INTERVIEW :
Propos recueillis par : Sébastien Jobart
le mardi 19 avril 2005 - 33 044 vues
Trio devenu duo, la carrière de Brick & Lace démarre alors que les trois sœurs sont encore dans leurs études. Elles deviennent les choristes de Beres Hammond ou de Diana King. Initialement signées chez Jive Records, le label de R. Kelly, elles nous apprennent qu'elles ont décidé de s'en séparer, et travaillent désormais sur un album. Tasha ayant quitté le groupe, c’est avec Nyla et Nyanda que l’entretien peut commencer.
Reggaefrance / Bonjour Brick & Lace, pouvez-vous vous présenter ? / Nyla : Nous sommes les Brick & Lace. Nous sommes deux soeurs, nées en Jamaïque, et nous faisons du dancehall / reggae / rn'b.
Beaucoup d'influences donc. Quelles étaient vos influences ? Nyla : Nous avons écouté tellement d'artistes et de musique... Le reggae évidemment, parce qu'on vient de Jamaïque et qu'on ne pouvait pas y échapper... Mais aussi Barbara Streisand, Whitney Houston, Lionel Ritchie, les Bee Gees...
Nyanda : Notre mère est américaine, donc nous avons écouté beaucoup de musique pop américaine, et de retour en Jamaïque, on a fusionné tout ça. Mais on a grandi en écoutant une grande diversité de musique.
Quand avez-vous décidé de faire carrière dans la musique ? C'était il y a trois ans, quand on a décidé de s'y mettre sérieusement. On suivait nos études à l'université de Miami, et on sentait que la musique nous appelait. On s'est dit que cet appel était trop fort pour être ignoré, et on a décidé de se donner les moyens de ne pas avoir de regrets. Mais on chante depuis toutes petites dans les églises en Jamaïque. Là-bas, on est bien connues.
Vous n'avez donc pas fini vos études ? Nyla : Nous ne les avons pas finies. On a fini le lycée. On a fait deux ans d'université. Un jour, on y retournera.
J'ai lu que vous aviez refusé de tourner avec Lauryn Hill pour continuer vos études, c'est vrai ? Nyla : Non, ce n'est pas vrai. Nous avons effectivement refusé cette offre, mais ce n'était pas à cause de nos études. En fait, c'était pour poursuivre une collaboration avec Redzone, une société basée à Atlanta. C'est un gros producteur, appelé Tricky Stewart.
Nyanda : Il fallait prendre une décision : soit aller à l'étranger et être les choeurs de Lauryn Hill, ou rester à travailler sur nos projets. Nous avons décidé de travaillé notre musique.
Pourquoi avez-vous choisi le nom de Brick & Lace ? Nyanda : Brick & Lace symbolise la force féminine. Brick signifie la force, et Lace la : la féminité, beauté, élégance.
Les deux sont associés.
Nyla : Notre mère a trouvé Lace, et nous avons rajouté Brick. On voulait aussi quelque chose pour décrire les éléments les plus rudes dans notre musique. On appelle notre musique Sexy Roots Dancehall, avec du rn'b. Il fallait un nom qui évoque le fait qu'on l'on deejay aussi. C'est une combinaison.
C'est important pour vous de parler des femmes ? Nyanda : Oui, complètement. En tant que femmes, c'est notre responsabilité. Nous abordons des sujets féministes. Tous ces sujets... Les femmes aiment se sentir sexy, elles aiment s'amuser. Notre public féminin est très important pour nous. Et en Jamaïque, on a un large public féminin.
Vous écrivez vos textes à deux ? Qui a le dernier mot ? Nyla : Nos faisons des efforts. Parfois, c'est moi qui ai une idée et je viens lui demander son avis. Si elle me rejoint, ce qui arrive la plupart des fois, on finit tout ensemble, avec la vibe.
Parfois, on a un morceau
Nyanda : On écrit beaucoup ensemble. On aime s'exprimer, on écrit sur la vie, le quotidien. Des choses où tout le monde peut se reconnaître. C'est sympa d'écrire parce que tu peux laisser exprimer tous tes sentiments.
Etre soeurs rend-il la collaboration plus facile ? Nyla : Un peu des deux (rires) ! Tu réponds à celle-là.
Nyanda : Si ça rend les choses plus faciles ? Je ne dirais pas ça.
Nyla : Oui et non. Parfois, il est bon d'avoir une perspective.
Nyanda : Parfois nous sommes tellement similaires !
Nyla : C'est vrai. On a la même vision, on sait ce qu'on veut. On arrive à sélectionner les chansons. On se fait confiance et on se respecte.
Vous étiez trois au début, qu'est-il arrivé à votre sœur, Tasha ? Nyanda : En fait on est 4 soeurs à la maison. Notre soeur a fait partie du groupe, mais elle est plus intéressée ar le côté business. Ce qui ne pose aucun problème, elle fait toujours partie du processus créatif. Elle est douée pour les arrangements, les harmonies...
Vous avez signé avec Jive Records ? Nyla : Plus maintenant !
Nyanda : Nous avons eu trop de différences artistiques avec eux. Je ne pense pas qu'ils aient parfaitement intégré le marketing du dancehall. Ilsne l'ont pas compris. Et ils étaient d'accord avec ça. On a donc décidé se s'arrêter, très amicalement.
Rien n'est né de votre travail avec Jive ? Nyanda: Si, nous avons travaillé avec deux producteurs à Miami. Mais tout est question de relationnel. Il est bon de sentir que la société est derrière toi, te soutient. Tu en as besoin. Que tu aies une société avec toi est une chose, qu'elle comprenne le projet en est une autre.
C'est important pour vous de vous imposer en Amérique ? Nyla : Oui, parce que notre mère est américaine…
Nyanda : On a des frères, de la famille là-bas. On y a grandit. On a beaucoup d'amis américains. Maintenant qu'on est en Europe, on a pleins d'amis européens. Le but principal est que la musique soit entendue dans le plus d'endroits dans le monde. Je crois que c'est ce que n'importe quel artiste souhaite. Sans, excusez moi, les interviews, la télé, et toute le reste... Juste que les gens apprécient la musque. Le reste est secondaire.
C'est votre première tournée en Europe, en plus avec Marcia Griffiths et Lady G. Quelles sont vos impressions ? Nyanda : C'est merveilleux. C'est un rêve devenu réalité. Marcia Griffiths est adorable.
Nyla : Elle est très proche de noter famille en plus, donc il est agréable de travailler avec quelqu'un que tu connais et apprécie. Lady G est extrêmement respectée. Elles le sont toutes les deux, mais spécialement Lady G dans la communauté dancehall. Lady G est une deejay, Marcia une chanteuse... C'est sympa de voir tous ces styles regroupés sont sous la même enseigne : reggae dancehall.
C'est un bon line-up. Avec un groupe de femmes... Nyanda : Oui, c'est très amusant. Je crois que c'est ça : nous nous amusons. En plus on reçoit un bon retour. La foule a été tellement... Je veux dire, la vibe en Europe est incroyable.
Nyla : Il y en a tellement qui ne comprennent pas un mot d'anglais, et pourtant ils réagissent à cette musique. C'est la première fois que je viens ici. C'est tellement différent des Etats-Unis.
Il y a beaucoup de machisme dans le reggae. Nyla : Oui, il y en a tellement dans ce milieu. Mais les femmes, maintenant, ont l'opportunité de se faire entendre. D’être entendues. Les femmes s'affirment de plus en plus en ce moment. Et on en verra de plus en plus.
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