Changement de décor dans notre voyage. Mis à part le nom, nous ne savions rien du Kazakhstan avant de le découvrir. C'est un pays de contrastes, mélange d'une nature sauvage et de cités à la pointe de la modernité, ressources minérales obligent. Il en va de même pour la musique, entre traditions et ouverture au monde. Le reggae en est à ses balbutiements ici.
Après quelques recherches, nous rencontrons le groupe The Alcatraz à Almaty, principale ville du pays. Le groupe vient de sortir son nouvel album, qui s'intitule "La prison devenue reggae", vingt morceaux de styles variés. The Alcatraz nous reçoit sous la neige et dans leur propre studio où ils enregistrent de nouveaux morceaux. L'accueil est convivial et chaleureux, à l'image des habitants de cette contrée, à cheval entre la Russie et la Chine.
Reggaefrance / Pouvez-vous nous parler un peu du groupe et de votre histoire ? The Alcatraz / Arsen : Le nom du groupe vient évidemment de la prison américaine qui est devenue un musée par la suite, nous trouvons ce concept étrange et intéressant… D'ailleurs c'est le titre de notre album. Nous pensons que Babylone est une sorte de prison et nous espérons que ce système se transformera prochainement en musée aussi ! En ce qui concerne notre formation, il y a dix ans, trois membres du groupe se sont rencontrés, nous avons commencé notre musique par un mélange de gospel et de hip-hop. En 2008, on s'est tourné vers le reggae en y mettant une touche de nos premières influences. Nous sommes quatre dans The Alcatraz, il y a Andreï (AKM pour nom de scène),chanteur hip-hop, Vitali (Otto), chanteur reggae, moi-même, Arsen (N-Stain) aux beats, aux riddims et à la guitare et mon petit frère, Nerses à la basse. Un Russe, un Arménien, un Kazakh et un Allemand, c'est ça notre groupe !
Comment en êtes-vous arrivés au reggae ? Arsen : On a commencé par chanter du gospel à l'Eglise pendant notre adolescence, comme apparemment beaucoup d'artistes jamaïcains et petit à petit, on y a ajouté du hip-hop, de nouveaux beats. On écoutait beaucoup de reggae à cette période, Bob Marley notamment, et on aimait le style, alors on s'est construit autour de ça.
Cette musique est-elle populaire ici ? Andreï : C'est un style assez récent dans notre pays et il a du succès auprès des jeunes générations, mais c'est encore assez confidentiel. Il n'y a que deux autres groupes de ce genre à Almaty, Hadn't tea et DaGuddaJazz. Nous avons l'impression que ça marche de mieux en mieux et que le public grandit à chaque concert, alors c'est sur la bonne voie...
Un Russe, un Arménien, un Kazakh et un Allemand, c'est ça notre groupe !
Vous arrivez à en vivre ? Arsen : Nous avons notre propre studio d'enregistrement, c'est aussi notre lieu de travail puisque pas mal de groupes viennent enregistrer ici. Ça nous aide à faire tourner notre propre groupe et à se rémunérer. Avec les ventes d'albums et les concerts (une tournée du Kazakhstan l'été dernier a été sponsorisée par une grande enseigne, ndr), nous arrivons à en vivre mais ce n'est pas avec le reggae que tu peux faire de l'argent ici, plus avec de la pop et les trucs qu'on voit à la télé ! Nous utilisons Internet pour notre promotion, c'est le moyen le plus simple et notre public est de cette génération, donc ça ne pose pas de problème.
Pouvez-nous nous parler de votre pays, le Kazakhstan ? Andreï : Normal (expression populaire du pays, ndlr) ! C'est un endroit agréable malgré les conditions climatiques difficiles, un mélange de nationalités qui vivent ensemble et se respectent. Arsen : On dit qu'en ex-Union soviétique, le Kazakhstan est le meilleur pays pour vivre. Nous nous sentons libres, on se développe et les traditions sont toujours présentes.
Mais votre président est là depuis très longtemps et il se présente en tant que « leader de la nation », un statut spécial qui pourrait le faire rester encore un moment ? Arsen : Oui, il est là depuis longtemps mais il a fait de bonnes choses. On le trouve en tous cas meilleur que d'autres qui voudraient prendre le pouvoir, alors pourquoi en changer ?
Et si je vous parle de la Jamaïque, qu'est-ce que ça vous évoque ? Andreï : C'est très lointain pour nous mais c'est le berceau du reggae ! Un endroit de création et de détente, on aimerait bien y faire un tour pour des vacances et du boulot bien sûr...
Revenons à la musique, vous jouez souvent en concert à Almaty? Comment est la scène ici? Arsen : Il n'y a que de petites salles dans cette ville, le son et le matériel y sont de très moyenne qualité, quelques clubs nous font jouer de temps en temps et nous avons fait une tournée au Kazakhstan l'été dernier, à travers 17 villes dans des festivals extérieurs et sur de grandes scènes. Un autre grand concert a eu lieu pour l'anniversaire de la mort de Bob Marley. Les représentations sont vivantes et il y a une ambiance positive, notre public est âgé de 20 à 30 ans, ils ont envie de s'amuser !
Parlons de vos textes, quels sont vos sujets de prédilection ? Andreï : Nous parlons beaucoup d'amour, entre les gens, les peuples, des chansons très positives, on a aussi quelques morceaux sur les problèmes sociaux que l'on peut avoir ici. C'est assez varié en fait. Notre morceau reggae qui marche le mieux, Positive, parle d'aller de l'avant, avec le sourire.
Et vous avez eu des rencontres musicales, vous avez joué avec d'autres artistes ? Arsen : Oui, nous avons enregistré cinq chansons avec Uprooted Sunshine, un bon groupe de Shanghai en Chine, qui était venu en tournée ici. On aimerait beaucoup faire la même chose et aller les voir là-bas. The Alcatraz en Chine ! On aimerait bien-sûr aller jouer partout, en Russie et dans les pays de l'ex-URSS parce que nos textes sont écrits en russe, mais aussi ailleurs pour les rencontres musicales et les découvertes.
Quelle est votre actualité ? Arsen : Nous sommes toujours en cours d'enregistrement, en vue d'un autre album. On compose également et il y a un projet en cours, un album électro/reggae avec des paroles hip-hop, on s'essaye à de nouvelles choses. On aura aussi quelques concerts après l'hiver, il fait trop froid pour jouer en ce moment !
Le site officiel de The Alcatraz propose de nombreux s titres à l'écoute et en téléchargement gratuit : http://alcatraz.kz.
yes, merci didjelirium pour le soutien, à l'article & au groupe! Espérons pouvoir le voir prochainement sur les scènes hexagonales...
Yes ! Bravo pour représenter The Alcatraz, ils le méritent vraiment ! Et il y a tant de choses qu'on ignore du Kazakhstan, grossiere erreur !!!
Pour ceux que cela intéresse - et vu qu'ils en parlent dans l'interview - voici le lien de la video tournée pendant cette connection entre la Chine et le Kazakhstan !
(impossible de mettre de lien donc il supprimez juste premier espace apres http. ...désolé messieurs les admins, mais c'est un lien utile ! :p )