INTERVIEW : VEGAS
Propos recueillis par : Benoît Georges
le samedi 29 septembre 2012 - 8 699 vues
C'est un Vegas détendu que l'on a retrouvé après sa prestation saluée par le public au Garance Reggae Festival cet été. Un show renouvelé, plus reggae, incorporant des morceaux de son dernier album, "Sweet Jamaica". Une nouvelle page pour Vegas, mais qui garde un œil sur ses fondamentaux : son plus gros succès à la mi-2012 est quand même Bruck it up, un titre dancehall énergique et explicite. C'était donc l'occasion de faire le point avec lui sur sa carrière, après des rumeurs de retraite en 2008. Il répond aussi sans tabou sur ses problèmes de santé.
Reggaefrance / Comment était le concert ce soir ? / Il était bien, de vraies bonnes vibrations, beaucoup d’énergie. C’est bon de voir les gens devenir aussi fous. C’est toujours bon de jouer en France, il y a toujours beaucoup d’énergie.
Le concert était très reggae. Tu as intégré beaucoup de morceaux de ton dernier album, ''Sweet Jamaica'', et ça semble logique après la pétition que tu as diffusée l’année dernière pour sauver le reggae. C’est parce que j’essaye de grandir avec la musique. Je viens de réaliser qu’après avoir fait de la musique professionnellement pendant plus de 16 ans, à un moment il te faut construire ta carrière. Afin de faire plus de vraies tournées, je dois apprendre à équilibrer mes prestations. Il faut que les fans de dancehall continuent à venir voir Vegas, mais quand tu participes à un festival et qu’il y a des gens qui sont venus voir Rita Marley, tu dois satisfaire aussi ce public. Il faut s’adapter pour ne pas que le public se dise : « Oh, lui c’est le concert dancehall, donc mettez-le tôt dans la soirée. » C’est ce type de carrière que je veux bâtir.
Est-ce lié au 50ème anniversaire de l’indépendance, car cet album arrive à point nommé ? Effectivement, l’album est dédié au cinquantenaire et aux grandes icônes qui ont fait le reggae : Jimmy Cliff, Alton Ellis, Dennis Brown, tous ces grands artistes. Et bien sûr, le côté dancehall, que tous les fans de Mr Vegas connaissent.
 J’ai décidé de continuer la musique autrement, en trouvant un autre équilibre  Que penses-tu de cet anniversaire ? C’est vraiment une bonne vibration. Le gouvernement s’est impliqué par exemple pour choisir les chansons, même si ce n’est pas encore ça. Ce n’est pas encore ce que ça devrait être. Mais je pense que je vais apprécier ce moment, c’est l’important.
Sur l’album dancehall, il y a beaucoup de clins d’œil à tes anciens titres, à des classiques du dancehall. Tu reprends même le riddim Black widow. Pourquoi ? De la même façon que pour l’album reggae, c’est une manière de rendre hommage à la culture dancehall. Je voulais aussi montrer d’où je venais et comment j’avais progressé. Quand j’ai commencé, on a eu des titres et des riddims qui sont aujourd’hui un peu oubliés par les plus jeunes. Je voulais rappeler tout cela et dire qu’à cette époque on faisait du bon dancehall, avec des morceaux qui peuvent être considérés comme des références. D’ailleurs, beaucoup de riddims sur lesquels j’ai commencé sont aujourd’hui considérés comme des classiques pour les soundmen.
La dernière fois que je t’ai croisé, c’était à Uptown Monday. Sors-tu beaucoup ? Ah oui, Uptown Monday… Je traîne de temps en temps dans les soirées et j’essaye d’aller dans les meilleures possibles.
Tu as sorti pas mal de chansons de danse ces dernières années, quel est ton groupe de danseurs préféré ? Je n’ai pas vraiment un groupe préféré, je soutiens tous les groupes. J’aime bien cette fraicheur que tu retrouves chez les jeunes et je veux aussi rester jeune. Suivre les groupes de danse est un bon moyen pour rester jeune. Il y a quand même Dance Xpressionz, ce sont mes nanas et Orville (Hall, ndlr) est mon pote.
En 2008, on apprenait que tu arrêtais la musique. Il était question de problèmes de santé, de ta famille… Mais tu n’as jamais arrêté, tu as continué à sortir des disques, jusqu’à ce qu’on te retrouve à Paris pour un concert en 2010… Pourquoi ? Ce n’était qu’une rumeur ? En vérité, je souffre de péricardite : si tu fais des recherches sur cette maladie, tu verras qu’elle provoque une présence de fluides autour du cœur. Mais j’ai appris à contrôler cette maladie, à vivre avec. Je peux donc mener une vie normale. Ce n’est d’ailleurs pas la raison principale qui me faisait envisager d’arrêter la musique. A ce moment, j’en avais un peu assez de l’ambiance qui régnait dans le milieu musical : compétition, jalousie, hypocrisie, mauvais esprit… C’est dur de s’en détacher et c’est très éprouvant au quotidien. Et il y avait surtout le fait d’avoir l’impression de sacrifier ma vie familiale, de ne pas pouvoir voir ma famille, mes proches, autant que je le voulais. J’ai donc décidé de continuer la musique, mais de continuer autrement, en trouvant un autre équilibre. Le fait que j’ai aujourd’hui la volonté de faire plus de reggae fait partie de ce nouvel équilibre.
Quels sont tes projets justement ? Pour l’instant, je suis en tournée. Je ne serais d’ailleurs pas en Jamaïque le jour de l’anniversaire de l’indépendance. Je ne vais même pas à Londres pour les J.O. Après l’Europe, on part dans les Caraïbes, c’est une tournée mondiale. J’ai quelques morceaux reggae prévus avec Frenchie (Maximum Sound) et j’envisage également de reprendre la production, cela me tient vraiment à cœur car c’est quelque que chose que j’apprécie et que j’avais arrêté de faire il y a quelques temps, après In the streetz.
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