Actualites Reggae / Dancehall - Albums - Riddims Reportages & Dossiers reggae Tous les artistes Reggae / Dancehall Sons & Videos Reggae Forum Reggaefrance - Reggae / Dancehall

Voir ce site en Francais  View this website in English
  

INTERVIEW : ANTHONY RED ROSE

Anthony Red Rose

 
Interview et photos : Benoît Georges
le mercredi 06 février 2013 - 19 049 vues

 Imprimer 
 
    Réactions
 (4)   

Le nom de Red Rose est entré à tout jamais dans la grande histoire du reggae grâce au morceau Tempo, un titre incontournable produit par King Tubby et sorti en 1984. Ironique pour celui qui déclare ne pas aimer son surnom, un sobriquet hérité de l’école. Anthony « Red Rose » Cameron a su saisir sa chance et ce Tempo va changer sa vie. Il prétend d’ailleurs qu’il s’agirait du premier morceau de reggae digital, car sorti officiellement avant le Sleng Teng.

Mais Anthony Red Rose est loin d’être un « one hit man », comme il en existe tant en Jamaïque. Capitalisant sur le succès de Tempo, il reste une valeur sure de la période digitale. Dans les années 90, il se lance dans la production avec ses deux labels, Raggedy Joe et How yu fi sey dat?, et œuvre en sous-main dans l’industrie musicale. Anthony Red Rose nous explique pourquoi sa rose rouge n’est pas prête de faner.



Reggaefrance / Tu es venu pour a première fois en France très récemment, en 2011.
Anthony Red Rose / Oui, j'étais très content d’être en France. Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais c’est la première fois que je viens ici et j’en suis heureux parce que comme le vin, la musique se bonifie avec le temps et les jeunes d’aujourd’hui, en France, recherchent de la bonne musique qui a bien vieilli.

Tu es né à St Mary, mais tu as grandi à Spanish Town.
J’y suis né en 1964, mais c’est un hasard. Voilà ce qui s’est passé : ma mère est partie rendre visite à une amie à St Mary, c’est là que le travail a commencé et qu’elle a accouché. Juste après ma naissance, nous sommes retournés à Spanish Town où elle vivait déjà.

Où as-tu commencé à chanter ?
Sur un sound system baptisé Sir Duncan, sur Wax road à Spanish Town. C’était un petit sound de quartier. Ils jouaient tous les vendredis, et tous les vendredis j’étais dans le coin. Je devais avoir environ 12 ans à l’époque et j’observais comment ça se passait. Jusqu’au jour où le boss du sound m’a demandé : « Comment ça se fait que tu aimes autant le sound ? Qu’est-ce que tu peux faire pour le sound ? » Je lui ai répondu : « Je peux chanter, faire le deejay, tout faire… » Il m’a dit : « Ok, fais-moi écouter. » Je lui ai chanté une chanson, il l’a bien aimée et depuis ce jour, il m’a emmené dans toutes ses danses.

   Sly Dunbar est vraiment mon mentor, c’est comme un battement de mon cœur, je l’aime !    

Y avait-il d’autres artistes sur ce sound ?
Etant à Spanish Town, ce sound n’a jamais vraiment eu de deejays. Les gens passaient pour prendre le micro. Il y a eu Papa San, Dirtsman... Quand j’ai commencé à avoir du succès, j’ai beaucoup traîné avec ces artistes de Spanish Town, et c’est pour cela qu’ils sont parfois venus sur le sound. Mais j’étais le seul deejay officiel du sound. Quand je suis devenu populaire, ça a rejailli sur le sound et on a eu des artistes comme Stichie, et on en attirait plein d’autres.

D’où vient ton nom de scène, Red Rose ?
Il vient de l’école. C’est un surnom qu’on me donnait et que je n’aimais pas. En fait, j’aimais bien être propre sur moi : pantalons, chemise, chaussures, bien propres. Les camarades se moquaient de moi en disant que je débarquais apprêté comme une rose rouge. Je n’aimais pas ce surnom car pour moi, c’était vraiment un truc de fillette. Ils se sont tellement foutus de moi que j’ai abandonné ! Quand on m’interpellait dans la rue en criant « hey Red Rose », j’ai fini par répondre et à partir de là, c’était foutu. : c’est devenu mon nom.

Quel a été ton premier enregistrement professionnel ?
C’était pour le producteur Dennis Star, la chanson Sandy. La première fois que je suis entré dans un studio, c’était pour chanter cette chanson, mon premier disque ! C’était en 1980.

Tu as passé beaucoup de temps sur le sound system avant d’entrer en studio.
Des années ! Pendant des années, j’étais partout, à chanter, à porter les caisses, à faire la routine. Je suis un de ces artistes qui a commencé à la base et qui s’est élevé petit à petit.

