KINGSTON LADIES

CHRONIQUE

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Chronique écrite par Maxime Nordez le dimanche 07 novembre 2004 - 15 693 vues Trio formé à l'initiative du documentariste français Pierre-Marc Simonin, les Kingston Ladies sortent ici leur premier album. Un 12 titres composé de classiques de la musique jamaïcaine agrémenté de quelques compositions originales co-écrites par Pam Hall et le manager du groupe. Bien qu'on ne puisse s'empêcher de penser que cette idée française ressemble à un plan marketing : assouvir le besoin des Français en original roots reggae, l'album est une vraie réussite et la qualité musicale l'emporte sur toute suspicion. Avant même de former le groupe, la sélection avait été arrêtée par P.M Simonin. La mission de recrutement des chanteuses fut confiée à Pam Hall qui, en grande professionnelle, a su s'entourer. Elle a choisi, Leba Hibbert (fille de Toots et choriste pour Sly & Robbie) et Keicha Patterson (chanteuse, danseuse et actrice rencontrée par Pam sur un casting de comédie musicale, travaillant aussi pour le Taxi Gang). Pour avoir interviewé ces ladies, on sait qu'elles donnent l'impression de vraiment s'éclater dans ce projet et c'est précisément cette positive vibe qui ressort dans l'enregistrement. Elles parviennent à s'approprier des standards repris maintes fois et tirent leur épingle de ce jeu. Avec Leba dans les aigus, Pam assurant les parties graves et Keicha s'insérant en voix intermédiaire, le timbre du trio est à la fois clair et compact. Techniquement, elles sont tout simplement surdouées et leurs prestations live en sont la preuve vivante. Quelques chefs d'œuvre du roots L'album débute symboliquement sur le titre "Unite", une composition originale aux lyrics positifs. On trouve, dans ce "Ladie's Turn", quelques chefs d'œuvre du roots. C'est le cas de "King Majesty" (le "Queen Majesty" des Techniques) qui replace les Kingston Ladies dans la tradition des grands trios vocaux jamaïcains. Leba assure la voix lead sur ce titre où les cuivres se surpassent. On trouve aussi "Train is coming" de Ken Boothe magnifié cette fois par Pam. Puis suit "Wisdom" de Bob Marley, on appréciera particulièrement le choix judicieux de cette reprise. Ce titre est agrémenté d'un solo de sax bien senti et de chœurs envoûtants. Puis s'insèrent des titres plus connus comme le "Number One" de Gregory Isaacs où les filles se mettent au défi : "Who is di Number One ? Mi a di Number One…". Autre big tune : "Still in love", dans une version rassemblant l'originale d'Alton Ellis et sa reprise "Uptown Top Ranking" du duo Althea & Donna. Autre choix dans le catalogue d'Alton Ellis : "Willow Tree", chœurs et cuivres ressuscités, fidèles à l'original. Réussite indiscutable Les compositions telles que "Don't stay away" et "Lonely days" (avec ses cuivres tirés du Rockfort Rock Riddim) s'insèrent sans problème dans la sélection. A signaler les titres dancehall comme "Woman of the ghetto" (Big up Jungle, Rema, Tivoli, Brooklyn…) ou "Magic" qui viennent rappeler que les Kingston Ladies sont en phase avec leur époque et ont aussi un message consistant à délivrer. L'ensemble est très cuivré et l'apparition du sax soprano sur "Can't trust you" apporte une couleur nouvelle. La réussite de ce projet est indiscutable, les Kingston Ladies s'illustrent aussi bien dans les répertoires rocksteady, lover's, reggae que dancehall et ragga-dub. Comme nous le confiait Pam Hall en interview : "Elles savent tout faire !". Leba et Keicha devraient respectivement sortir leur premier album solo d'ici peu, quant à Pam, elle multiplie les sorties avec un album dancehall, un de lover's rock/one drop et un sublime album jazz : "Testament", enregistré en duo avec Ernest Ranglin. Un potentiel énorme pour ces ladies, actuellement en tournée, prêtes pour un deuxième album dont on guettera la sortie avec attention.

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