INTERVIEW :
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Benoit COLLIN
le lundi 27 septembre 2004 - 17 845 vues
Rencontré en avril dernier, Straïka nous annonçait la sortie imminente de son premier album. Attendu par tous, l’album "Free DOM" est sorti cet été mais n’est disponible pour l’instant qu'aux Antilles. Qu’à cela ne tienne, Reggaefrance met cette semaine en avant ce jeune chanteur qui n’a pourtant plus de preuves à faire.
Reggaefrance / Peux-tu nous parler de tes débuts dans la musique et dans le reggae en particulier ? / On peut dire qu’à partir de l’âge de huit ans, je suis rentré dans le monde de la musique, en tant qu’animateur radio. Au fur et à mesure, vers l’âge de 11 ans et à force d’entendre de bons riddims, j’ai commencé à me poser dessus. En 1993, j’ai eu ma première expérience discographique, qui a été le "Ragga Sun Hit n° 1". C’est Guy’al Mc du groupe Métal Sound qui m’avait remarqué. Je travaillais un peu chez lui et il m’a invité à poser sur la compilation. C’est à partir de là, de ces premiers titres, que j’ai commencé à enchaîner jusque-là maintenant.
Quel était ton premier titre ? En fait c’était deux titres sur cette même compilation. Le premier en combinaison avec Guy’al Mc, s’appelait Dj matinik, le second c’est Fanm sé bagay ki ruff. Et j’ai fait également sur la compile les cœurs sur un morceaux qui s’appelle Trop de maquerelles qui a été un véritable hit en Martinique.
A cette époque, quelles étaient tes influences au niveau jamaïcain, français ? Au niveau jamaïcain, bien sûr, c’était Shabba, Sanchez, Wayne Wonder et Buju Banton. En fait, c’était tout ce que je pouvais écouter, tout ce qui m’était accessible. Quand j’ai commencé, j’étais plus ragga que reggae. Bien sûr, j’écoutais beaucoup de Marley, Peter Tosh, Jacob Miller... Mais je n’étais pas vraiment orienté là-dessus, j’étais plus sur des riddims vraiment hardcore au départ. Ce qui m’a amené au reggae, ce sont toutes les séries de New Roots, qui m’ont donné envie de voir ce qu’il y avait avant et qui m’ont posé un peu. Maintenant, je suis plus reggae que hardcore.
Tu n’es pas seulement chanteur, tu es aussi impliqué dans les sound systems… Comme j’étais animateur radio à la base, depuis tout petit, j’aime passer des disques et animer des danses. Au départ, c’est sûr que ce n’était pas du reggae. Mais au fur et à mesure, comme je commençais à toaster, j’ai commencé à ne passer que ça. J’aime passer la musique, je faisais partie d’un sound system en Martinique, appelé Indika, qui a été fondé par Guy’al Mc et Skanky de Métal Sound. Ensuite, j’ai monté mon propre sound system qui s’appelle Killing Zone. On a migré ensuite à Bordeaux où on a fait plusieurs dates. On a tourné pendant deux ans à temps plein ; là, on fait une petite pause.
J’ai toujours évolué dans le milieu des sound systems. Pour moi, quand un album de reggae sort, le premier endroit de promotion devrait être le sound system. A la base, c'était comme ça en Jamaïque. Si je sors un nouveau disque, je l’emmène le soir-même en sound, le selector peut le passer. C’est cette relation-là que j’ai avec le sound system. C’est l’endroit où tous les Dj peuvent s’exprimer. On passe le reggae dancehall dans un autre esprit que dans les soirées dancehall qu’on retrouve maintenant : on va entendre beaucoup plus de foundations, de son reggae, de roots, alors que quand on va aller au dancehall, ça sera la même musique mais jouée dans un autre esprit. C’est ce qui fait que j’affectionne particulièrement les sound systems.
Par rapport aux dubplates, est-ce que c’est important pour toi d’en faire ? Oui, parce que c’est un moyen de promotion. Parce que la production de 45 tours n’est pas encore établie en France. C’est maintenant qu’on commence à avoir des séries françaises régulièrement. Les dubplates, c’est un tremplin pour les jeunes artistes de se faire connaître. Si on n'a pas de 45 tours pour que les selecteurs les jouent dans les sounds, il reste le dubplate pour faire se connaître. Bon après le dubplate est utilisé à bon ou à mauvais escient, ça c’est autre chose. Mais je pense que c’est bien, pour les DJ, pour les selecters, les dubplates ça fait avancer le mouvement.
Peux tu nous parler de ton album ? Mon album est terminé. La semaine prochaine il va être dealé. Ca va sortir d’ici fin mai. C’est un album à tendance plutôt reggae. Pour le hardcore, il faudra attendre encore un petit peu. J’ai choisi le reggae par rapport au message que je voulais présenter pour le premier album. Je parle beaucoup de love, d’amour, je pense que pour que les gens puissent entendre le message, rien de tel qu'une petite musique douce comme le reggae... De toute façon, reggae music lib ! C’est nou sa qu’on travaille matin, midi et soir en studio. Le dancehall est issu du reggae et du roots, donc on va commencer par le commencement.
En dehors de cet album, quelle est ton actualité ? J'ai fait plusieurs apparitions sur diverses compilations. Comme je suis assez productif, j’essaye de me poser sur un maximum de riddims, car je pense qu’au fur et à mesure, en France comme aux Antilles, il y a beaucoup de nouveaux programmeurs, qui font de bon riddims, ça progresse et moi j’aime bien donner la force à de jeunes programmeurs, poser sur le riddim, pour essayer de faire un bon travail. Les compils, il y a le riddim Axxia, Grovin Attitude. DJ Wilson qui va bientôt sortir une compil sur laquelle j’ai posé une combinaison avec Supa Lee. Dernièrement, j’ai réalisé aussi une combinaison avec Suga Minott, je peux pas te dire quand ça va sortir mais au moins, c’est déjà en boite. Tu vois, j’enregistre assez souvent. Mais je ne peux pas te dire ce qui va sortir et ce qui est déjà sorti ! Parfois, j’ai posé sur des compils et on m’a même pas donné de cd. Moi c’est faire du son, produire le maximum de bons sons, de bonnes vibes pour tout le monde et faire jouer reggae music à la radio…
Merci Straïka… Yes I c’est toi que je remercie et big up à tout le monde. Je passe un message, un mot de la fin pour tout le monde :
« Sans l’amour nos vies n’ont plus de sens.
Voir les gens s’aimer, c’est notre seule récompense
Fait le message passer, moques-toi de ce que les gens pensent.
Trop occupés à brasser de l’argent et à se remplir la panse »
Straika D di yo sa !
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