La connexion avec Dennis Star, c’est grâce à Bunny Lee ?
Non, je ne connaissais pas encore Bunny Lee. C’est Tubby qui m’a fait connaître Bunny Lee. La femme de Dennis Star, Junie Star, travaillait à Tuff Gong et lui, produisait des artistes de Spanish Town : il m’a enregistré, il a aussi enregistré un album qu’on partageait Papa San et moi sur son label. Et puis j’ai rencontré ce chanteur, Bunny Lie Lie, qui chante un peu comme Linval Thompson. Un jour, il m’a demandé de le suivre à Waterhouse, chez King Tubby. C’est comme cela que je l’ai rencontré ce jour-là. Et il y a eu un déclic. Tubby m’a demandé de revenir au studio car il aimait ma voix. Le premier morceau que j’ai enregistré pour lui était Under me fat thing.

Attends, ton premier morceau pour Tubby c’était Under me fat thing avant Tempo ?
Oui, j’ai enregistré Under me fat thing en premier, mais c’est Tempo qui est sorti en premier.

Il y a quelque chose que j’ai du mal à comprendre : Under me fat thing, c’était déjà sur le Sleng Teng…
Je vais t’expliquer. J’ai chanté Under me fat thing en premier, ils l’ont enregistré, mais ils l’ont fait uniquement pour les danses, pour le jouer comme un dubplate, ils ne l’ont pas sorti. Après, ils sont arrivés avec un nouveau riddim, le Tempo, qu’ils avaient appelé le Crank Angle. Je trouvais que ce riddim n’était pas terrible : il n’y avait aucune mélodie, juste basse et batterie. Mais, j’ai quand même enregistré la chanson Tempo dessus. Asher a rajouté des claviers et ils ont décidé de la sortir en premier.

Mais tu prétends que le Tempo a été le premier riddim entièrement digital, même avant le Sleng Teng…
Dans la révolution digitale, Tempo a été le premier morceau à sortir. Il y a beaucoup de monde qui a posé pour le Sleng Teng : Tubby avait son Sleng Teng, sur lequel j’ai enregistré Under me fat thing et Jammy avait sa propre version sur laquelle il a fait poser beaucoup de monde. Tempo était juste une chanson. Après, King Everald a enregistré dessus, mais il n’y a jamais eu autant de monde que sur le Sleng Teng. C’est simple, Tempo est entré dans les charts en décembre 1984 et le Sleng Teng y est entré en 1985.

On dit qu’il n’y avait pas assez de place avec les quatre pistes pour t’enregistrer. Tu as donc dû enregistrer en direct.
(Rires) Oui, tu as tout compris ! Tu es bien informé ! Oui, on avait quatre pistes et c’était vraiment juste, il n’y avait plus de piste pour la voix. J’ai donc enregistré en même temps qu’ils mixaient le riddim. Tu entends des bruitages sur la chanson : c’était King Everald qui faisait ces effets, à l’arrière plan, directement sur la bande, pendant que je chantais et que Professor mixait le tout. Tout a été fait en même temps.

Une spécificité de cette chanson était qu’il y avait aussi un traitement numérique de la voix. C’est surtout cela selon moi qui fait l’originalité de Tempo à cette époque.
Oui et c’est Tubby qui est arrivé avec ce son. C’est un effet de reverb, mais Tubby avait sa propre reverb.

Il l’appelait le « big knob »…
Et il l’a intégré à la chanson. A chaque fois que je disais « tempo », il balançait sa reverb. Et aujourd’hui, tout le monde fait ça (rires) !

C’est en passant tout ce temps chez Tubby que tu as développé le style Waterhouse dans ton chant ?
Tubby m’a pris sous son aile. Il me parlait beaucoup, il m’a demandé d’écrire des chansons, il m’a envoyé enregistrer d’autres artistes, comme Sugar Minott, Gregory Isaacs… Je suis obligé de mentionner ces artistes que King Tubby m’a envoyé enregistrer. Il m’a envoyé à Channel One, car il n’avait pas de pièce pour enregistrer des instruments. Il était encore en train de bâtir son studio à l’époque. Donc quand il voulait avoir des sons d’instruments, il les enregistrait à Channel One. Il appelait les musiciens et il m’envoyait à Channel One sur la session. Comme cela, je pouvais apprendre comment enregistrer des chansons, « the real way ». A garder tel son, à adapter tel autre et obtenir un bon rendu.

En gros, il t’a appris à produire de la musique.
Oui, et Tubby m’a fait entrer dans un cercle d’artistes.

Tu dis que le Tempo a été composé par la même personne que le Sleng Teng, Noel Bailey. J’ai un doute sur le nom de cette personne : dans un livre, c’est bien Bailey, mais partout sur internet tu vois Davey. Tonto Irie, qui a été témoin de cet événement, m’a dit qu’il s’appelait bien Bailey.
Oui, c’est bien Bailey. D’ailleurs, c’est le frère du deejay Powerman, qui se prénomme lui-même Mickael Bailey.

