du Fifth Element ? Comment les as-tu rejoins ? Où as-tu rencontré Chuck Fender et Anthony Cruz ? J’ai rencontré Chuck Fender quand j’étais à Miami. Il m’a parlé de son projet et ça m’a intéressé, car à l’époque, je travaillais surtout tout seul et j’ai pensé que ce serait bon de me faire manager. Quand je suis rentré en Jamaïque, ma décision était prise et je les ai donc rejoints.
Est-ce que tu participes à la création des riddims du label ? Parce que sur des instrus comme le I swear, on a l’impression que le riddim est fait pour toi… Non, je ne participe pas aux riddims. Mais à chaque fois, j’essaye de faire des chansons qui collent bien à l’instru, afin de plaire aux gens, afin qu’elles leur parlent spirituellement.
On peut distinguer deux facettes dans ton style ; tu parais aussi à l’aise pour faire des chansons culturelles que des chansons d’amour pour les filles. As-tu une préférence pour l’un ou l’autre style ? Non, ce sont deux facettes qui vont dans le même sens. Quand je chante pour les filles, sur des chansons comme That ghetto girl, je ne leur manque pas de respect, je chante aussi pour les élever spirituellement. Je ne fais pas ce qu’on peut appeler des «gal tunes», je n’ai jamais de lyrics incorrects envers les filles.
Pour finir, quels sont tes projets ? Te verrons-nous en France bientôt ? Tu étais programmé cet été, mais on ne t’a jamais vu ; As-tu des détails à donner sur ça ? Oui, je voulais dire aux gens de France que je suis désolé pour ça. Ce n’est pas ma faute. Les organisateurs se sont mal arrangés en ce qui concerne les visas et je n’ai pas pu quitter la Jamaïque. Je suis vraiment désolé. J’espère qu’on pourra remettre ça très vite. Si vous voulez vous familiariser avec Richie Spice, achetez l’album, » Spice In Your Life », vous en saurez plus. Restez à l’écoute du Fifth Element. Respectez votre prochain et allez dans l’amour du tout puissant.
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