INTERVIEW
Propos recueillis par : Benoit Georges
Photos : Karl Joseph & Benoit Collin
le lundi 15 mars 2004 - 9 163 vues
Appelé en renfort sur la tournée de Sugar Minott le mois dernier, le dj bobo Determine nous a accordé une interview afin de faire le point sur sa carrière déjà longue et sur ses projets. Titulaire de deux albums, "Rock the world" sorti en 1996 et "Freedom chant" en 1999 (merci à Asher pour la précision), Determine est un artiste très prolifique qui a eu son lot de hits en single et qui reste aujourd'hui très productif, se posant sur presque toutes les séries qu'elles soient roots ou dancehall.
Connu pour son ouverture musicale et ses styles déjantés, Determine a répondu aux questions de Reggaefrance et nous offre également un beau jingle. Buzumai !
Reggaefrance / Peux-tu nous parler de tes débuts musicaux ? / J’ai commencé dans une petite ville qui s’appelle Annotto Bay, dans la paroisse de St Mary, c’est sur la côte est de la Jamaïque. Après avoir quitté l’école, j’ai décidé d’aller à Kingston pour poursuivre ma carrière : j’avais 18/19 ans. Ca a été dur mais j’ai réussi a rencontrer les bonnes personnes dans le business, qui étaient à l’époque des producteurs comme King Jammys, Bobby Digital, Tubby’s, Leggo, Arrows. C’est en connaissant ces personnes et en apprenant d’elles que j’ai commencé la musique au niveau international. J’ai été connu vers 1995/96 avec le morceau Kette Drum, avec Beenie Man en featuring. J’ai eu un Tamika award, qui récompense l’artiste le plus prometteur de l’année 95/96. J’ai eu aussi un reggae/socca award. Donc ça fait longtemps que je suis là, ça doit faire 17 ans que je fais du reggae.
Et comment tu as choisi ton nom ? C’est le nom qui m’a choisi en fait. J’étais en train de regarder un film un dimanche et un acteur est apparu à l’écran en disant « I’m Mr Determine ». C’est comme ça que j’ai eu mon nom.
Au début est-ce qu’il y avait des artistes qui t’inspiraient ou avec lesquels tu étais connecté ? Avant tout c’est la musique en général car j’écoute beaucoup d’artistes. Je n’ai jamais vraiment eu d’artistes préférés, j’écoute tous les artistes, toutes les chansons, les chanteurs, les djs, j’écoute même du hip-hop quelquefois. J’écoute du ska, du rocksteady, j’écoute de la musique, la musique en général. Je n’ai pas de style préféré. Je m’inspire simplement pour être un bon musicien et un bon chanteur.
Quel était le premier morceau que tu as enregistré ? La première chanson que j’ai enregistré c’était sur un label de frères à moi. C’était juste un essai, ça se passait dans mon coin c’est à dire à Annoto Bay, St Mary. Leur nom c’est Videl, Earbie et Steeve, c’est trois frères. Il sont venus me chercher dans ma campagne et ils m’ont amené dans un studio qu’ils avaient réservé. Et j’ai chanté cette chanson « Girl me a come here fi defend ». Mais ça n’a pas vraiment marché. Quand je me suis installé en ville, j’ai enregistré une chanson sur le label Kingston 11, c’est un label de King Jammy’s. Elle s’appelait Zion. (Il chante) « Determine want to be like lion in Zion ». C’est sur le riddim Far East.
Tu disais que tu aimais toute sorte de musique. Et c’est vrai que tu dj aussi bien sur du roots classique que sur du hardcore digital ou même du hip–hop… C’est parce que j’ai l’esprit libre. Je suis ouvert aux gens. Donc la musique me vient librement et je ne peux pas m’arrêter de parler. Mais je ne me prends pas pour le meilleur. Je n’essayerai pas d’être le meilleur. Les choses que je fais, je veux juste les faire bien. Je sais que la mission ce n’est pas la compétition. Je parle et je donne aux gens une grande variété de musique et de rythme, comme ils peuvent tous comprendre le message, car tout le monde n’écoute pas du reggae. J’ouvre mon esprit, j’ouvre mon cœur et me voilà libre avec la musique. C’est de la que vient toute mon énergie, de la liberté musicale.
Et tu as une préférence pour un style de riddim ? Tous les riddims me touchent ! Et je m’en arrange, je n’ai pas de sentiments spéciaux envers un style. J’ai juste besoin d’entendre un rythme. J’aime simplement les rythmes. Je placerai toujours le reggae en premier parce que c’est un fondamental mais je reste toujours ouvert à d’autres rythmes. Je suis comme ça.
Tu t’impliques auprès des sound systems en Jamaïque ? Je vais te dire comment marche la musique. Les sounds travaillent pour les djs et les producteurs. Sans les producteurs et les djs, il n’y aurait pas de sounds car ils n’auraient rien à jouer. Donc moi je collabore avec des sounds du monde entier car dès qu’on enregistre une chanson, ça donne plus d’énergie aux sounds pour jouer. C’est pourquoi il faut toujours garder des relations de proximité avec les sounds, partout, pas seulement en Jamaïque. Je suis toujours proche des sounds.
Quels sont tes projets ? J’ai déjà commencé à monter une entreprise, en fait ce sont deux entreprises qui ne feront qu’une : une en France et la mienne en Jamaïque. On a monté un studio, j’ai réuni tout le matériel, j’ai fait toutes les démarches. Maintenant, on va faire des albums parce que j’aimerai sortir un double album. On compte sortir des vidéos et on a des projets spéciaux pour les enfants. Ce sera un spectacle, tu en entendra parler quand il sera temps. Très simplement on prévoit de mettre des jeunes sur le devant de la scène, de faire découvrir des jeunes artistes, de faire des albums. J’espère travailler avec des rappeurs, des chanteurs d’Afrique, des Etats-Unis, avec qui on a des liens. On voudrait essayer de faire collaborer le reggae avec d’autres musiques pas seulement avec le hip-hop ou le RnB.
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