INTERVIEW : THE JOUBY'S
Propos recueillis par : Sébastien Jobart
Photos : DR
le vendredi 05 mars 2010 - 7 080 vues
Une guitare, trois voix, et l'harmonie comme leitmotiv : The Jouby's ont adopté une spécificité jamaïcaine, elle-même inspirée des grands groupes de soul américains.
A notre connaissance, ils sont aujourd'hui le seul trio vocal français.
Leur premier album, "London Busking", qui vient de sortir, ponctue cinq ans de concerts. Ils accompagnaient d'ailleurs les Wailers en tournée fin février. Rencontre avec Jonathan, Guillaume et Quentin.
Reggaefrance / The Jouby's existent depuis cinq ans. Comment a démarré l'aventure ? The Jouby's / Quentin : On est tous les trois entrés dans une école de musiques actuelles à Bordeaux, le SIAM, en formation chant. On était subventionnés par la mission locale. On s'est retrouvé à cinq chanteurs (deux filles, trois garçons) et on est devenus potes avant même d'imaginer pouvoir bosser ensemble. Dans la dynamique de l'école, on a essayé d'harmoniser pour enrichir ce qu'on nous demandait. C'est l'harmonie qui nous a vraiment réunis, cette idée d'enrichir une mélodie par l'harmonie. Un jour, on a monté le groupe, et on a commencé par reprendre les grands standards, à trois.
Jonathan : Des standards rocksteady, donc souvent des standards soul déjà repris par les Jamaïcains. On a aussi fait des reprises rocksteady de certains morceaux, de la soul bien sûr, mais aussi Keziah Jones par exemple. L'idée était de se constituer un répertoire rapidement. Parce qu'on a eu des propositions avant de répéter vraiment. C'était des scènes ouvertes vocales, toutes les semaines à Bordeaux.
L'album est clairement vintage (son, pochette, costumes). C'est la musique qui vous plaît ou celle avec laquelle vous avez grandis ? Guillaume : C'est le son qui nous plaît, le son chaud des années 60-70
Quentin : C'est quelque chose qu'on a voulu mettre en avant sur l'album. On a enregistré en analogique, sur bandes, comme à l'époque. Ca donne une couleur vintage. A l'époque, beaucoup de groupes comme les Temptations, les Four Tops ou les Pionneers, qui étaient des formations tournées autour de la voix et qui avaient avec des tenues incroyables.
On imagine que l'équipement en studio était aussi à l'ancienne… Quentin : On a enregistré dans le studio de la Trappe à Toulouse. C'est comme si c'était écrit "Vintage" sur la porte. Il n'y a que des micros des années 40, des mélodiums… Il a une couleur incroyable.
Jonathan : C'est un son plus dynamique, plus chaleureux
Guillaume : Et puis toutes les instrus sont du one-shot.
Un jour, on a monté le groupe, et on a commencé par reprendre les grands standards... Pourquoi London Busking (chanter dans la rue, ndlr) ? Jonathan : Parce qu'on est pas mal attiré par ce côté de la Manche. On a tous écouté Aswad, Steel Pulse ou les Beatles… La chanson de l'album est inspirée d'un voyage à Londres où j'ai moi-même essayé de chanter dans la rue, ce qui a été un échec cuisant. A Londres, il n'y a pas vraiment de culture de rue, les gens ne donnent pas. Il faut une patente, une autorisation pour jouer dans la rue, comme à Covent Garden, et tu es payé, tu ne joues pas à la pièce. On a voulu donner ce nom-là à l'album parce qu'on voulait se rapprocher de toutes ces références anglaises. Il y a aussi cette idée dans le visuel.
Vous chantez en Anglais sur une bonne partie des morceaux, ça vient aussi de là ? Quentin : Il y a un côté culturel : 90% de la musique qu'on a pu écouté, fredonné sont des chansons en anglais. Quand on compose, l'anglais vient tout seul, c'est plus naturel.
Vous vous êtes un peu forcés à le faire en Français ? Quentin : Pas forcés non, mais c'est vrai que c'est plus rare. C'est souvent la mélodie qui détermine la langue, donc la couleur. Mais l'anglais, c'est notre culture musicale.
Guillaume : Et c'est ce qui fonctionne entre nous. Au départ c'est comme ça qu'on a commencé, avec les reprises. Même si on ne la maîtrise pas hyper bien, on la chante mieux que le Français pour l'instant je pense.
Quentin : C'est plus facile à faire groover en plus.
Comment a évolué votre musique ? Quentin : Elle a changé avec la compo. Avant on faisait beaucoup de reprises. Mais ni Guillaume ni moi n'avons de passé très reggae. Moi je viens de la soul du blues, lui a plus un passé rock. Et c'est le mélange de tout ça qui donne un côté plus pêchu, plus dynamique.
Un mot sur la scène jamaïcaine ? Jonathan : On a vraiment aimé Rootz Underground. Les mecs composent vraiment de belles chansons, ça rappelle Steel Pulse.
Guillaume : Disons que le phénomène dancehall est un peu difficile à digérer.
Jonathan : Aujourd'hui, ce qui me plaît, c'est Bitty McLean, Christopher Ellis…
Avec quels artistes voudriez-vous chanter ? Guillaume : On voulait Christopher Ellis, justement, mais il était sur une tournée. Un grand rêve, ce serait Ken Boothe.
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