Y avait-il de la compétition entre Jammy et Tubby à l’époque ?
Il n’y avait pas vraiment de compétition car les deux n’étaient pas rivaux. Jammy était comme un fils pour Tubby. Tubby lui a appris tout ce qu’il sait, c’était son apprenti. Tout ce qu’il a fait à l’époque, Tubby l’avait fait avant. C’est un peu le protégé qui s’élève et prend son envol quand son moment est venu. Pour moi, ce n’était pas une compétition : Jammy était comme moi par rapport à Tubby.

A l’époque, Jammy avait obtenu beaucoup de hits et on sent quand même que Tubby, le maître, a cherché à rattraper l’élève. Il était en passe de le faire et je pense que s’il n’était pas décédé prématurément, il aurait été très loin dans cette direction musicale.
Tubby était le maître et même si son école régnait encore à l’époque, il ne savait pas vraiment que faire pour rester dans la course.

Après le Tempo, tu es devenu très demandé pour les dubplates.
Je ne peux même pas te dire combien j’en ai fait…

Quel est le premier dub de Tempo avec le nom d’un sound cité dans le morceau ?
C’était pour King Stur Gav. Je te raconte : Daddy U-Roy était l’un des meilleurs amis de Tubby. Quand j’ai enregistré la chanson Tempo, il a appelé U-Roy : « J’ai une nouvelle chanson avec un jeune qui s’appelle Red Rose, viens l’écouter. » Il est venu et a dit : « Jah know, cette chanson est mortelle, il me la faut en spécial pour le sound. » Je l’ai donc chanté en spécial pour lui. Et il s’est barré, pendant environ deux semaines. A son retour, il dit à Tubby : « Il faut que tu sortes cette chanson immédiatement, j’ai joué cette chanson dans une danse, c’était bouillant ! J’ai été à une autre danse et je l’ai joué, les gens voulaient entendre ce Tempo encore et encore. Tubby sors-le maintenant ! ».

Dans les années 80, tu as enregistré beaucoup de chansons sur les danses, les sound systems et les sound clashes. Des morceaux « regular », pas des dubplates. C’était vraiment ton truc ?
Oui, car après une chanson comme Tempo, je ne pouvais pas me permettre qu’un autre gars se mette à exploiter le filon, à chanter des textes de sound clash comme moi. En Jamaïque, chacun cherche quelque chose à copier. Quand tu commences à faire quelque chose d’original, il y a toujours quelqu’un qui va te copier pour ensuite s’approprier ce que tu as fait.

Les fameux « bandwagons »…
Oui, c’est exactement le terme. Et il y a toujours un tas de « bandwagons ». C’est comme un arbre que j’aurais planté et qui a fini par donner des fruits. J’ai toujours récolté ces fruits, de peur qu’un autre le fasse à ma place.

Tu t’es lancé assez tôt en indépendant, comme producteur. Pour quelles raisons ?
Après la mort de Tubby, en 1989, j’avais déjà fait pas mal de concerts un peu partout. J’ai économisé de l’argent dans l’intention de m’autoproduire. Pourquoi ? Parce que partout où j’allais, je voyais des producteurs qui produisaient des artistes, et je n’aimais pas ça. Je voulais faire mes propres trucs. J’avais des idées, des connaissances en tête et je voulais les apporter à ma musique. Avec l’argent économisé, j’ai acheté une console 24 pistes et j’ai travaillé sur des riddims, avec la crème de la crème : Sly & Robbie, Steely & Clevie, Lenky, un paquet de musiciens a travaillé sur des riddims pour moi. Et puis, je bougeais beaucoup, je faisais des chansons pour moi, des chansons pour d’autres et des duos avec un artiste et moi, et ça a marché. La première chanson que j’ai sortie, c’était un duo entre Bounty Killer et moi, Intimate sur le riddim Earthquake en 1993. Il y a eu tout une série avec Anthony Malvo, Wicker Man…

Pourquoi monter deux labels ?
Pendant longtemps, je n’avais que How yu fi sey dat?, que j’avais monté avec Anthony Malvo. Mais ensuite, j’ai décidé de monter un autre label, Raggedy Joe.

Si on dit que Raggedy Joe était un label orienté reggae et How yu fi sey dat ? plus dancehall, ça te semble correct ?
Oui, c’est vrai. Sur Raggedy Joe, j’ai sorti des Beres Hammond, Terry Linen, Mikey Spice, Luciano, pleins d’artistes reggae.

