Chronique écrite par Jérôme Bast le mardi 20 mai 2014 - 8 963 vues
Entre Hollie Cook et Prince Fatty, c'est déjà une longue histoire. Le producteur anglais était aux manettes de son premier album en 2011, puis de sa version dub l'année suivante. Quand la belle Anglaise a annoncé la sortie de son nouvel album via le site de financement participatif Pledge Music, on ne doutait pas qu'il chapeauterait à nouveau la production de l'album. L'équipe est sensiblement la même puisque l'on retrouve également Dennis Bovell et George Dekker (The Pioneers) et Winston Francis.
Accompagné de ses complices habituels, Hollie Cook poursuit l'exploration de ce son gorgé d'influences, baptisé "Tropical Pop", en élargissant le spectre : de la harpe sur Looking For Real Love, du steeldrum sur Postman, des percussions, des arrangements électro… Ce sont les arrangements de cordes qui frappent d'emblée : ils sont signés par The Macedonian Radio Symphonic Orchestra et abondent sur tout l'album. Cette habitude typiquement anglaise en matière de reggae habille son chant aérien et ajoute à la tonalité quasi spectrale, illustré précédemment par les squelettes.
La sonorité pop est renforcée par l'absence du deejay Horseman, habituel contrepoint de la belle en studio ou sur scène. Plus encore que sur son premier album, "Twice" véhicule une mélancolie, un vague à l'âme perceptible sur le nostalgique 99 ou Desdemona (Desdémone, personnage de Shakespeare au destin tragique dans "Othello"). Le ton est donné dès l'ouverture de l'album, sur un hommage à Ari Up, la chanteuse Ariana Foster du groupe punk féminin The Slits, décédée en 2010. Ari Up est une amie de la famille (les Slits étaient un peu les petites sœurs des Sex Pistols) et c'est d'ailleurs au sein des Slits qu'Hollie Cook a fait ses premières armes. Qu'elle regrette un amour perdu (Tiger Balm, superbement habillé de cordes) ou qu'elle recherche un amour véritable (Looking for Real Love), sa voix évanescente irradie tout au long d'un album qui invite au voyage.