INTERVIEW :
Propos recueillis par : Alexandre Tonus
Photos : DR : Minor 7 Flat 5
le vendredi 10 février 2006 - 8 703 vues
Moins connu qu’il ne le mériterait auprès du grand public, Josie Mel fait néanmoins partie des chanteurs préférés de nombreux soundboys, grâce notamment à quelques superbes singles parus sur des labels comme Star Trail ou Black Scorpio dans le courant des années 90. De retour aujourd’hui avec un album plus personnel, “Rasta Still Deh Bout”, dont le single éponyme en duo avec Lutan Fyah a fait un véritable carton, il était de passage à Paris au début du mois. L’occasion pour Reggaefrance d’aller à sa rencontre et de tenter de mieux faire connaître cet artiste plein de talent.
Reggaefrance / Josie Mel, merci beaucoup de prendre un peu de temps pour parler avec nous. Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter au public français, nous dire d'où tu viens, ce que tu fais ? / Et bien, je m'appelle Josie Mel, je viens de l'île de la Jamaïque et je suis un jeune maître du reggae conscient. J'ai deux albums à mon actif ; le premier, Freedom, est distribué par Wallboomers, le deuxième, “Rasta Still Deh Bout”, est produit par Andre, chez Minor 7 Flat 5.
A chaque fois un label européen… Oui, mais deux labels différents. Le premier album était une compilation de chansons de plusieurs productions en Jamaïque, comme Star Trail et Black Scorpio. Cette fois, c'est un peu différent, il a été produit aussi, tout a été fait par un Européen.
Qu'est-ce que tu apprécies dans le fait de travailler avec des Européens ? Ce sont des gens directs. J'aime ça. Ils te disent que ça va se passer comme ça et comme ça et j'aime ça. J'apprécie les gens directs. C'est mieux. Pas besoin de tourner autour du pot.
Parce que ce ne sont pas les mêmes méthodes de travail en Jamaïque ? Il y a beaucoup de Jamaïquains qui sont des gens directs aussi, mais parfois - je ne vais pas mentir, parfois seulement - certaines personnes…
C'est le cas Europe aussi. Oui, c'est le cas partout. Mais certaines fois, c'est différent selon l'endroit. Certaines choses sont plus carré chez les Européens.
Qu'en est-il de Jack Scorpio ou de Richard Bell ? Sont-ils des gens «directs» ? En un certain sens, oui, car ils ont contribué de façon significative à la carrière de Josie Mel. Richard Bell a produit quelques chansons de Josie Mel qui m'ont aidé à me faire un nom au début, tout comme Maurice Johnson de Black Scorpio. Mais il fallait que j'aille plus loin, que j'avance. Leurs efforts n'étaient pas tout le temps soutenus. Il fallait donc que j'évolue, étape par étape.
Comme tu le disais, ton récent deuxième album a été entièrement produit par un Européen. Il n'y a pas de singles déjà sortis dessus. Comment ça s'est passé ? Andre est un producteur qui a passé beaucoup de temps en Jamaïque. Il est venu plusieurs fois et c'est comme ça que je l'ai rencontré. C'est un bon ami à moi qui me l'a présenté. Nous avons commencé à faire quelques trucs ensemble et il a bien aimé ça. C'est alors qu'il a pensé à ce qu'on «travaille» ensemble. Personne ne pensait qu'il était là parce qu'il voulait faire un album. C'est comme ça que les choses se sont faites.
Le titre de cet album est “Rasta Still Deh Bout”, comme ton gros hit avec Lutan Fyah ; comment as-tu perçu le succès de cette chanson, comment le vis-tu ? Dieu soit béni, jusqu'ici ça a été merveilleux. Ca se passe bien et je me sens bien. Connaître ça après avoir travaillé des années et des années dans la musique, voir une chanson se placer au dessus des autres, c’est extraordinaire.
Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant que ça ait pris tant d’années quand on voit certains jeunes comme I Wayne qui explose avec une chanson ? Non, car il existe un chemin différent pour chacun. Chaque succès est différent. Je ne me suis jamais senti mal en ce qui concerne ma musique et moi-même. J’ai confiance en moi. Je sais qu’il y a différents chemins pour parvenir au succès. Certaines personnes arrivent et ont déjà le soutien dont ils ont besoin, quand d’autres gens doivent faire comme moi et travailler dur pour y arriver. Mais je n’ai pas de problème avec le fait de travailler dur, je suis persévérant.
J’ai entendu que ce succès avec Lutan Fyah vous avait aussi donné l’idée de continuer à travailler ensemble et de produire d’autres chansons en duo. Oui, nous avons des projets. Nous pensons à faire d’autres chansons ensemble, mais il n’y a rien de concret pour l’instant. Parfois Lutan Fyah n’est pas disponible, alors que je le suis, et vice versa. Nous attendons donc le bon moment pour retravailler ensemble.
Est-ce que la finalité est de faire un véritable duo comme Conrad Crystal et Sugar Roy ? Nous n’avons pas vraiment ce projet pour l’instant. Nous projetons de refaire quelques chansons ensemble, mais en définitive, je ne pense pas que nous ayons la volonté de faire un duo comme Conrad et Sugar. Je pense que nous garderons chacun une carrière solo.
J’ai relevé une chanson très particulière sur ton album, la dernière, Why. Le riddim est très différent, c’est très soul. Comment est née cette chanson ? Oui, c’est une chanson à l’ambiance plutôt «love». J’en ai eu l’idée, du mois une partie de l’idée, à l’écoute du riddim, car ce riddim avait été conçu avant que la chanson ne soit écrite. Toutes les chansons de cet album ont été écrites après les riddims. Les riddims avaient déjà été conçus avant. C’est donc le riddim qui m’a donné l’idée de faire cette chanson plus «love», pour les filles. Car je suis aussi ce type de personne, je suis quelqu’un de romantique, qui aime les femmes.
Tu es quelqu’un de très polyvalent, car tu as plein de chansons conscientes imprégnées d’un fort message rasta et puis tu as aussi cette chanson, qui s’appelle Let’s party, beaucoup plus légère. Oui, j’ai plein d’humeurs différentes, plein de styles divers. Tout le monde a différentes vibes ; il y a des moments où l’on rit, il y a d’autres moments où l’on est triste à cause de certains événements, il y a des moments pour faire la fête. Il y a différents niveaux dans la vie de chacun et il faut balancer entre eux, entre chaque petite chose. C’est un travail très complet.
Tu es déjà venu en France par le passé ; comment était-ce la première fois ? Je suis très reconnaissant pour ma première fois, car tout s’est bien passé, aux côtés de No More Babylon. Tout était carré avec No More Babylon, à chaque fois.
Et comment appréhendes-tu la deuxième fois ? Cette fois, ce sera super, ce sera mieux encore. Et je sais que ce sera de mieux en mieux, à chaque fois.
Tu vas te produire aux côtés de Shinehead cette fois ; qu’est-ce que cela représente pour toi ? L’as-tu déjà rencontré ? Penses-tu que vous chanterez ensemble sur scène ? Non, je n’ai jamais rencontré Shinehead, mais je suis très fier de partager l’affiche avec lui. Shinehead est un grand artiste, il fait partie des fondations. C’est un véritable honneur pour moi de me produire à ses côtés. Je ne pense pas que nous chanterons ensemble sur scène. En tout cas, rien de tel n’est prévu ; mais seul le temps est capable de nous dire ce qui se passera…
Pour finir, as-tu un message particulier à délivrer ? Bien sûr, comme d’habitude, comme je le dis toujours : paix et amour pour tout le monde. Soyez conscients et unis. Aimez-vous tous et aimez Dieu, sans qu’il soit question de couleur, de race, de classe ou de nationalité. Juste de l’amour et l’unité pour tous.
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