INTERVIEW :
Propos recueillis par : Benoit Collin & Sébastien Jobart
Photos : Benoit Collin
le mardi 21 novembre 2006 - 17 937 vues
Un pied a Miami et l'autre en Jamaïque, Ky-mani Marley a hérité du message de son père mais a choisi une autre voie pour le diffuser, préférant le métisser avec du hip hop ou du rn'b. Son dernier album en France, "Milestone" (2004), ne lui rappelle rien. Il faut donc remonter à "Many more roads" en 2001 pour retrouver son dernier effort musical. Car depuis, Ky-mani s'est surtout consacré au cinéma.
Reggaefrance / Ton dernier projet en date est le film "One Love". / Faire partie de "One love" était un vrai plaisir. C'était la première fois que je travaillais sur un film, et c'était quelque chose que j'avais toujours eu envie de faire. Je pense aussi que l'histoire du film reflète ma vie d'une certaine manière. Ca m'a permis de mieux coller au scénario, de mieux jouer. Tourner One Love était une joie.
Tu as aussi joué dans "Shottas" en 2002 mais la sortie du film a été un long périple… En fait, "Shootas" est sorti aux Etats-Unis il y a deux semaines. Je ne suis pas certain qu'il y aura une sortie européenne, mais il devrait sortir en DVD en décembre. Je suis parti rapidement après la première, mais dans les villes où je suis allé pour accompagner la sortie, ça a
A Miami, Los Angeles c'était sold-out. On a bien marché à Chicago et Boston, mais je n'ai pas pu suivre son évolution dans le temps.
Tu aimerais poursuivre une carrière cinématographique ? Oui j'adorerais. J'ai déjà quelques projets sur lesquels je suis impatient de travailler. J'adorerais continuer à faire du cinéma.
Penses-tu que cela t'expose plus ? Oui, c'est certain. Cela donne une exposition… Ca s'est littéralement fait en une nuit. Beaucoup de gens de mon voisinage me connaissent. Mais quand j'ai fait "Shottas", le lendemain, tout le monde me connaissait ! (rires)
"Milestone" est sorti en 2004, c'était une sorte de compilation de tes deux premiers albums destinée au marché européen. Je n'ai jamais vu ni entendu cet album… Je veux voir ça, je dois absolument le voir.
Le public te connaît mieux comme un artiste live. Tu viens souvent en France. Je suis venu plusieurs fois en France, j'aimerai y donner des concerts trois fois par an ! Pour être honnête la France fait partie de mes expériences les plus mémorables. J'ai joué au Zénith il y a quelques années. Les mots ne peuvent pas décrire ce que tu ressens devant 50 000 (sic) personnes qui crient ton nom.
Tu viens de faire un concert à Miami avec Gyptian, Bascom X, I Wayne. Que penses-tu de la nouvelle génération d'artistes qui ont marié le roots au dancehall ? C'est une fusion et on aime ça. Pour moi, ce n'est pas seulement la fusion de deux productions. Selon moi, c'est ce qui sort de ta bouche qui en fait ce que c'est. Je fais moi-même partie de cette fusion, j'aime beaucoup faire du hip hop, je fais du dancehall, du roots…
Tu as notamment travaillé avec le rappeur new-yorkais Afu Ra, sur l'excellent Equality. Comment s'est passée la rencontre ? Equality… J'ai été élevé aux Etats-Unis you know. Le hip hop fait donc partie de mes influences musicales, comme le rn'b ou le rock n'roll. J'aime être créatif. Je n'aime pas être enchaîné à des frontières musicales, j'aime la liberté d'expression. La musique me permet de faire ça.
Ca te permet aussi de toucher un public plus large. Peut-être mais ça n'est pas vraiment mon intention. J'aime la musique. J'ai le sentiment de pouvoir faire de la musique, et donc j'en fait. C'est peut-être plus mainstream aux USA mais mon but n'est pas lié à ça, c'est parce que c'est la musique que j'aime.
Avec le nom de Marley, tu aurais pourtant pu faire du reggae toute ta vie sans prendre de risques. Right, right.
D'ailleurs ton nom n'apparaît pas sur ton premier album. C'était un choix. Je ne voulais pas que le consommateur m'écoute simplement à cause de mon père. Je voulais prouver que j'ai du talent. Bien sûr, je suis les traces de mon père. Mais je voulais que les gens sachent que je ne chante pas parce que je porte le nom de mon père, mais parce que j'en ai la capacité.
Ton frère Damian a connu un année exceptionnelle, avec le raz-de-marée "Welcome to Jamrock", couronné par un Grammy. Que penses-tu de ce morceau ? Jamrock parle de la vie des ….. en Jamaïque. Comme un tout. "Jamrock" me rappelle "Shottas".
One on one. Beaucoup de gens ne l'aiment pas. La vérité est une offense mais pas un péché.
Ky-mani Marley & Iqulah
Etre le fils de Bob Marley doit t'apporter beaucoup de pression. Tu dois être souvent comparé à lui. Oui parfois. Mais c'est une joie. A qui est-il plus gratifiant d'être comparé ? Ce nom ouvre autant de portes qu'il en ferme. Il y a les gens qui se disent "okay il fait de la musique parce que c'est un Marley, bla bla bla", et ils ferment la porte. Et il y a les autres, qui adorent mon père et qui m'accueillent chaleureusement. C'est à double tranchant.
Tu travailles sur un album ? Oui, aux Etats-Unis. En fait, je l'ai enregistré ici, en France. Je travaille aussi sur un autre album spécialement dédié au public anglais. Nous produisons les deux. Pour l'album de Miami, je travaille avec mes frères Damian et Julian. Il y aura d'autres producteurs aussi. On est en train d'assembler tout ça.
Pourquoi enregistrer en France ? J'essaie d'amener une nouvelle énergie, de saisir ce qu'aiment les Européens. J'essaie de comprendre ça. Je reçois beaucoup d'amour ici en Europe et je veux faire de la musique pour en donner en retour, m'exprimer sur le fait que j'apprécie les gens ici.
Des singles sont prévus en pour la Jamaïque ? En Jamaïque ? Pas vraiment... On a quelques pistes, certains titres pourraient marcher là-bas, mais on n'a pas encore arrêté de choix.
Quels sont les projets avec la famille Marley ? On travaille sur un album de famille dont on parle ici et là. On a aussi le projet "Bob Marley – Africa Unite", qu'on va faire en février à Miami et puis en Afrique du Sud (Africa Unite 2007 est une série de manifestations culturelles et humanitaires organisées par la Fondation Bob et Rita Marley, ndlr). Toute la famille est réunie sur ce projet.
Un message pour nos lecteurs ? Mon message n'a pas changé : c'est "one love, one aim, one destiny". Je ne sépare pas les gens sur des critères de couleur, de culture, ou de religion. C'est un message d'amour universel.
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