Effectivement, tu as travaillé avec beaucoup d’artistes et sur beaucoup de chansons. Je vais te citer quelques noms et quelques chansons, peux-tu me dire ce que ça t’évoque ? Pour commencer, Sly & Robbie, deux personnes importantes dans ta carrière, je suppose.
Dans ma vie même ! Sly est comme un mentor. Après Tubby, je me suis tourné et reposé sur Sly & Robbie. Sly m’a donné beaucoup d’infos, de conseils. C’est un dictionnaire de reggae. Ce que j’aime avec lui, c’est qu’à chaque fois que tu lui demandes une info, il va te la donner. Il aime surtout que les gens se prennent en main et travaillent pour leur compte. Il te motive. C’est pareil avec Robbie, la différence est qu’il vit à Miami, on le voit de temps en temps. Mais Sly, il est tout le temps là. Quand il n’est pas en tournée, c’est qu’il est là, quelque part, à travailler. C’est vraiment mon mentor, c’est comme un battement de mon cœur, je l’aime !

Bounty Killer ?
Sa mère est une amie. Elle m’a dit que son fils était devenu deejay et m ‘a demandé de l’écouter. Ce que j’ai fait et il m’a stupéfait, il sonnait vraiment bien. J’avais ce duo, Intimate. La partie deejay était prévue à l’origine pour Fragga Ranks. Quand je l’ai ramené en studio, on a eu un problème de tonalité. En fait, il n’arrivait pas à identifier la tonalité du riddim pour y adapter sa voix. Certains deejays ont ce défaut : ils ont une bonne voix, un bon flow, mais ils s’entraînent sans riddim et quelquefois, ils n’arrivent pas à adapter leur chanson à la tonalité du riddim. Quand j’ai écouté Bounty Killer, j’étais tellement étonné que je lui ai proposé la chanson. Je l’ai rencontré chez Jammy, mais ce n’était pas encore un artiste de l’écurie Jammy. Il travaillait avec son frère, Labba. Je lui ai dit : « il paraît que tu bosses avec un deejay sérieux ». Il ne s’appelait même pas Bounty Killer à ce moment là, mais Bounty Hunter. Je l’ai amené en studio pour Intimate. A partir de là, on a navigué tranquillement ensemble, la chanson est arrivée numéro 1, partout on l’a aimée. Bounty Killer est quelqu’un de bien.

Beenie Man ?
Beenie Man, je l’ai connu quand il était tout jeune. On l’emmenait dans les danses et on le faisait monter sur des caisses de bières pour chanter. Il était comme un petit fils pour moi, il a grandi dans ma main. Je me sentais obligé de tout faire pour lui et je ferais tout pour l’aider. Si tu nous voyais aujourd’hui, tu verrais qu’on a gardé cette relation. Lui aussi est quelqu’un de bien.

Terry Linen ?
Il est aussi comme un fils ! Il a habité chez moi pendant des jours, je m’en suis occupé pendant des années avant qu’il n’ait son premier hit, à lui apprendre comment enregistrer sur le riddim et plein d’autres petites choses.

Gentleman ?
Le chanteur Jack Radicks, avec qui j’ai enregistré plusieurs chansons, m’appelle un jour d’Allemagne et me dit : « J’ai rencontré un chanteur, Gentleman, on veut te l’envoyer en Jamaïque, car tu sauras exactement quoi faire avec lui. » Ils me l‘ont donc amené. Il est resté avec moi, à écouter des riddims, à s’entraîner à poser sur les riddims… J’ai mixé des chansons pour son premier album. Quand il a été signé, il est revenu pour enregistrer d’autres chansons : on a fait un duo avec Terry Linen et lui. J’ai produit un remix du riddim Tempo pour son album ''Diversity''. J’ai produit deux chansons pour cet album : Tempolution et Bridge over wall. Gentleman est quelqu’un de sympa, très aimable. Une chose que je peux dire : je remercie Dieu, car il m’a toujours envoyé les bonnes personnes.

Lord Kossity ?
Le producteur Clive Hunt m’appelle un jour pour me dire qu’il a un artiste en France et qu’il aimerait enregistrer un duo avec moi. C’est ce qu’on a fait. Il a été signé, il a eu des hits et il est revenu vers moi pour de nouvelles productions. J’ai vu qu’il a signé un contrat avec Sony, donc s’il veut de nouveau travailler avec moi, je suis prêt. Kossity est très sympa.

