INTERVIEW
Propos recueillis par : Benoit Georges
le jeudi 27 octobre 2005 - 13 516 vues
Reprenant une combinaison classique entre un chanteur et un Dj, Sugar Roy et Conrad Crystal on trouvé une formule efficace popularisée par deux hits : True love will never die et Education wize sur le Handcart riddim, qui a fait connaître Perfect. Conrad Crystal, chanteur vétéran des sound systems assure les parties chantées tandis que Sugar Roy officie comme Dj et producteur. Avec ses labels Crystal Ball et Fire Ball fondés en 2002, il figure également parmi les précurseurs du renouveau One drop en Jamaïque, à l’instar de 5th Element. Avec plusieurs titres en haut des charts, le duo connaît une consécration inattendue. Nous avons cherché à en savoir plus en les interrogeant par téléphone.
Reggaefrance / Peux-tu te présenter ? / Mon nom est Conrad Crystal. Ca fait 19 ans que je suis dans le business maintenant. Je chante depuis mon jeune âge, depuis l'époque où j'étais à l'école primaire. J'ai commencé avec le sound system Romantic, puis j'ai rejoint Kilamanjaro.
Parles-nous de ta collaboration avec Sugar Roy… Ma première collaboration avec Sugar Roy, c’était en 2002. True love will never die, c'était ma première collaboration avec lui. On a eu un bel accueil avec ce titre.
Quand vous êtes-vous rencontrés ? On se connaît depuis un bon moment, on s'est connus à l'usine de disques et au studio de Bunny General. Sugar est aussi producteur. Il a fait quelques productions là-bas et venait récupérer des vieilles bandes à lui. Nos trajectoires se sont croisées et on a décidé de travailler ensemble et d’unir nos forces. Il avait besoin de moi et j’avais besoin de lui.
L'idée était de monter un team dancehall comme Michigan & Smiley ou Tanto Metro & Devonte… Oui, c'était exactement ça.
C’était vos modèles ? Oui, ce sont des artistes complémentaires. Cette combinaison est efficace et demande beaucoup de travail. Notre objectif est de faire du bon boulot, du boulot sérieux. On va continuer sur cette voie.
Nous connaissons tes productions avec le label Crystal Ball / Fire Ball. Oui, c'est le label de Sugar Roy.
Je trouve que ça amène un son différent dans le dancehall, quelle était l'orientation du label au départ ? Parfois, il faut savoir expérimenter des nouvelles choses. Ce son, les gens en avait besoin. C'est le « real stuff ». Quand deux professionnels comme Conrad Crystal et Sugar Roy travaillent ensemble, tu as forcément du bon son, des bonnes productions.
Je vous passe Sugar Roy, il pourra mieux vous parler du label.
(Sugar Roy prend le combiné)
Bonjour Sugar Roy, je voulais parler de l'orientation du label Crystal Ball / Fire Ball, ce son spécifique… Blessed. Je pense depuis longtemps que la musique culturelle est la meilleure. J'ai grandi avec l'idée de positivité et de culture. J'ai d'abord commencé en tant que deejay. J'ai enregistré pour Exterminator, Bobby Digital. Puis j'ai monté mon label, et j'ai sorti mon premier riddim en 2001. C'était le Wanga riddim, avec Anthony B (Good cop bad cop), moi-même avec Dancehall nice again, Capleton (Can tan yah), Jah Mason. Je me suis donc concentré sur mon label. Forcément, j'ai dû laisser ma carrière d'artiste entre parenthèses mais finalement c’est mon label qui a donné un grand coup de fouet à ma carrière. J'ai rencontré Conrad Crystal. Il avait un titre True love will never die, que j’ai remixé sur un de mes riddims. Je lui ai fait écouté et je lui ai dit : voilà ce qu’on peut faire ensemble. Les gens ont adoré. Puis on a fait la reprise de Pat Kelly, Talk about love. A partir de True love, la réponse du public est devenu de plus en plus forte. Ensuite nous avons fait Educaton wize sur le Handcart riddim. C'est à ce moment-là qu'on a vraiment décollé. Je ne sais pas si on est connus, là-bas en Europe, mais ici en Jamaïque, on est très populaires.
Ca n'a pas encore atteint la France mais nous regardons les charts jamaïcains.
Vous travaillez avec des musiciens en studio… Oui, le Fire House Crew et leur bassiste, Danny, jouent sur tout mes riddims.
C'est important de jouer avec des musiciens, plutôt que de tout programmer ? Yeah man ! Bien sûr. Tous les riddims sont live. Love is overdue, Education, tout ça c’est live. C’est le vrai son, “the real ting”.
Parlez-nous de votre chanson Education wise. C'est important pour vous de parler d'éducation aux jeunes ? Les jeunes ne vont pas à l'école. Ce manque d’éducation est la cause de toute cette violence.
Il faut essayer de parler pour élever les jeunes, leur dire d'aller à l'école, d'obéir à leur mère, de rester loin de la violence. Il y a trop de crimes en ce moment… Sugar Roy et Conrad Crystal viennent pour éduquer les jeunes en leur parlant de choses positives : jeter les armes, rester concentré, s'aimer les uns les autres…
Vous travaillez sur un album ? On travaille sur un album, il sortira sur Fire Ball. On a fait un titre avec Sly & Robbie et ils nous ont demandé de travailler avec eux pour un prochain album. Le riddim est un remix du Bam bam, qui s’appelle le Raw food. La chanson s’appelle Don’t stop the music. Ce titre est beaucoup joué en Jamaïque donc je pense qu’il va aller loin. Sly and Robbie veulent un album avec nous. Il sera différent des autres albums de Fire Ball.
Il y a aussi eu cet album de Luciano l'année dernière… Oui, c'était mon album. Car Crystal Ball est aussi mon label. J’ai entendu que l’album avait été bien reçu. Je connais la musique, je suis producteur. Comme je collabore avec Conrad Crystal, les gens vont avoir beaucoup de bons disques, de la bonne musique à leur disposition. On travaille pour eux. Mais maintenant nous allons rester « strictly culture » parce que nous devons combattre la violence.
|
|