INTERVIEW
Propos recueillis par : Alexandre Tonus
Photos : Karl Joseph
le vendredi 30 avril 2004 - 13 595 vues
Venu pour faire la promotion de son dernier album, “Never Give Up”, Jah Mason était à Paris récemment, au côté de Turbulence et Junior Kelly. Juste avant son concert, nous avons pu échanger quelques mots avec ce chanteur ambitieux, qui a fait beaucoup de chemin et qui n’a pas assez souvent la reconnaissance qu’il mérite. L’équipe de Reggaefrance vous fait part de cette interview pleine de spiritualité et de bonnes vibrations.
Reggaefrance / Depuis la dernière fois qu’on s’est rencontré, tu as sorti plusieurs albums. En fait, j’en ai relevé un par an. En premier, “Working So Hard”, en 2001… / Non, ce n’était pas le premier. “Keep Your Joy” était le premier, ensuite “Working So Hard”. Ouais, “Keep Your Joy”, “Working So Hard”, “Unlimited” et ?
“Never Give Up”… Exact ! Tu y es. Puis, dans une dizaine de jours, on va en sortir un, pour Jah Warrior, mais pas de commentaire là-dessus pour l’instant. On parlera de ça plus tard…
Ton album “Never Give Up” est produit par Kariang et un musicien israélien, qui s’appelle Danny Piloni ? Ouais ! Piloni, un musicien israélien, membre de Shabak, le groupe qui s’appelle Shabak.
Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta collaboration avec lui ? Je croyais que les rapports entre Yardies et Israéliens étaient plutôt difficiles ? Non man, tout est nickel, man, et je suis même allé en Israël faire des concerts.
Et c’était nickel ? Ouais, c’était super !
D’un autre côté, tu apparais moins souvent sur des riddims dancehall, je veux dire, des riddims dancehall hardcore ? Quoi ? Ces trucs électroniques ? Pour être honnête, ce n’est pas vraiment que j’apparais moins, mais il y a une politique dans la musique. J’ai posé sur des riddims sur lesquels tu ne penses pas que je suis. Parfois, toutes ces choses sortent, tous ces disques sortent, mais qui est derrière ça ? Qui le commercialise ? Qui ? Donc, parfois, c’est pour ça que nous devons faire les choses par nous-mêmes.
Et qu’est-ce que tu penses de ce genre de «politique» et de l’ambiance générale dans le dancehall ? C’est juste du dancehall. Peu importe le riddim, que ce soit du dancehall, du funk… Comment ils appellent ça ici ?
De la techno… De la techno ! S’il y a un message et que c’est positif, alors c’est tout bon. Je ne suis pas responsable, si tu veux être dans le vent et que c’est positif, c’est bien ! Donc, je n’ai pas été sur beaucoup de riddims dancehall hardcore… Je n’ai rien perdu. J’ai plutôt gagné, car quand je me pose sur quelque chose de plus lent, les gens prennent le temps d’écouter. C’est plus du genre 1, 2…comme les battements du coeur. Oui, dis-toi que les battements de cœur, c’est ce qu’il y a de mieux, même pour trouver la force, car nous avons besoin que les gens comprennent. Nous en avons besoin, car même quelqu’un qui chante un message qui n’est pas positif, les gens l’entendent quand même et l’assimilent. Mais qui a besoin d’assimiler ça ?
Vis-tu toujours à David House ? Je vis partout, man. Je vis en France en ce moment. Dans tous les endroits où je vais, je vis, je les considère comme mes maisons.David House, ma maison, la maison de ma mère, tant de maisons, je suis le constructeur, je suis le maçon ! Pas ce genre de maçon, le maçon de Jah, le constructeur de la vertu. J’ai un grand nombre de maisons.
Es-tu toujours en contact avec Capleton ? J’ai entendu que tu avais fait un duo avec lui ? Ouais man ! Depuis longtemps… Tous les jours, à chaque fois qu’on allait en studio, on se réunissait, à chaque fois ! C’est comme si j’avais fait une école et que j’avais eu mon diplôme. Je suis à mon compte maintenant, je n’ai plus à travailler dans un groupe.
Et continues-tu à travailler avec des gens comme Junior Reid ou Tony Rebel ? S’ils en ont besoin, mais comme je te l’ai dit, je suis mon propre chemin maintenant, je fais mon propre travail. Donc, s’il y a du travail et qu’ils ont besoin d’aide, on reste positif, on reste connecté et on reste vrai. Donc, le message passera toujours, tu n’y verras pas de changement, ce sera toujours le même, mais en mieux.
Dans beaucoup de chansons, tu parles de Justice, tu sembles te sentir vraiment concerné par le sujet ? Oui, car je n’ai pas vu beaucoup de justice au fil du temps. Mais qui ça intéresse ? Il faut que le message passe… Donc on parle d’unité et de solidarité… On a besoin de plus de ça dans les chansons, car je sais que tu entends beaucoup de chansons sans justice ou unité, pas vrai ?
C’est vrai. Qu’en est-il de Jah Cure ? Quelle est sa situation actuelle ? Il devrait avoir droit à sa liberté ! C’est tout. Jah Cure est prêt pour le monde depuis qu’il est né. Quand il sortira, on partira en tournée.
Lors de ta première venue à Paris, j’ai entendu dire que tu avais eu des soucis avec des promoteurs français ? Non, c’était une erreur de compréhension, des problèmes financiers… Donc tout va bien, tout roule ! Ca ne signifie pas que j’ai un problème avec tout le monde en France. J’ai un problème avec un promoteur. Il s’est racheté, donc c’est bon maintenant. Quand il a entendu que je venais en France, il m’a appelé : «Hey Jah Mason. Tu viens en France ?». Ouais man, tout va très bien, parce que s’il ne s’agissait pas d’amour, il n’aurait jamais osé me rappeler, car il sait comment je suis et il sait qu’il était dans son tort, mais il faut juste rester vrai, solidaire. France, Martinique, Guadeloupe, d’où que tu viennes… Souviens-toi qu’il faut être unis et qu’on y arrivera tous ensemble et on montera d’un niveau. Donc où va-t-on à partir de là ? Ce n’est pas seulement un journaliste ou un chanteur ou une tournée… L’individu, la personne… Qu’est-ce qui sort de la personne ? Quelle énergie projette la personne ?
Est-ce que l’actuelle tournée européenne se passe bien ? Est-ce que tu as des bonnes vibes partout où tu vas ? Et tes rapports avec les autres artistes sont-ils bons ? Ouais man ! Des super vibes ! Tout est nickel, on va en Australie et dans les Caraïbes et on finit la tournée. Une seule royauté, man !
As-tu des projets pour le futur ? Il y a tant de projets…
Et as-tu un big up particulier à passer aux utilisateurs de Reggaefrance ? Ouais man, tout le temps, plus qu’un big up particulier ! Un excès ! Big up à toute l’organisation française qui s’est unie et qui fait ça, et les gens aussi, les gens des Caraïbes qui écoutent et saisissent le message, les gens de France aussi, etc, etc…On les remercie, car avec leur force, ça devient meilleur… Le pays voisin, ici, ça voyage, ça devient meilleur, ça devient beau. On remercie ceux qui diffusent notre message par ici.
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