La chanson Heathen pour le label Star Trail ?
Alors que Star Trail n’avait pas encore sorti sa version du riddim Tempo, je me retrouve un jour chez Scorpio. Bello (Richard Bell, patron de Star Trail, ndlr) travaillait dans le studio et il me dit : « c’est ton riddim ça, il t’appartient quasiment, tu devrais enregistrer dessus. » Je me suis exécuté directement et j’ai enregistré un énième Tempo. Ca a bien plu et on a été cherché Pam Hall et Derrick Lara pour les chœurs. Ils ont aussi trouvé que la chanson était puissante. En fait, c’est juste une coïncidence. Je ne me rappelle même plus pourquoi j’étais venu chez Scorpio à l’origine, je tombe sur Bello et je me retrouve à enregistrer sur le Tempo. Cette chanson et ce riddim sont connus dans le monde entier et ça a encore renforcé leur popularité. C’était bien. Après, Bello a créé un remix de la chanson avec Norris Man et ça aussi, ça a bien marché.

La chanson Two big bull in a one pen avec King Kong ?
Ça, c’est une idée de Tubby, d’avoir King Kong et moi sur un album, ensemble. Il m’a envoyé à Tuff Gong pour enregistrer le riddim et je crois qu’on a aussi enregistré les voix là-bas.

La chanson Cocaine, qui reprend la chanson Dances are changing sur le riddim General ?
J’ai repris cette chanson pour parler de ce changement dans les habitudes en Jamaïque. C’est basé sur une expérience. A l’époque, en Jamaïque, on n’en parlait pas beaucoup. Je vois des petits jeunes, et j’entends dire qu’ils sniffent de la coke, qu’ils achètent de la coke et du crack. J’ai donc chanté sur ce thème car c’était quelque chose que j’avais constaté et c’était vraiment nouveau à l’époque.

Et Give me the weed sur le riddim Taxi ?
Ouais, à cette époque, j’en brulais beaucoup (rires). Je vivais cette vie : tous les jours, tout le temps j’avais mon petit sac de  weed avec moi. Et j’ai chanté là-dessus.

La série sur le riddim Drum song que tu as produite ?
J’ai essayé d’utiliser les meilleurs ingrédients pour ce riddim : c’est Sly qui s’est occupé des percussions, Danny Bassie, de Firehouse, de la basse, Dean Fraser était aux cuivres, Dalton Brownie a joué les guitares, pour le « kette drum », c’était Sticky (Uziah Thompson, ndlr) – depuis je l’appelle toujours Kette. Et le rendu final était vraiment bon. Ca a donné une seconde jeunesse à ce riddim, les plus jeunes se sont précipités dessus. Tout le monde l’a aimé et aujourd’hui encore, des artistes me demandent d’enregistrer dessus.

Autre hit, Love is coming at you ?
C’est une chanson que j’ai enregistrée avec Capleton, Terry Linen et Anthony Malvo. Je vais un jour au studio de Gussie (Clarke, ndlr) pour voir le producteur Bulpus (Norman Bryan du label Kickin, ndlr), qui s’apprêtait à enregistrer Capleton. Il avait loué un petit studio, au point de ne pas pouvoir accueillir tout le monde à l’intérieur. Et comme Capleton a un entourage nombreux qui se déplace avec lui, le studio était blindé et je me suis retrouvé à l’extérieur, derrière la porte. En entendant le riddim jouer de l’intérieur, l’idée m’est venue (il chante le refrain). Une fois Capleton enregistré, Bulpus sort et me dit : « le truc que tu chantes, tu vas l’enregistrer sur le riddim. » Capleton a aussi écouté la chanson et a dit : « il y a plein d’amour dans cette chanson, il faut l’enregistrer. » On a donc finit par l’enregistrer, mais c’était vraiment une inspiration du moment. C’est arrivé et aujourd’hui, c’est une très bonne chanson dans mon catalogue.

En vieillissant, ton répertoire est d’ailleurs devenu plus lover, plus conscient qu’avant. Comment l’expliques-tu ?
C’est la maturité, devenir un homme. Quand tu es jeune, tu penses jeune. Quand tu as des enfants et des responsabilités, tu penses à veiller sur la prochaine génération, à enseigner le bien, dans tes chansons : comment vivre, comment survivre, comment être un homme, enseigner aux femmes comment aimer les hommes, comment traiter les hommes, car en tant qu’homme tu es la personne parfaite pour dire à ta femme comment te traiter (rires).

Tu es quelqu’un de régulier dans le business avec toujours de nouveaux morceaux sur les riddims. Quelle est pour toi la recette de la longévité musicale ?
Pour rester actif dans la musique, il faut apprendre à s’adapter aux temps. La musique change tout le temps, tout change, la nature aussi. Si tu veux rester présent dans le business, il te faut de nouvelles chansons tous les ans. Tu ne peux pas chanter toujours le même répertoire et te contenter de ça. Il te faut ajouter de nouveaux morceaux à ton répertoire, mettre à jour ton répertoire pour qu’il soit toujours d’actualité. Y ajouter chaque année de nouvelles chansons, est pour moi la meilleure méthode pour survivre dans la musique. Et en plus, je ne me spécialise pas : j’aime tous les types de riddim, roots, dancehall, hip-hop…

Dans ce répertoire justement, il y a beaucoup de duos, est-ce un exercice que tu apprécies particulièrement ?
A dire vrai, la plupart des artistes me réclament toujours des combinaisons. Quand je rencontre un artiste, qu’on devient ami, on finit toujours par parler de nos morceaux et j’ai cette folie musicale et textuelle qui fait que je trouve toujours une idée ou un texte. Je dirais donc que c’est quelque chose de naturel chez moi. Et souvent, l’artiste me propose d’enregistrer la chanson avec lui, puisque je l’ai aidé. En général, ça finit toujours comme ça !


