INTERVIEW

Propos recueillis par : Maxime Nordez & Cecile Photos : Karl Joseph le samedi 15 mai 2004 - 11 062 vues  Imprimer        Réactions  (0)    De son vrai nom, Everton Dennis William, il a commencé à chanter en 1979. Everton Blender est l’un des rares chanteurs mêlant aussi habilement dancehall et roots. Avec quatre albums à son actif plus un live, il est expérimenté, s’exprimant aussi bien en studio qu’en dancehall. Des tunes comme Lift up your head, Piece of the blender ou encore son dernier album “King Man” ont installé sa douce voix comme une valeur sûre du reggae dancehall conscious. Nous l'avons rencontré à l'occasion du Marley Heritage Festival. Reggaefrance / Tout d’abord c’est un plaisir d’être avec toi aujourd’hui… / C'est un plaisir pour moi d'être ici… Aujourd’hui est un événement en l’hommage de Bob Marley, que penses-tu de cette idée d’avoir rassemblé différents groupes de provenances diverses, d’Europe, de Jamaïque ? C’est une bonne idée, c’est toujours bon pour nous les artistes, parce qu’à la fois on peut donner aux gens quelque chose de vrai et en même temps on peut vivre, manger et avoir tout ce que l’on désire par la musique ! Il faut prendre soin de cela et quand je vois ces gens faire de leur mieux pour être actifs…c’est vraiment bien pour nous comme ça l’a été pour Bob Marley. C’était un bon chanteur, c’est dur de l’oublier parce que ses chansons sont Iivity et combat…il n’est plus là mais ses chansons sont avec nous…& we give thanks… Comment places-tu Bob Marley dans ta propre carrière ? A dire vrai, Bob Marley ou n’importe qui d’autre est une entité et chacun en est une, tu vois ce que je veux dire ? Donc Everton Blender est juste Everton Blender. J’essaye de répandre cet esprit comme Bob Marley l’a fait en son temps. Ce n’est pas Bob Marley seul qui a répandu cet esprit mais d’autres bredren y ont aussi participé…Chaque fois qu’un prophète vient et s’expose au peuple, cela engendre de nombreux autres prophètes. Nous remercions Bob Marley pour ce qu’il est et parce qu’il a fait ce qu’il devait faire… Te produis-tu en sound system ? Parfois, je chante en sound system mais je n’aime pas vraiment ça. Je le fais pour des breddren dans des dancehall, pour animer…nice it up !…mais en Jamaïque on ne peut pas toujours se permettre d’avoir un groupe donc il me demande juste de chanter des tracks pour faire bouger. Mais je n’aime pas chanter en sound system, j’aime chanter avec un groupe, ça te donne plus de vibes ! Peux-tu nous parler de l’écriture de « Ghetto People Song » ? Is a lot a fuss…..tu as un jeune Mikey, nous étions tous around turnable place ??? on a trouvé une petite partie comme celle qui fait « know who you give to, just make it chikkle… » puis j’ai trouvé un couplet puis Explosion en trouva un ????C’est une chose qui s’est vraiment faite ensemble dans ces années dans le ghetto…c’est une bénédiction pour moi d’avoir pu trouver des lyrics pour le peuple, la classe la plus pauvre. Tu as des gens qui ne vivent pas dans le bien-être…certains sont en bonne santé mais ne sont pas dans le bien-être (Wellthy et Healthy… )… Tu dois te mettre des priorités et savoir où tu vas. Savoir si tu vas privilégier l’argent ou la santé. T’occuper d’argent et non de Wis-Wise, les gens disent Wisdom mais I-Man préfère dire Wis-Wise, pour faire comprendre que c’est quelque chose qui te dépasse mais vers lequel tu peux aller, c’est pourquoi je recommande Wis-Wise pour que les gens comprennent…Je vois les choses avant qu’elles n’arrivent. Je vois les choses avant d’y aller, donc s’y je ne ressens pas la vibe, je n’y vais pas. Peux-tu nous raconter ton histoire avec Star Trail ? Je ne suis plus chez Star Trail, mais j’ai enregistré un tune « rougher » pour lui récemment. Sur le même riddim, un truc avec Sizzla, Anthony B et plein d’autres artistes…tu connais mes cuts ? Oui. Arrêtons de parler de Star Trail…“Blend Dem in explora !” Tu choisis d’écrire des lyrics conscious, comment trouves-tu ton inspiration ? Parfois, je m’arrête pour regarder le monde. Nous vivons en alerte rouge avec toutes ces bombes, le nucléaire, le pouvoir nucléaire…un monde fait de destruction. J’apprécie quand les gens rentrent du boulot et entendent mes chansons et que celles-ci leur permettent de tenir le coup et d’affronter le lendemain ! Parfois, quand tu rentres du boulot, tu te sens stressé. Payer le loyer, les factures, la scolarité, acheter