INTERVIEW :
Propos recueillis par : Benoit Collin & Alexandre Tonus
Photos : Benoit Collin
le vendredi 26 janvier 2007 - 11 800 vues
Nouveau poulain de Downsound Records après le départ tumultueux de Fantan Mojah pour Greensleeves, Nanko se présente lui-même comme "la nouvelle sensation". Dans sa toute jeune carrière ce jeune chanteur a déjà réussi à placer deux titres dans les charts jamaïcains. C'est son hit Lucky you sur le Sweet Sop riddim, dans la droite lignée de ce qui a fait les succès de I Wayne puis de Gyptian. Un number one hit rapidement suivi d'un autre succès, Loco Amor cette année. En France à l'occasion du MIDEM, nous ne pouvions manquer l'occasion de le rencontrer.
Reggaefrance / D'où te vient le nom de Nanko ? / Au début, j'ai donné ce nom à quelqu'un, et il m'est finalement revenu. C'est comme ça que j'appelais un ami, alors qu'on jouait au football. Finalement, tout le monde m'a appelé comme ça. J'ai regardé la signification de ce nom dans un livre, "Star signs", de Linda Goodman : Nanko renvoie à l'amour, au succès, à la musique.
Ta mère voulait que tu sois pasteur… Comment passe-t-on de l'Eglise au reggae ? Ma mère voulait que je rentre dans les ordres quand j'étais jeune. Mais ça ne s'est tout simplement pas fait. Tout jeune, je me suis retrouvé à faire de la musique. Je ne l'ai pas vraiment choisi. Je me suis juste retrouvé là-dedans.
Quel a été ton premier studio ? Well… Je suis passé de studio en studio. Finalement, j'ai rejoint Downsound Records, avec qui j'ai eu mon premier number one hit, Lucky You.
Raconte-nous la naissance de ce morceau justement. Lucky You a été une inspiration. Là où je vis, je voyais tout le monde heureux. A la sortie de l'école, mes amis étaient avec leurs copines. Tout autour de moi les gens se mariaient… Tout n'a pas été aussi bon pour moi. Ce sentiment sombre a donné naissance à la chanson, Lucky you ("chanceux", ndlr).
Tu fais partie de cette nouvelle mouvance roots qui cartonne en Jamaïque ; comment t’est venue cette vibe ? Pour te dire la vérité, j'ai commencé en faisant le deejay, comme Bounty Killer ou Beenie Man. Mais comme je te le disais, je n'ai pas vraiment "choisi" de faire cela, je me suis retrouvé à chanter du reggae, roots rock reggae. Désormais je m'équilibre entre reggae et dancehall. J'ai découvert que le monde acceptait plus facilement le roots rock reggae en ce moment. Le monde préfère le chant, même si le dancehall garde la cote.
En Jamaïque, combattre la violence est une des responsabilités des artistes… Oui, ça fait partie de nos responsabilités. Je dirais même que c'est l'une des raisons qui font que le monde préfère le reggae au dancehall. Le reggae éduque les gens. C'est une musique plus calme.
Tu as l’air très préoccupé par les femmes et leur place dans la vie des hommes… Well… Je crois que tout homme devrait avoir une femme et un foyer : avec une grand-mère, un grand-père, des enfants… avoir un foyer heureux.
C'est ton cas ? J'y travaille (rires). Je dois trouver une femme gentille.
Avec le succès, ça sera peut-être plus facile… Peut-être (rires). Pour être honnête, c'est difficile parce que beaucoup de filles m'aiment bien.
Tu as beaucoup de chansons d'amour mais plus récemment tu as développé un style très différent, plus hardcore, sur le Sika riddim ; est-ce un bon support pour ton message ? Parfois, il te faut donner aux gens ce qu'ils demandent. Ils aiment le roots rock reggae, les chansons. Parfois ils veulent de la vibe, et j'en ai à leur donner. Le Sika Riddim, ce genre de chansons…
Travailles-tu sur ton premier album avec Downsound ? Oui, nous sommes en train d'y travailler. Mais nous en voulons surtout pas donner aux gens de la musique faite à la va-vite. Nous voulons prendre notre temps et livrer aux gens de la bonne musique.
Tu es content de ton travail avec Downsound ? Je suis plus que satisfait. Ils font leur travail. Depuis que je suis avec Downsound, je suis beaucoup plus exposé. Du coup j'apprends beaucoup, c'est bon de travailler avec eux.
Tu as un contrat d'exclusivité avec Downsound ou tu peux enregistrer avec d'autres studios à ta guise ? Josie (Joseph Bogdanovich, le boss de Downsound Records) m'a donné la permission de travailler avec d'autres studios, mais pas trop.
Tu as fait beaucoup de concerts aux Etats-Unis et dans les Caraïbes. Quelle a été l'accueil du public ? Je suis allé dans les Caraïbes françaises, en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane française… Les applaudissements étaient presque inattendus. Parce que les gens ne parlent pas vraiment anglais. Ils chantaient la chanson mot pour mot, c'était surprenant.
Sais-tu que Lucky you a déjà été reprise en français ? Oui ! Quand je suis allé en Guadeloupe, je crois, on me l'a faite écouter. Mais je n'ai pas eu la chance de récupérer le cd.
J'ai cru entendre une version espagnole également. Que penses-tu de toutes ces reprises ? Je les vois comme une opportunité pour ma chanson d'atteindre encore plus de monde. Quand j'étais jeune, il y avait cette chanson, La Lambada. On ne comprenait pas les paroles et cette chanson a eu tellement de succès… Que ma chanson soit traduite, c'est l'un de mes rêves. Cela montre que les gens aiment la musique.
Quels sont tes projets ? Nous travaillons pour que le plus de gens possible connaissent Nanko et sa musique, et l'apprécie.
On essaie de rester "à la page" avec les nouvelles technologies. Avec les nouveaux téléphones portables, les gens peuvent télécharger une chanson ou un clip directement sur leur téléphone. Nous travaillons sur tout cela.
|
|