 Imprimer       Réactions
(4)   

RÉACTIONS


4 réactions
Appréciation générale :

c'est vraiment une bonne interview avec de bonnes questions sur les artistes et les producteurs de l'époque, merci pour ça!!

super interview pleine d'Histoire et d'anecdotes, big up Red Rose & Reggaefrance

Et ben ! ca c une interview. Red Rose pon di top !

BIG ! Très belle interview. C'est une vraie balade historique à travers la musique jamaïcaine. Respect Anthony Red Rose !



   
Abijah Sons à l'écoute
  Admiral T Sons à l'écoute
  Admiral Tibet Sons à l'écoute
  Aidonia Sons à l'écoute
  Alaine Sons à l'écoute
  Alborosie Sons à l'écoute
  Alkaline
  Alkaly Sons à l'écoute
  Alozade Sons à l'écoute
  Alpha Blondy
  Alpheus Sons à l'écoute
  Alton Ellis
  Anthony B Sons à l'écoute
  Anthony Cruz Sons à l'écoute
  Anthony Johnson Sons à l'écoute
  Apach Sons à l'écoute
  Assassin Sons à l'écoute
  Avaran
  Azrock Sons à l'écoute
   
Baby Cham Sons à l'écoute
  Baby G Sons à l'écoute
  Barrington Levy Sons à l'écoute
  Bascom X Sons à l'écoute
  Batch Sons à l'écoute
  Bazil
  Beenie Man Sons à l'écoute
  Beres Hammond Sons à l'écoute
  Beta Simon
  Big Youth
  Biga Ranx Sons à l'écoute
  Bitty McLean
  Black Uhuru
  Bling Dawg Sons à l'écoute
  Bob Marley
  Bobby Konders Sons à l'écoute
  Bost & Bim Sons à l'écoute
  Bounty Killer Sons à l'écoute
  Brahim Sons à l'écoute
  Brick & Lace
  Bronco Knowledge
  Broussaï Sons à l'écoute
  Buckey Ranks Sons à l'écoute
  Bugle Sons à l'écoute
  Buju Banton Sons à l'écoute
  Bunny Rugs Sons à l'écoute
  Bunny Wailer
  Burning Spear
  Burro Banton Sons à l'écoute
  Bushman Sons à l'écoute
  Busta Rhymes Sons à l'écoute
  Busy Signal Sons à l'écoute
   
Cali P Sons à l'écoute
  Capleton Sons à l'écoute
  Caporal Nigga Sons à l'écoute
  Carlton Bubblers
  Carlton Livingston
  Cecile Sons à l'écoute
  Charlie Chaplin
  Chezidek Sons à l'écoute
  Chico Sons à l'écoute
  Chrisinti
  Christopher Ellis
  Chronicle
  Chronixx Sons à l'écoute
  Chuck Fender Sons à l'écoute
  Chukki Starr Sons à l'écoute
  Clinton Fearon Sons à l'écoute
  Clive Hunt
  Cocoa Tea Sons à l'écoute
  Collie Buddz Sons à l'écoute
  Conrad Crystal Sons à l'écoute
  Cornell Campbell Sons à l'écoute
  Courtney John Sons à l'écoute
  Crown Prince Sons à l'écoute
  Culture
  Cutty Ranks Sons à l'écoute
   
Daddy Mory Sons à l'écoute
  Daddy Yod Sons à l'écoute
  Damian Marley Sons à l'écoute
  Danakil Sons à l'écoute
  Danny English Sons à l'écoute
  David Rodigan Sons à l'écoute
  Daville Sons à l'écoute
  Daweh Congo Sons à l'écoute
  Dean Fraser Sons à l'écoute
  Delly Ranks Sons à l'écoute
  Demarco
  Dennis Brown Sons à l'écoute
  Determine Sons à l'écoute
  Devonte Sons à l'écoute
  Dezarie Sons à l'écoute
  Diana Rutherford Sons à l'écoute
  Difanga Sons à l'écoute
  Dj Master Will Sons à l'écoute
  Don Carlos Sons à l'écoute
  Don Corleon Sons à l'écoute
  Don Miguel
  Duane Stephenson Sons à l'écoute
  Dub Inc Sons à l'écoute
  Dubmatix
  Dubtonic Kru Sons à l'écoute
   
