Nous entamons par l'Islande notre série sur le reggae autour du monde. Il fait (très) froid à Reykjavik quand nous allons à la rencontre de Hjàlmar, précurseurs du reggae en Islande. Formé en 2004, le groupe est la tête de pont du genre sur cette île bien éloignée des Caraïbes (à tout point de vue), la formation a été récompensée à plusieurs reprises. Ils sont même partis à Kingston en 2009 enregistrer leur quatrième album. C'est dans leur langue natale qu'ils tiennent à chanter, recevant pour cela une nouvelle distinction en novembre 2010.
Alors qu'ils sont en train de mettre en boîte leur septième album, qui devrait sortir au début de l'année 2013, nous les rencontrons au café-concert Faktory, situé dans une rue étroite de Reyjkjavik (la capitale du pays), où le groupe a fait ses premiers pas. Ambiance chaleureuse malgré la température extérieure, avant l'une de leur représentation à guichets fermés.
Reggaefrance / Que veut dire Hjàlmar ? Hjàlmar / Steini : Hjàlmar signifie casque en français, ça a commencé par un jeu de mot et finalement, c'est resté Siggi : C'est aussi un nom de famille en Scandinavie, alors ça tombait bien.
Comment le groupe s'est-il constitué ? Siggi : Je fais de la musique depuis mon enfance, je viens d'une famille de musicien. En 2004, un ami qui faisait du rock'n roll et qui avait un studio m'a donné un coup de main pour enregistrer un premier titre. J'ai rencontré Steini et les autres membres du groupe, on a décidé de jouer du reggae ensemble, de faire quelques scènes. C'était la première fois en Islande et surtout avec des textes dans notre langue. Le public a accroché. Steini avait écrit quelques textes, nous avons donc enregistré notre premier album, "Hljodlega af stad", ici même au Faktory.
Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons ? Steini : On écrit surtout sur la nature, celle d'Islande et notre rapport à elle. La société et l'utopie sont aussi des sujets réguliers. Et j'écris des morceaux de science-fiction de temps en temps, où je me mets dans la peau de personnage pour leur faire jouer un rôle. Siggi : On ne voulait pas être un groupe de plus à chanter en anglais, il fallait que les morceaux parlent aux islandais. Nous ne sommes pas un groupe de reggae roots, on sent l'influence de la folk dans notre musique, du reggae à la sauce nordique !
En Jamaïque, j'ai ressenti une compréhension mutuelle du fait que nous vivons tous sur des îles
Comment se porte la scène reggae en Islande ? Siggi : Il y a beaucoup de groupes de musique ici, ça marche bien, le public est en demande de culture et aime découvrir de nouvelles choses. Je pense que faire de la musique sur une île est plus simple, tout le monde aime la musique sur les îles… C'est la même chose à la Réunion, non ? Steini : Nous ne faisons rien d'autre que la musique, mais nous vivons modestement car c'est difficile de vendre beaucoup d'albums. C'est pourquoi nous sommes sur plusieurs projets à la fois, par exemple, Siggi part la semaine prochaine à Cuba pour enregistrer avec de nouvelles influences. Un projet personnel mais dans le concept Hjàlmar.
Vous tournez beaucoup en Europe ? Dans quels endroits êtes-vous allés jouer ? Siggi : Nous jouons surtout en Islande et en Scandinavie mais nous avons fait une tournée des festivals en Hollande cet été, un concert en Slovaquie, nous sommes allés en Russie l'hiver dernier et aussi en Estonie.
Mais jamais dans le sud de l'Europe ? Steini : Non jamais. On aimerait avoir l'opportunité d'aller jouer en Espagne, en France ou en Italie, mais il faut frapper aux bonnes portes et se faire connaître. Internet est un bon moyen pour ça et nous savons que nous sommes regardés d'un peu partout sur Youtube. On espère que ça pourra se faire, mais le voyage est cher et demande une bonne organisation.
Vous avez enregistré un album à Kingston en 2009, vous avez dûs être dépaysés ! Siggi : C'était magique! Un voyage pour épicer notre musique et enregistrer dans des studios incroyables, avec des musiciens de légende (l'enregistrement a eu lieu au Harry J Studio et à Tuff Gong, avec Cat Coore, Sticky, Robbie Lyn ou encore Dean Fraser, ndlr). Nous avons partagé autour de la musique et j'ai ressenti une compréhension mutuelle du fait que nous vivons tous sur des îles. Steini : Nous avons fait un petit concert là-bas, c'était sympa de pouvoir faire découvrir notre musique aux Jamaïcains.
Un petit mot sur l'Islande, votre ressenti sur le pays ? Steini : L'Islande est un super endroit, il y a tellement de choses à voir. La nature est omniprésente, c'est bon pour la créativité ! Il y fait froid, il y a du vent, et ça peut être dangereux à cause des tempêtes, des avalanches, des volcans... Souviens-toi de l'éruption de 2010, celle qui a fait parler d'elle à cause des avions (l'éruption du volcan Eyjafjöll en 2010 avait fortement perturbé le trafic aérien mondial, ndlr).
Oui, c'est fou car tout le monde a parlé des compagnies aériennes mais jamais des personnes qui habitaient près de ce volcan... Siggi : Chacun pense d'abord à soi et à ses petits tracas ! On a besoin de se soucier des autres, on a besoin de changement ! Il faudrait plus de respect aussi, que l'on se consacre à être des personnes positives.
Quelle est votre actualité ? Siggi : Nous venons de finir d'enregistrer notre septième album, il sortira en février ou mars 2013. C'est quelque chose d'un peu plus sombre que ce que nous avons l'habitude de faire, pas négatif, plutôt sarcastique. Il n'a pas encore de nom et nous finalisons un dernier morceau avec un virtuose finlandais, Jimi Tenor.
Í gegnum móðuna, extrait du dernier album en date, "Órar" :
Borgin, extrait du premier album, "Hljóðlega af stað" (2004) :