INTERVIEW : STAND HIGH PATROL
Propos recueillis par : Sébastien Jobart
Photos : Bichop & DR
le jeudi 01 septembre 2011 - 13 355 vues
Leur lieu de pèlerinage serait certainement plus Londres que Kingston. Depuis la naissance de Stand High Patrol en Bretagne il y a 10 ans, Pupa Jim (chanteur et compositeur), Mac Gyver (operator) et Rootystep (selecta) ont développé un style original baptisé "dub a dub": un savant mélange de dub, digital, trip hop et new wave. Cette patrouille dub produit continuellement et teste ses galettes en session, ce qui en fait l'un des rares sound systems à proposer des sets franchement remaniés à chaque prestation.
Après avoir fêté leurs 10 ans avant l'été dans leur fief de l'Espace Vauban à Brest, on les retrouvera cet été aux Vieilles Charrues, au Rototom Festival, et même en Finlande et en Croatie. Rencontre avec ceux que Tena Stelin a surnommé les « dubadub muskateerz » (les mousquetaires du dub-a-dub).
Reggaefrance / Stand High, c'est déjà 10 ans. En quelques mots, comment naît la patrouille ? / Mac Gyver : Ça a commencé avec Rootystep et moi-même. On allait à Londres acheter des disques de digital UK. Très vite, on a été rejoints par PuppaJim qui a pris le micro.
Pupa Jim : A l'époque, on ne faisait pas de production. Au début, on passait des disques et j'animais. Puis on a fait une prod' pour une session, puis une deuxième…
Rootystep : Ce passage vers la production s'est fait progressivement, c'est arrivé par la force des choses.
Pupa Jim : On prenait plaisir à jouer nos trucs dans les petits bars en voyant que ça plaisait au public.
Rootystep : C'est ce qui nous intéressait quand on allait en sound-systems : les nouveautés.
Quelle est la recette d'un bon dub selon vous ? Mac Gyver : La basse !
Pupa Jim : L'épure. On n'est pas des virtuoses, donc faire une prod' avec basse / batterie / piano qui fonctionne, déjà c'est bien. Parfois, on en met plus, mais on se demande après coup si ça apporte quelque chose. Et le plus souvent, non…
Quand on écoute TV Addict on pense évidemment au titre d'Horace Ferguson… Pupa Jim : Je ne pensais même pas à ce titre quand j'ai écrit le texte. Ça m'est venu comme ça, quand on m'a conseillé de regarder un film un jour… C'est une des particularités du reggae de se recycler à partir du passé. On l'a fait un peu pour rigoler, mais Nova l'a passé alors qu'on ne l'avait même pas encore sorti.
Mac Gyver : Normalement il y avait un autre morceau de prévu sur la face B du maxi Business of War. Mais il y avait une grosse demande, alors finalement on l'a mis.
 Chaque soirée est un mystère : on ne sait pas où on va, ni quels sons on va jouer.  Pourquoi chanter en Anglais ? Pupa Jim : J'ai commencé par chanter en Français, mais ça n'a pas été concluant. C'est plus difficile d'écrire en Français, je pense. On est fan de hip-hop et quand tu vois les textes de NTM, tu te rends compte du travail… Il y a plus de jeux de mots très simples et imagés en Anglais. En plus, ça me permettait de travailler mon Anglais. Et puis si tu traduis des paroles anglaises en Français, ça devient hyper naïf…
Mac Gyver : Tout le monde ne comprend pas l'anglais ; l'avantage, c'est que le chant devient du coup un instrument comme les autres, et notamment dans le rub-a-dub, où les textes fonctionnent beaucoup avec des onomatopées, des syllabes répétées…
Pupa Jim : C'est comme si en Français tu avais une flûte à bec et en Anglais un saxophone (rires).
Quelle est la plus belle rencontre jusqu'à présent ? Pupa Jim : Martin Campbell, même si on l'a pas enregistré…
Mac Gyver : Il s'est produit à notre résidence, c'était un plaisir de le faire venir.
Et la galette dont vous êtes les plus fiers ? Pupa Jim : De la prochaine !
Une rencontre qui reste à faire ? MacGyver : J'aimerais bien travailler avec des artistes peu connus du milieu reggae. Comme avec Soom-T par exemple. Ce n'est pas forcément lié à un nom légendaire qui nous impressionne, c'est plus un feeling, et l'envie de créer un morceau original plutôt que de faire un énième regular.
Pupa Jim, quel est ton volume de production ? Pupa Jim : Je produits un peu moins maintenant, mais à une époque c'était jour et nuit… On les teste en sound, mais à la soirée suivante, il y en a de nouveaux, donc on peut en oublier certains. Parfois on rejoue certains morceaux.
Du coup, vous jouez essentiellement beaucoup d'inédits en soirée… Pupa Jim : Ça dépend du volume, mais on essaie de passer autant de nouveautés que possible.
Mac Gyver : Si le set est identique à chaque fois, les gens ne viennent plus !
Rootystep : Ça fait partie de notre identité en sound, d'essayer d'apporter cette perspective, de proposer d'autres choses à chaque fois.
Pupa Jim : On aime ce parti pris. D'ailleurs, on aime surtout les sounds qui jouent ainsi. Chaque soirée est un mystère : on ne sait pas où on va, ni quels sons on va jouer. C'est aussi ce qui est excitant. On l'a fait deux trois fois, de bien se préparer, notamment pour les Nuits Zébrées de Radio Nova, mais on ne le fait pas souvent de peur de se lasser.
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