INTERVIEW
Propos recueillis par : Sébastien Jobart
Photos : Camille Chauvel
le samedi 27 novembre 2004 - 11 393 vues
Tout le monde a déjà fredonné le refrain de son hit Virtous Woman. Ce seul titre aura suffit à Warrior King pour se faire une place au soleil. C'est en compagnie de Bushman que nous le retrouvons, à l'occasion de leur tournée européenne.
Reggaefrance / Warrior King, bonjour, merci de nous accorder cet entretien. / Greetings in the name of His Imperial Majesty, Emperor Haile Selassie I the First. C'est un honneur et un plaisir d'être avec vous. Give thanks.
Hier, vous étiez en concert avec Bushman. Quelles sont vos impressions ? C'était formidable parce que les Parisiens ont toujours soutenu Warrior King. La vibe était géniale, j'ai vraiment apprécié le soutien du public. J'ai ressenti la présence du Très Haut là-bas. Truthfully.
Lors de notre dernière rencontre, vous nous aviez confié que vous chantiez comme Bounty Killer à vos débuts. Vous aviez même presque repris son nom… Oui, mon nom de scène a été Bounty Junior. Je ne lui ai pas vraiment pris : mes amis de l'école ont commencé à m'appeler comme ça parce que chantait comme lui. Moi j'aimais sa musique, et Bounty Killer en tant que personne. C'est quelqu'un de bien, je le connais personnellement.
Avez-vous enregistré sous le nom de Bounty Junior ? Non, jamais. Parce que j'ai ensuite changé pour Junior Kid, puis Junior King. Il y a eu une période où on m'a appelé Powers. Puis de nouveau Junior King, et enfin Warrior King.
Et pourquoi Warrior King ? Parce que Dieu l'a décidé. Mon manager connaît Frisco Kid. Quand on se voyait, il n'arrêtait pas de me dire ‘‘Blessed Warrior’‘. Je suis venu voir mon manager et je lui ai dit que je voulais utiliser le nom de Warrior King. Tout le monde m'a appelé comme ça. Je suis juste un guerrier spirituel qui se bat, je suis en guerre pour les droits et la justice, la vérité, la droiture et l'amour entre tous les peuples.
Quelles sont vos sources d'inspiration ? Pour vous dire la vérité, ma première source d'inspiration est Sa Majesté Impériale. Et l'Amour, aussi. Parce que Jah est l'Amour et la Vie. Ce que je ressens dans mon cœur, ce que je vois autour de moi me donne de l'inspiration. A chaque fois que les chansons me viennent, c'est Le Plus Haut lui-même qui me les donne pour transmettre son message aux gens. Toutes les chansons que je chante me donne de la force à moi comme à toi, parce qu'on est tous les deux des êtres humains. Ce qui est bon pour moi est bon pour toi et pour tout ceux qui écoute la musique. Yuh understand ?
Que faisiez-vous avant de chanter ? J'étais à l'école. J'étais ingénieur. J'ai eu mon diplôme d'ingénieur en mécanique. Quand j'ai quitté l'école, j'ai pris le bus de la musique, j'ai percé, et je ne suis jamais allé travailler dans leur industrie.
Quel est le message derrière votre musique ? L'Amour. L'Amour est la fondation du Monde. En fait, il y a les enseignements de Sa Majesté, et l'Amour. Qui est Warrior King ? L'amour. De quoi parle Warrior King ? D'Amour. Alors tu peux m'appeler Amour aussi, parce que c'est ce que je suis. Je veux que les gens de France sachent que je suis l'Amour. Je représente l'Amour. Ma musique est l'Amour. Quand je marche, quand je parle, quand je serre les mains (il s'exécute) je suis l'Amour. Tout en moi est Amour.
L'album ‘‘Virtous Woman’‘ est construit sur les mélodies. Comment écrivez-vous vos chansons ? Parfois je pense aux mots, parfois aux mélodies. Pour certaines chansons, la mélodie me vient en tête, avec les mots. Je vais alors en studio où Calibud, le producteur, joue le riddim, fait chanter les harmonies, puis mixe le tout. Pour d'autres morceaux, on me donne un riddim, je l'écoute, et les mots viennent avec la mélodie. Il y a plusieurs méthodes.
Virtous Woman a été un hit énorme. Pouvez-vous nous parler de la naissance de cette chanson ? C'était ma première véritable sortie. Mon manager est venu me voir avec le riddim de Lion Paw. Au début je ne n'aimais pas trop ce riddim. Mais mon manager m'a persuadé. C'est le Père qui m'a donné l'inspiration. A l'époque où j'ai écrit la chanson, j'étudiais les enseignements de Marcus Garvey. Et il m'a appris qu'un homme ne peut pas vivre sans une femme. Une femme pour un homme. Je lisais ce livre et à l'époque, mon empress et moi étions séparés. Etant séparé, je recherchais l'amour d'une femme. Petit, j'ai été élevé par ma mère. J'ai le plus grand respect pour les femmes. Je les aime. Je les aime vraiment. C'était le message de la chanson.