Earl 16 Sons à l'écoute
  Earl Chinna Smith
  Elephant Man Sons à l'écoute
  Etana Sons à l'écoute
  Everton Blender Sons à l'écoute
   
Fantan Mojah Sons à l'écoute
  Fat Freddy's drop
  Flamengo Sons à l'écoute
  Frankie Paul Sons à l'écoute
  Freddie McGregor Sons à l'écoute
  Frenchie Sons à l'écoute
  Frisco Kid
  Full Hundred sound Sons à l'écoute
  Fundé
  Furybass Sons à l'écoute
  Future Troubles Sons à l'écoute
   
Gappy Ranks Sons à l'écoute
  Garnett Silk
  General B
  General Degree Sons à l'écoute
  General Levy Sons à l'écoute
  Gentleman Sons à l'écoute
  George Nooks
  Ghost Sons à l'écoute
  Ginjah
  Glamma Kid Sons à l'écoute
  Glen Washington Sons à l'écoute
  Gramps Morgan Sons à l'écoute
  Gregory Isaacs Sons à l'écoute
  Groundation
  Gyptian Sons à l'écoute
   
Harry Toddler
  Hawkeye Sons à l'écoute
  Hollie Cook
  Horace Andy
   
I-Octane Sons à l'écoute
  I-Wayne Sons à l'écoute
  Iba MaHr Sons à l'écoute
  Ijahman
  Ill Inspecta Sons à l'écoute
  Iqulah Sons à l'écoute
  Israel Vibration
   
Jabba Sons à l'écoute
  Jah Cure Sons à l'écoute
  Jah Mali Sons à l'écoute
  Jah Mason Sons à l'écoute
  Jah Shaka
  Jah Thunder Sons à l'écoute
  Jah Warrior Sons à l'écoute
  Jah9 Sons à l'écoute
  Jamelody Sons à l'écoute
  Janik Sons à l'écoute
  Jaqee
  Jazzwad Sons à l'écoute
  Jim Murple memorial Sons à l'écoute
  Jimmy Cliff
  John Holt
  Johnny Osbourne Sons à l'écoute
  Josie Mel
  Julian Marley
  Junior Delgado Sons à l'écoute
  Junior Kelly Sons à l'écoute
  Junior Reid Sons à l'écoute
   
K2R Riddim
  Kabaka Pyramid Sons à l'écoute
  Kanka
  Kardinal Offishal Sons à l'écoute
  Ken Boothe Sons à l'écoute
  Khago
  Kiddus I
  King Far I sound
  Kingston Ladies
  Kinkeliba Sons à l'écoute
  Kiprich Sons à l'écoute
  Konshens Sons à l'écoute
  Krys Sons à l'écoute
  Kulcha Knox Sons à l'écoute
  Ky-mani Marley Sons à l'écoute
   
Lady Saw Sons à l'écoute
  Lady Sweety
  Lee Perry
  Lexxus Sons à l'écoute
  Linval Thompson Sons à l'écoute
  Little Espion Sons à l'écoute
  Little Hero Sons à l'écoute
  Livin' Soul
  LKJ
  Lloyd Brown Sons à l'écoute
  LMS Sons à l'écoute
  Lone Ranger
  Loo Ranks Sons à l'écoute
  Lord Kossity Sons à l'écoute
  Louie Culture Sons à l'écoute
  LP International Sons à l'écoute
  Luciano Sons à l'écoute
  Lucky Dube
  Luddy Sons à l'écoute
  Lukie D Sons à l'écoute
  Lusdy Sons à l'écoute
  Lutan Fyah Sons à l'écoute
   
Macka B
  Macka Diamond Sons à l'écoute
  Mad Cobra Sons à l'écoute
  Mad Killah
  Mada nile Sons à l'écoute
  Manasseh Sons à l'écoute
  Manjul
  Marcia Griffiths Sons à l'écoute
  Masicka Sons à l'écoute
  Massive B
  Matinda Sons à l'écoute
  Matisyahu
  Mavado Sons à l'écoute
  Max Romeo Sons à l'écoute
  Merciless Sons à l'écoute
  Meta Dia
  Michael Prophet
  Michael Rose Sons à l'écoute
  Mickee 3000 Sons à l'écoute
  Midnite Sons à l'écoute
  Mighty Crown Sons à l'écoute
  Mighty Diamonds
  Military Man Sons à l'écoute
  Million Stylez Sons à l'écoute
  Mo'Kalamity Sons à l'écoute
  Monty Alexander Sons à l'écoute
  Morgan Heritage Sons à l'écoute
  Moses I Sons à l'écoute
  Mr Vegas Sons à l'écoute
  Ms. Thing
  Munga
  Murray Man Sons à l'écoute
   