des livres scolaires pour les enfants, les transports…et parfois ça te prend la tête et tu as envie de fuir…comme tu peux avoir envie de te tuer ! Mais en réfléchissant tu sais que tu ne peux pas le faire, tu ne dois pas te laisser décourager par les ennuis (…) donc si tu vas au lit détendu et l’esprit reposé, tu te sentiras à ton lever en possession d’une force nouvelle. Les lyrics conscious sont faits pour éduquer et maintenir l’intelligence des gens à un certain niveau. Ces 25 dernières années, j’ai répandu et capté les positive vibrations ! J’essaye de préserver la beauté naturelle de la Terre, comme le vent qui souffle, les arbres, les fleurs, l’herbe….parce que c’est de ces choses que tu peux puiser l’air frais. Et c’est en ça que je préserve la Nature. Certains n’essayent même pas de protéger Mama Nature et se contentent de la détruire. La femme représente la Terre et la Terre représente la femme. Il faut faire attention aux vibrations autour de nous ! Je dois chanter de bonnes chansons… Parfois, je vais dans les rochers, le long de la rivière, de la mer et des idées me viennent. Je le dois au pouvoir de Sa Majesté qui sait me montrer un monde propre. Que penses-tu des dj’s jamaïcains du dancehall qui font passer moins de messages dans leur musique ? Certains en font passer moins mais je vais te dire la vérité, chaque homme a sa propre livity… Quand tu vas tous les jours au bureau et que tu fais des trucs que personnellement je ne connais pas, tu peux avoir envie de ces trucs, les gens écoutent et en redemandent. Ces chansons causent des problèmes de pulsation cardiaque. Certaines personnes ne peuvent pas supporter des riddims trop hardcore. Nos chansons font, quelque part, se confesser les gens. Ce ne sont pas les chansons de quelqu’un qui vient sur le dancehall comme un wicked man, mais de quelqu’un qui vient pour rigoler et danser. Certains ne peuvent supporter les Bling-Bling Things, mais tu vois…Jamaica Nice ! Et les lyrics se discutent mais chacun à les siens et tout le monde est content de ce qu’il a… Dirais-tu quelque part que tu fais de la musique pour ton bien ? Je ne dirai pas que je fais de la musique pour moi-même mais pour ma santé et celle des autres. Je ne chante pas les chansons que les gens veulent mais celles dont les gens ont besoin ! Comme la médecine… C’est une thérapie ? Oui, c’est pourquoi je ne chanterai pas de love songs. Il faut que mes chansons soient actives et restent. Bob Marley l’a fait et on continuera à jouer ses morceaux encore longtemps. Nos chansons, tu peux les jouer quand tu veux ! Tu dois chanter de bonnes chansons qui peuvent rester… Tu chanterais quelque chose pour notre santé ? Yes, man ! Il entonne “Hail the king” a capella. Tu aimes être en France ? Oui, j’aime bien mais parfois je vois les gens parler et il y en a tellement qui veulent me rencontrer… Parfois je crois que je vais devenir fou ! Parfois j’ai besoin d’aide et je me retrouve seul à chercher des Biddies ou de la soupe, et ils me regardent sans comprendre ! Il n’y a pas de soupe ici… C’est pas ça, c’est qu’ils ne comprennent pas ce que je leur dis ! C’est pas comme toi qui peut parler anglais et aussi… leur langue ! Ici, beaucoup de français parlent anglais mais ne veulent pas par paresse ! OK…Ce matin, par exemple, j’étais à l’hôtel et j’ai demandé à une femme où je pouvais trouver un bureau de change et je n’ai pas réussi à lui faire comprendre…mais si je suis ici et que j’ai quelqu’un avec moi qui parle anglais, je suis cool ! Par contre, tout seul je me retrouverai perdu, je me dirai « Qu’est-ce que je vais devenir maintenant, y’a plus personne pour m’aider ! » (rires) Mais ici, c’est vraiment bien ! Ce n’est pas ta première fois en France ? Non, je suis déjà venu trois fois, notamment avec Frankie Paul et Prezident Brown. As-tu entendu parler, en Jamaïque, du championnat de sound system français ? Non, on m’a parlé de sounds français mais c’est quoi ? Une compétition ? Oui, c’est trois mois de compétition départageant 14 sounds systems… Donc, un jour vous pourrez rencontrer nos champions en Jamaïque ? (S'adressant à Cécile) Tu joues en sound ? Non, j’ai juste filmé le championnat… Ah d’accord, c’est bien qu’une fille ait un sound. Tu verras, après tu deviendras plus « ruff » ! (rires) Donc, prenez soin de vous de tous, blessings.  Imprimer       Réactions (0)

RÉACTIONS

Aucune réaction n'a encore été déposée