Hailé Selassie I m'a appris que les femmes devaient avoir des rôles égaux dans les activités quotidiennes. De ces enseignements et inspirations, j'ai écrit la chanson. On l'a enregistrée et quand elle est sortie, elle est devenue numéro un mondial dans le monde. Pendant 13 semaines, rien qu'en Jamaïque.
Vos chansons abordent des thèmes forts comme l'éducation, la foi… Vous lisez la Bible ? Mes chansons sont comme des psaumes et des proverbes. Mes chansons ne servent pas seulement à faire bouger les gens, elles servent aussi à les éduquer. Never Go Where The Pagans Go, Power To Chant, Love Jah and Live, Education is the key, Africa Shall Be Free… Des chansons comme celles-là. Sur mon nouvel album, il y en aura aussi : Hold The Faith, My Life Is My Life, Is It Wrong for man…
Quelque soit celui que tu vois comme ton Dieu, tu as le droit de le faire. Nous, en tant qu'êtres humains, pour éviter les guerres et les conflits, devrions apprendre à respecter nos fois respectives. Même si je suis Rasta et que tu es chrétien, nous pouvons quand même être bons amis. Les sujets de mes chansons sont très importants. Je les choisis pour leur pertinence par rapport à l'époque dans laquelle nous vivons.
Parlons un peu de ce deuxième album… Il s'intitule ‘‘Hold The Faith’‘ et sortira en février chez VP. La plupart des morceaux sont produits par Sheldon ‘‘Calibud’‘ Stewart, comme sur le premier album. C'est la même équipe, pour les même vibes positives. C'est du live, pas d'ordinateurs.
Y aura-t-il un featuring sur l'album ? Il y en aura peut-être un, mais nous n'en sommes pas encore sûrs. Peut-être une combinaison avec Gentleman. J'aime ce chanteur. J'aime ses chansons, sa musique. Il est très bon.
Beaucoup de jeunes artistes roots connaissent un franc succès, comme Bushman. Comment l'expliquez-vous ? Le roots est la fondation de la musique actuelle. Quoiqu'il arrive, les fondations resteront solides. Il en était ainsi au commencement, il en est ainsi en ce moment. Depuis le commencement, c'est le roots & culture qui domine. L'essentiel du reggae est le message qu'il transporte et son riddim. Il avance…Il relève la tête.
On ne vous entendra jamais sur des riddims plus dancehall ? Non, car j'aime trop les instruments joués en live. C'est de cette façon que je peux m'exprimer. Mais je n'ai pas de problème avec les riddims dancehall. Tant que c'est positif, la musique ne pose aucun problème. Que tu sois rappeur deejay, chanteur… Mais pour moi, personnellement, je vais continuer dans cette voie : chanter sur des riddims roots acoustiques. Tu ne verras pas chanter sur des riddims dancehall. Le chant est trop rapide, les gens ne peuvent pas comprendre. Je chante à mon allure.
Comment vous imaginez-vous dans le futur ? Quand je regarde vers l'avenir, je suis confiant, comme je le chante dans Africa Shall Be Free. Mais il faut être honnête : personne ne sait ce que demain lui apportera. Personnellement, ce que je peux dire, c'est que je me suis transformé en un instrument dans les mains du Plus Haut. Et Lui sait ce que demain apportera à Warrior King. Je plante de bonnes graines aujourd'hui. Espérons qu'elles donneront de beaux fruits demain. C'est la seule chose que je peux faire. J'espère que tout ira pour le mieux, je travaille du mieux possible. Quoi que je fasse, je fais de mon mieux en fonction de mes compétences. J'y met mon cœur, mon âme, mon amour.
Envisagez-vous la production ? Oui, dans le futur je voudrais avoir mon propre studio, mon label et me produire moi-même ainsi que de jeunes artistes avec du talent et de bonnes vibes. Tout ce qu'un homme conçoit peut être réalisé. Mais il faut du temps pour toute chose. Pour le moment, j'apprend les ficelles du métier. Plus tard, je me produirai moi-même, d'autres artistes et même mon enfant.
Vraiment ? Oui, il va avoir deux ans le 15 décembre. Mais je vois la musique dans ses yeux. Dans cinq ans, je le produis ! Quand j'écris mes chansons, il est toujours autour de moi. Il attrape le micro et chante… Je sais qu'il commencera à chanter jeune.
Merci beaucoup Warrior king.
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