INTERVIEW
Propos recueillis par : Sébastien Jobart
Photos : Karl Joseph
le lundi 08 mars 2004 - 9 383 vues
Deejay aux paroles conscious, Louie Culture côtoie depuis plus de vingt-cinq ans les plus grands noms du reggae et du dancehall, de King Tubby à Fattis Burrell en passant par Bobby Digital et Luciano. Fidèle au roots & culture depuis ses débuts, Louie Culture croit en sa longévité et défend une carrière intègre.
A l’occasion de sa tournée avec Freddie McGregor, Reggaefrance l’a rencontré lors de son premier passage en France, à l’issue d’une prestation très convaincante sur la scène de l’Elysée Montmartre.
Reggaefrance / Ce soir était votre premier concert à Paris. Ca vous a plu ? / J’ai adoré. Les parisiens… natural vibes ! yeah man !
Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans la musique ? Le moment où j’ai commencé… C’était très tôt. A l’église, ou en allant à l’école, avec des amis on tapait sur des tambours, on chantait, depuis tout petits. Mais j’ai enregistré pour la première fois en 1986, pour le grand King Tubby. C’était mon entrée dans la musique.
C’était une combinaison… Oui, avec Wayne Ranks. Le morceau s’appelait Rat A Bodda We. Ce fut un succès, sur le marché local. Les gens venaient nous voir et disaient « Oui ! je l’ai entendu à la radio ! » C’était sympa.
Mais Wayne Ranks est ensuite parti aux USA… Oui, il est d’abord allé au Royaume-Uni, puis il est rentré, et m’a dit que c’était fini, qu’il partait aux USA. Il m’a laissé un peu en plan.
Et que s’est-il passé ? Quand j’ai cherché des producteurs, ils me disaient : « Où est Wayne ? » Il nous voulaient tous les deux, pas seulement un. J’ai du m’accrocher. Puis j’ai rencontré un chanteur appelé Positive. Il chantait et je faisais le deejay. Et lui aussi est parti aux Etats-Unis ! Alors je me suis dit : plus de combinaisons ! Je dois dépendre de moi-même. Alors j’ai continué à chercher des producteurs. Je suis allé à New Name, Chester Brown. Puis, en 1989-1990, à Silverhawk. Un sound system jouait sur Wellman Street. J’y suis allé, j’ai pris le micro et j’ai chanté. Et Colin Fat m’a dit qu’il voulait me produire. On a fait des morceaux comme Stand Tall, Search… Je suis devenu populaire dans le dancehall. Et puis j’ai bossé avec Dave Kelly, à Mad House. J’ai rencontré Terror Fabulous qui m’a dit : « Va à Mad House ! » On a fait des chansons comme Excellent, Live & Learn avec Wayne Wonder, Bogus Badge, Revolution Song, toutes ces chansons.
D’où vient votre nom ? Mon vrai nom est Lewin Brown, mais on m’appelle Louie depuis que je suis bébé. Le nom « Culture » vient d’un deejay, Bobby Culture. Je l’écoutais beaucoup, ainsi que Brigadier Jerry. Alors je suis devenu Louie Culture.
Et quels sont les artistes qui vous ont inspiré ? Plein d’artistes : Dennis Brown, Beres Hammond, Freddie McGregor. Je fais la tournée avec lui, mais quand j’étais petit, j’écoutais les chansons de Freddie McGregor. Ces gens m’ont vraiment influencé. Tous les styles de musique et toutes sortes de gens m’ont influencé, car j’écoute toutes les musiques.
Comment avez-vous rencontré Freddie McGregor et décidé de faire une tournée ensemble ? J’ai rencontré Freddie il y a 25 ans. Nous sommes frères, il est comme un père pour moi. On se connaît depuis longtemps. J’étais content qu’on fasse la tournée ensemble.
Pensez-vous qu’il est plus difficile d’avoir du succès avec des paroles « conscious » ? Le sexe se vend très bien, comme la guerre et la violence. Ces choses-là sont plus à la mode, mais, sincèrement, le roots & culture & consciousness se vend toujours. Je ne parle pas d’un énorme succès ponctuel, mais sur le long terme. Car les jeunes en ont marre des flingues et du slackness. Ils veulent du roots & culture, donc ils en achèteront. Les guns et le slackness ne disparaîtront pas demain. Mais sur le long terme… le roots & culture est la real thing, il perdurera.
Comment avez-vous rencontré Fattis et travaillé pour Exterminator? En Jamaïque, on va de studios en studios. Je connaissais Fattis depuis longtemps, mais je n’ai enregistré pour lui qu’au début des années 90. Luciano est un ami depuis New Name, qu’on a chantée ensemble avec Mickey Spice dans les années 80. On se connaît depuis longtemps. Un jour, il m’a amené à Exterminator. Fattis nous a proposé de chanter un morceau ensemble. J’étais avec Terror Fabulous. Ils ont lancé le riddim, et on a chanté In This Thing Together. Fattis a adoré.
Vous avez des projets avec Fattis ? Yeah man, Fattis est un bon producteur, et Exterminator un bon label. Je ne sais pas quand, mais ça arrivera.
D’autres projets ? Mon album sort le 1er mars. Il est produit par Reggae Central, basé à Jacksonville, en Floride. Avec Justice & the movements, des breddrin, on s’est réuni et on a produit cet album, qui mêle plusieurs genres de musique : hip-hop, deejaying, un titre de rumba-mento, deux de dancehall. Le reste est roots & culture. L’album s’appelle "The Uprising". Tout le monde sait que ça fait longtemps que Louie Culture n’a pas sorti d’album. C’est pour ça qu’on l’a appelé "The Uprising". C’est le retour.
Comme l’album de Bob Marley… (Rires) Oh oui c’est vrai ! Mais lui c’était juste "Uprising". Moi, c’est "The Uprising" !
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