INTERVIEW :
Interview et photos : Benoit Collin
le mardi 06 décembre 2005 - 28 866 vues
Trois ans après son album “Kossity”, Lord Kossity nous revient avec “Booming System”, un album enregistré aux coté de nombreux artistes reconnus. Rencontré avant un showcase le mois dernier, il nous parle de son nouvel album et de ses projets.
Reggaefrance / Il s’est passé 3 ans entre ton dernier album Kossity et Booming system, est ce que tu peux nous parler de ce qui c’est passé pendant ce temps là ? / J’ai pris des vacances, j’ai pris le temps de réfléchir à la tournure que j’allais donner à ma musique. J’ai sorti un album aux Antilles qui s’appellait "El indio", il est sorti en Martinique. Ca m’a payé mes vacances.
Tu as fait trois albums avec Naive, pourquoi est tu parti ? Au terme de ces 3 albums, j’avais besoin de plus d’exposition. On a fait ce boulot là sur ces 3 albums, et on a décidé de se séparer. J’avais besoin de revenir à la source des choses avec ma première équipe, Mek It happen, Psycho, Crucial..Et commencer à réfléchir aux projets futurs.
Ca t'a beaucoup changé de travailler avec le label Universal ? Avec eux, j'ai eu les moyens de réaliser un super album. Ils ont été à l'écoute de mes aspirations, de ce que j'avais envie de faire. Je suis super content du résultat. J'ai un album qui fonctionne bien. Je suis content.
Il y a 2/3 de featurings sur ton album, tu ne penses pas que ça enlève un côté personnel ? Le problème c'est que… J'étais connu grâce à des featurings, mais à chaque fois sur les albums des autres. Donc là, je me suis permis d'inviter des gens avec qui j'avais envie de travailler depuis un moment. Ce ne sont pas n'importe quels featurings. Ce sont des featurings prestigieux : Shaggy, Elephant Man, Chico, Vybz Kartel, Junior Lee…
Il y a une grande diversité parmi ces featurings : roots, dancehall, africains, français, canadiens… Comment se sont faits tes choix ? Pour les Jamaïcains, ce sont des pointures. Je voulais bosser avec Elephant Man, parce c'est un artiste qu'on ne présente plus, qui a un talent hors-normes. Shaggy, parce qu'on des points en commun sur des trucs, Chico parce qu'il a une voix… A chaque fois, j'ai choisi ces artistes pour ce qu'ils pouvaient apporter.
Pas de rencontres, mais des choix… Non, il n'y a pas de hasard. C'est mûrement réfléchi. On avait tissé des liens depuis plusieurs années, et c'est comme ça que ça s'est fait. Il n'y a pas de hasard. J'ai mis autant d'invités sur l'album, parce que ça me faisait plaisir. L'argent n'a pas tout fait, les connexions qu'on avait aussi. Y'en a des connus et moins connus : Junior Lee qui a un talent fou, Krys qui est la nouvelle coqueluche dancehall mais qui n'est pas encore connu du grand public.
Daddy Mory qu'on ne présente plus, Toots qui a gagné un Grammy mais qui n'est pas forcément connu du public français.
Quand même… Bah… sur reggaefrance.com, bien sûr, mais ailleurs je t'assure : des fois je sors des blazes, les gens ne connaissent pas. En vérité ils devraient connaître.
Parlons de Toots, justement. Comment l'as-tu rencontré ? C'est un titre qu'on avait déjà depuis un moment. Le titre avait déjà cinq ans. Je l'ai enregistré en 2000, mais il n'est jamais sorti. Je l'ai remanié… Je le trouvais tellement bon que j'avais envie de l'exploiter. J'ai voulu faire un retour qui soit cohérent, qui ait un sens. C'est pour ça que j'ai mis tout ces invités-là, pour faire comprendre aux gens que Lord Ko c'est Lord Ko, et que j'ai la possibilité de bosser avec des artistes qui ont ce talent-là. C'est cool.
Comment se sont passés les enregistrements ? Parfois, on a posé chacun de notre côté. Mais pour finaliser le morceau, on était toujours tous les deux dans le studio.
Tu es devenu un artiste mainstream, te sens-tu toujours connecté à la scène underground ? Moi, je viens de l'underground, je ne peux pas m'en éloigner. J'ai toujours des potes deejays qui sont en sound system, donc je garde le contact. Mais, je ne peux plus me produire en sound. Si j'ai des potes qui m'invitent, je vais faire un truc. Mais je préfère faire des concerts que des sound systems. Mais c'est une bonne chose, c'est la meilleure école pour se développer artistiquement.
Moi je viens de là… Je n'ai aucun problème avec ça. Aujourd'hui je passe sur des grosses radios : Fun Radio, NRJ… Est-ce que ça veut dire que j'ai plus de crédibilité ? Moi je suis toujours aussi crédible. Je le dis : je suis crédible. Il n'y a qu'à écouter mon album pour savoir que j'ai pas invité n'importe qui, c'est pas n'importe quels riddims, n'importe qu'elle production… Je suis vraiment fier de ce boulot-là.
Beaucoup d'artistes jamaïcains soutiennent des jeunes. T'es-tu déjà servi de ton succès pour aider des jeunes artistes à se lancer dans le business ? J'essaie de le faire dans le sens où j'invite des artistes moins connus sur mon album. Plus l'album va marcher, et plus ils auront de chance d'être connus.
Il y a peu d'artistes peu connus... Il y a Junior Lee, Dax Riders… Mais tu sais, le marché français est ce qu'il est. Par rapport à leur présence sur mon album, ça les fait connaître sur ce marché-là. Même s'ils sont déjà super connus. Un petit peu d'euros en plus ça ne fait pas de mal.
Comment vois-tu l'avenir de Lord Kossity aujourd'hui ? Je suis en train de monter mon show pour ma tournée. J'ai pas mal de projets, de clips à faire… J'ai déjà un autre album en préparation, on commence à y réfléchir. Ca sera plus axé sur l'international.
T'es plutôt bosseur ? Bosseur, ouais. J'ai pas le temps de dormir. Si on est arrivé là, c'est parce qu'il y a tout un travail qui a été fait. Ces trois ans d'attente entre les albums, c'est trois ans de boulot. Pendant ces années, j'ai dû enregistrer près de 100 morceaux.
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