INTERVIEW
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Ben
le dimanche 05 décembre 2004 - 10 590 vues
Originaire de Clarendon, Glen Washington est l’auteur d’un premier hit en 1978. Mais c’est finalement aux Etats-Unis vers la fin des années 90, que sa voix se fera entendre avec le plus de force. Devenu une valeur sure auprès des amateurs de « lover », le chanteur qui fut également un très bon batteur (il a notamment joué pour Stevie Wonder) nous reçoit à New York dans les bureaux de VP à l’occasion de la sortie de son nouvel album.
Reggaefrance / Bonjour et merci de répondre à nos questions. On va parler d’abord de tes débuts dans la musique… / Greetings, nice to be here too. Give thanks for the blessings. J’ai commencé la musique tôt, à l’age de 7 ans. Et au début, c’était juste pour le fun, juste pour le plaisir d’être dans le business, d’enregistrer une chanson et de l’entendre ensuite à la radio. Mais ça s’est intensifié au fil des années, c’est devenu sérieux pour moi, sérieux au point que j’en ai perdu ma famille…Mais je ne regrette rien.
Quelles étaient tes influences quand tu as commencé ? D’abord, ma vibe et mes influences me viennent du Tout-puissant, du Créateur. Ensuite musicalement, j’écoutais beaucoup la radio à cette époque et c’était Otis Redding, Sam Cooke. Puis après est venu Stevie Wonder, Luther Vandross, Jeffrey Osbourne. C’étaient des artistes que j’essayais d’imiter, je m’entraînais à chanter leurs chansons. Et encore aujourd’hui ce sont mes favoris, des artistes qui m’ont fortement influencés…
Quel était ton premier enregistrement ? Ma première expérience discographique professionnelle date de 1973, tu n’étais probablement pas encore né…Donc en 1973, j’ai écrit une chanson pour un concours de chant et de danse qui se déroulait dans ma paroisse en Jamaïque. J’ai donc concouru avec une chanson qui s’appelait Suzie, je l’avais écrite en référence à ma copine. J’ai eu la chance de gagner à toutes les étapes : de la première élimination jusqu’à la finale. Et une partie de la récompense c’était de pouvoir enregistrer sa chanson en studio avec un groupe qui s’appelait « Names and faces band ». Et depuis ce jour je n’ai jamais arrêté. Mon premier hit, c’était une chanson que j’avais enregistré en 1976 pour Joe Gibbs, « Rockers no crackers », qui est sortie en 1979.
Comment tu t’es retrouvé a enregistré sur les riddims vintage de Studio One ? Oh, c’est une histoire marrante. Je connaissais un frère, Tony Screw qui a un sound qui s’appelle Downbeat. Il aimait bien ma voix et il voulait que j’enregistre pour lui. Mais lui il est spécialisé dans le son Studio One, il voulait donc que j’aille là-bas pour enregistrer ses dubs. Je suis donc venu au studio, celui qui était ici à New York sur Fulton Street. C’était donc pour moi une occasion de rencontrer Clement Dodd, qui est le Parrain du reggae. Il m’a entendu enregistrer des dubplates et il a voulu me parler. J’étais surpris ! Il m’a dit : « Jackson (il appelait tout le monde Jackson, tu sais) j’aime bien tes chansons et je voudrais que tu enregistres sur mes riddims » Moi, je lui ai répondu : « Monsieur Dodd, je chante sur des riddims Studio One depuis que je me connais, c’es comme ça que je me suis entraîné ! » Il était ok et on a conclu un accord. Je venais enregistrer deux ou trois chansons chaque soir, et quand il y en a eu assez il m’a dit : « Jackson, il faut qu’on fasse un album avec ça ». On a compilé les chansons et j’ai appelé l’album « Brother to brother » et cet album est un hit, ça m’a lancé. A New York, à cette époque, j’ai rencontré un très bon ami, Lloyd Campbell et c’est comme ça que je me suis retrouvé chez VP. J’avais enregistré une chanson pour Lloyd Campbell quand j’avais 16 ans, la chanson « Tighten up » que tu retrouves maintenant sur mon nouvel album, je l’ai réenregistré pour cet album. Pour VP, on a enregistré l’album « Get next to me », et ça a bien marché.
C’est une étape essentielle pour un chanteur de reggae d’enregistrer pour Studio One. Quelle est la place de cet événement dans l’ensemble de ta carrière ? Je dirais que c’est très grand honneur d’enregistrer pour Studio One, et ça m’a permis ensuite de travailler avec VP. Je pense que j’ai été vraiment béni.
Tu as un nouvel album qui va sortir. Est-ce que tu pourrais nous en parler ? J’ai un nouvel album qui vient de sortir. Il s’appelle « Wanna be loved » et sort sur le label VP records en collaboration avec le label de Joe Frasier. Tu as des hits comme « Viper », car certaines chansons sont déjà des hits là où je vis. « Wanna be loved » c’est ce qui a donné le titre à l’album, « Roller coaster » qui est déjà connue depuis un moment, « Best friends », « Ginger bay ». Pratiquement toutes les chansons sur cet album ont le potentiel pour être des singles. Et j’en suis vraiment enchanté parce que c’est une production collaborative entre Lloyd Campbell, Jason Sterling et moi.
On a pu te voir en France il y a deux ans lors d’un festival. C’était la première fois que tu venais en France ? C’était la première fois que je me produisais en France. J’ai joué avec des artistes comme Max Romeo ou Ijahman Levy, des gens que je n’avais pas vu depuis des années ! Et j’ai remarqué que certains artistes, même si on ne les voit plus, continuent de travailler dans d’autres parties du monde.
Peux-tu nous parler de ton projet de tournée en France ? Ce n’est encore qu’un projet, ce n’est pas fait. J’essaye de préparer une tournée avec quelqu’un comme Alton Ellis, Leroy Brown et moi. On devrait être là prochainement, on prévoit de faire la France, l’Allemagne et l’Angleterre.
Quels sont tes futurs projets à part ça ? Bien sûr je vais continuer à faire de la musique pour les gens, et j’aimerais aussi commencer à produire des jeunes artistes qui voudraient se lancer. Mon conseil pour les jeunes artistes, ceux qui écrivent, ceux qui chantent : si tu chantes, travaille pour atteindre le meilleur de tes capacités et si tu écris, tu dois connaître tous les aspects du business, c’est-à-dire, l’édition, le copyright, tout ça. Parce que c’est au dernier moment que tu te rends compte que c’est important.
Merci beaucoup Glen Washington.
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