INTERVIEW :
Interview et photos : Benoit Collin
le lundi 05 septembre 2005 - 10 120 vues
Nous avons rencontré Tanya Stephens à l’occasion du Summerjam en Juillet dernier, retrouvée dans sa loge pour un court entretien avant le début de son show, elle nous reçoit souriante et disponible.
Reggaefrance / Bonjour Tanya, comment as-tu commencé à chanter ? / J'ai grandi en écoutant de la musique. En Jamaïque, il est naturel que tout le monde soit si proche de la musique. C'est une société très musicale. Il y a beaucoup de musiciens, peut-être le plus grand nombre ….
Tout le monde en Jamaïque est musicien. Donc ça a été très naturel pour moi. J'ai débuté dans l'industrie musicale quand j'étais adolescente, je devais avoir 16-17 ans. J'ai chanté ma première chanson avec mes amis, c'était un dancehall, dans un sound system. On a attrapé le micro… Mais professionnellement, j'ai commencé à chanter vers 1992.
Tu as commencé avec des morceaux dancehall. Peux-tu nous parler de cette période ? J'étais jeune, et le moyen le plus simple de percer dans ce business est de poser sur un riddim où il y a des artistes populaires. Ce n'était pas l'idéal, mais je l'ai fait et ça a marché. Mes thèmes traitaient surtout de sexe, parce que c'était l'une des choses les plus importantes pour moi à l'époque, j'étais adolescente. Ca n'a plus la même importance maintenant.
Penses-tu qu'il y a un paradoxe a être une femme et chanter du slackness ? Pas vraiment. Ce que les gens nomment slackness désigne tout ce qui est tourné vers le sexe. Et tout le monde a un sexe, les femmes comme les hommes. Donc je ne vois pas vraiment où est le problème, que ce soit un homme ou une femme qui chante ces paroles.
Est-ce plus difficile de s'imposer dans le dancehall en étant une femme, en Jamaïque ? Non, je pense que c'est difficile de passer aux choses sérieuses une fois que tu es rentré dans le business. Mais entrer dans ce business n'est pas vraiment difficile pour une femme. Il n'y a pas beaucoup de femmes, donc il n'y a pas vraiment de compétition.
Malheureusement, nous sommes assez limitées, qu'importe le niveau d'une femme, on la compare toujours aux autres artistes féminines. Et plus il y a de femmes, plus on l'oublie….
Peux tu nous parler de ton dernier album, "Gangsta Blues", et de l'évolution de ta musique ? Ma musique devra évoluer, tout comme moi j'évolue. Ma musique est l'expression de ce que je pense, de ce que je ressens. Grandir musicalement est une chose naturelle pour un artiste. Comme je le disais tout à l'heure, quand j'étais adolescente je chantais des chansons sur le sexe car c'était un thème important pour moi à l'époque. En grandissant, j'ai pris conscience de thèmes plus importants, et j'ai commencé à écrire sur des sujets plus sérieux.
Tu travailles avec VP depuis longtemps, comment se passe la collaboration ? As-tu des contraintes ou te laissent-ils totalement libre ? Je ne suis pas vraiment libre… J'ai enregistré librement avec des producteurs avec qui je me sentais à l'aise. Ensuite, VP validait ou non la chanson. Mais ils n’auraient pas bloqué de titre. C'est dans leur intérêt que l'artiste soit à l’aise.
Tu comptes rester avec VP ? J'ai un album qui arrive en Octobre avec VP, donc si je veux quitter VP, ce n'est pas le moment de le dire, parce que j'ai besoin d'eux jusque-là (rires).
Tu as des paroles plus modérées sur les hommes… Tu as changé d'avis ? Non, c'est juste que je pense que ce n'est mais c'est moins important. On est des êtres humains, tout le monde fait des erreurs, les femmes aussi. C'est juste que ça ne m'intéresse pas car je n'ai pas à défier une femme. J'ai des rapports avec les hommes, donc mon attention se porte sur les relations que j'ai eu avec les hommes. Je n'ai pas changé de point de vue. J'ai juste vu des choses plus importantes dont je veux parler.
Un dernier mot ? La première chose que je dois faire, c'est remercier tout le monde. Il y a beaucoup d'artistes, je ne parle pas seulement de la Jamaïque mais du monde entier : il y a tellement d'artistes, et beaucoup dont j'ai plus de considération que pour moi-même ! Le fait que je sois ici, que j'ai l'opportunité de voyager, que les gens aiment mon travail… C'est plus que je n'aurai jamais pu demander. Je suis toujours étonnée de voir qu'une petite de fille de Jamaïque puisse faire tellement de choses. Je suis très reconnaissante et je veux remercier tout le monde. Au-delà de ça, il n'y a pas grand-chose d'autre que je pourrais dire comme « message ». Je ne suis pas un parangon, un modèle, je ne peux pas donner de conseils aux gens.
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