Naâman
  Nanko Sons à l'écoute
  Natty Jean
  Natty King
  Natural Black
  Nazareken Tiken Sons à l'écoute
  Neg'Marrons
  Nemo Sons à l'écoute
  Nereus Joseph Sons à l'écoute
  Nicky B Sons à l'écoute
  Niggah Mickey Sons à l'écoute
  Ninjaman
  Norrisman
  Nuttea Sons à l'écoute
   
Omar Perry Sons à l'écoute
   
Pablo Moses
  Papa Tank Sons à l'écoute
  Patrice
  Paul Elliott Sons à l'écoute
  Perfect Sons à l'écoute
  Pierpoljak Sons à l'écoute
  Piratedub Sons à l'écoute
  Popcaan Sons à l'écoute
  Pow Pow
  Pressure Sons à l'écoute
  Prince Alla
  Prince Malachi
  Protoje Sons à l'écoute
  Pupa Jim Sons à l'écoute
   
Queen Ifrica Sons à l'écoute
  Queen Omega Sons à l'écoute
   
Raggasonic
  Raging Fyah Sons à l'écoute
  Ranking Joe Sons à l'écoute
  Ras Attitude Sons à l'écoute
  Ras Mac Bean Sons à l'écoute
  Ras Shiloh
  Red Rat Sons à l'écoute
  Richie Spice Sons à l'écoute
  Rico Rodriguez
  Roberto Sanchez Sons à l'écoute
  Rod Taylor Sons à l'écoute
  Romain Virgo Sons à l'écoute
  Rootz Underground
  Ruff Cutt Sons à l'écoute
   
Saël Sons à l'écoute
  Saïk
  Sanchez Sons à l'écoute
  Sandeeno Sons à l'écoute
  Sean Kingston
  Sean Paul Sons à l'écoute
  Sebastian Sturm Sons à l'écoute
  Seeed
  Sentinel
  Serani Sons à l'écoute
  Serge Gainsbourg
  Seyni
  Shabba Ranks Sons à l'écoute
  Shadow Killa
  Shaggy Sons à l'écoute
  Shockin Murray Sons à l'écoute
  Singing Melody Sons à l'écoute
  Sir Samuel
  Sister Carol Sons à l'écoute
  Sizzla Sons à l'écoute
  Smiling D Sons à l'écoute
  Solo Jah Gunt
  Spanner Banner Sons à l'écoute
  Spragga Benz Sons à l'écoute
  Stanley Beckford Sons à l'écoute
  Starckey Banton Sons à l'écoute
  Steel Pulse Sons à l'écoute
  Stephen Marley Sons à l'écoute
  Stephen McGregor
  Steve Mosco Sons à l'écoute
  Straika D Sons à l'écoute
  Sugar Minott Sons à l'écoute
  Sugar Roy Sons à l'écoute
  Supa John Sons à l'écoute
   
Taïro Sons à l'écoute
  Taiwan MC
  Taj Weekes Sons à l'écoute
  Takana Zion Sons à l'écoute
  Tanto Metro Sons à l'écoute
  Tanya Stephens Sons à l'écoute
  Tarrus Riley Sons à l'écoute
  Tarzan Sons à l'écoute
  Terry Linen Sons à l'écoute
  The Black Seeds
  The Congos Sons à l'écoute
  The Gladiators
  The Pioneers
  The Skatalites
  Third World
  Tiken Jah Fakoly
  Tippa Irie
  Tiwony Sons à l'écoute
  TOK Sons à l'écoute
  Toma  Sons à l'écoute
  Tommy Lee
  Tony Matterhorn Sons à l'écoute
  Tony Rebel Sons à l'écoute
  Tony Tuff
  Toots & The Maytals
  Trinity Sons à l'écoute
  Triston Palmer Sons à l'écoute
  Turbulence Sons à l'écoute
  Twinkle Brothers
  Typical Féfé Sons à l'écoute
   
U-Brown Sons à l'écoute
  U-Roy Sons à l'écoute
  Uman Sons à l'écoute
   
Vybz Kartel Sons à l'écoute
   
Ward 21 Sons à l'écoute
  Warrior King Sons à l'écoute
  Wayne Marshall Sons à l'écoute
  Wayne Wonder Sons à l'écoute
  Willi Williams Sons à l'écoute
  Winston McAnuff Sons à l'écoute
   
Yabby You
  Yahadanai Sons à l'écoute
  Yaniss Odua Sons à l'écoute
  Yellowman Sons à l'écoute
   
Zareb
  Zebra Sons à l'écoute
  Ziggi Recado Sons à l'écoute
  Ziggy Marley
  Zumjay Sons à l'écoute

 
 Vous êtes ici : Accueil >> Artistes à la une >> Interview
  
Site créé par l'agence© 1999-2025