Propos recueillis par : Benoit Collin & Sébastien Jobart
Photos : Cyril Fleury (une) & DR
le vendredi 09 mars 2007 - 12 799 vues
Rencontre avec Stephen Marley, petit frère de Ziggy, qui sort son premier album, "Mind Control", annoncé depuis deux ans. Une nouvelle facette pour ce fils Marley pas comme les autres qui a préféré se tourner vers la production avec à la clé une carrière déjà riche des succès de "Chant Down Babylon", des duos virtuels de son père avec des rappeurs américains, et "Welcome To Jamrock", de Damian Marley. Parfois sibyllin, presque timide quand on évoque ses succès, Stephen Marley nous répond en toute simplicité.
Reggaefrance / Tu sors ton premier album mais tu n'es pas vraiment un débutant dans la musique. / J'ai commencé en 1979 avec le groupe Melody Makers. Il y avait Ziggy, Cedella and Sharon et moi. C'est comme ça que j'ai débuté dans la musique.
Après les Melody Makers, tu t'es tourné vers la production. C'est toi qui a produit ‘‘Chant Down Babylon’‘ en 1999, un album de duos virtuels de ton père avec des rappeurs américains. Ce projet a démarré comme un des nombreux souhaits et des nombreuses missions, à la fois de mon père et de la musique. Pour briser les barrières et les frontières. C'est pour cela que cet album était cross-over.
Tu as produit les deux albums de ton frère Damian, ‘‘Halfway Tree’‘ et ‘‘Welcome To Jamrock’‘ Damian est mon plus jeune frère, j'ai travaillé avec lui tout en grandissant. Je lui ai appris à jouer au foot, à lacer ses chaussures… Faire de la musique ensemble n'est pas différent, dans le sens où ça ne nous demande aucun effort particulier. C'est une chose naturelle : nous avons grandis ensemble.
C'est donc plus facile de travailler en famille ? Oui, beaucoup plus facile ! (rires)
‘‘Welcome to Jamrock’‘ a eu un succès retentissant, couronné par un Grammy, comment l'as-tu vécu ? On était très content d'avoir pu atteindre les masses. C'est planétaire, ça touche tous les gens.
Vous attendiez-vous à ce succès ? Yeah !
Tu produiras le prochain album de Damian ? Bien sûr, je suis son producteur.
On a l'impression que tu es plus discret que tes frères et demi-frères, tu ne veux pas te mettre en avant ? Je me mets en avant seulement quand c'est nécessaire.
Sur cet album, il y a beaucoup de featurings, est-ce une manière justement de ne pas te mettre sur le devant de la scène ? Non (rires). Je suis comme je suis. Je n'essaie pas de me mettre en avant, ou le contraire. Je suis là où je suis supposé être. Je n'ai aucun problème à être sous les projecteurs ou un peu plus dans l'ombre.
Parmi ces featurings, il y a Ben Harper que tu connaissais déjà. J'ai rencontré Ben Harper en 1999, quand on a fait le concert le One Love Concert en hommage à mon père, où il était présent. On s'est recroisé plusieurs fois depuis, mais l'année dernière, j'étais en tournée avec lui. On avait un petit studio dans le bus de tournée, on a commencé à improviser ensemble. Parce que c'est ce que font les musiciens, right ? Jouer de la musique.
Pourquoi avoir choisi des artistes non reggae ? Parce que je ne suis pas seulement fan de reggae !
Tu as eu un hit avec Traffic Jam avec Damian Marley et Buju Banton… On est toujours content de voir que la musique que l'on fait plaît aux gens.
Ca ne doit pas être si facile de porter ce nom de famille. Ky-mani Marley nous disait que cela fermait autant de portes que ça en ouvrait. Je suis qui je suis, et je ne changerai pour rien au monde. Je suis un fruit de cet arbre. Je n'essaie pas de m'en différencier, d'être une pêche si l'arbre donne des pommes. Je suis très à l'aise avec mon identité.
C'est toi qui produiras le projet d'album avec la Marley Family, peux tu nous en parler ? Nous ne sommes pas encore entrés dans une phase active, c'est encore seulement un projet.
Il y a aussi le projet Africa Unite à Miami et en Afrique du Sud. Comme vous le savez, mon père a chanté pour l'unification de l'Afrique. Il n'a pas fait que chanter, il s'est aussi physiquement et personnellement investi. Comme au Zimbabwe en 1980, il a dépensé son propre argent pour monter ce concert. Il n'était pas seulement question de prêcher pour l'Afrique, mais aussi de jouer un rôle dans l'unification de l'Afrique. C'est notre effort : ce concert, cette prise de conscience.
Depuis longtemps, la Jamaïque préfère le dancehall. Penses-tu que le message de ton père soit toujours présent ? Oui, c'est toujours le plus important. Il y a plein de dancehall, qui est quand même une bonne musique, ça fait du bien, mais le message n'est pas là. Cette musique manque de substance, à l'inverse de la musique de mon père, qui sera toujours là.
Au fil des années, le message des artistes s'est radicalisé, il est devenu plus violent. Oui, c'est très vrai. Le monde est plus violent. Les artistes sont le reflet du monde, ils le regardent tourner devant eux. Tout ça c'est le signe des temps.
Remerciements : Reggae MC
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