Chronique écrite par Jérôme Bast le vendredi 04 octobre 2013 - 13 700 vues
Le rare Milton Henry n'est probablement pas le plus connu des chanteurs jamaïcains, mais certainement pas le moins talentueux, n'en déplaise à sa carrière discrète, entamée en Jamaïque et poursuivie aux Etats-Unis chez Bullwackie's. Aujourd'hui, c'est le label français Iroko Records qui lui redonne une juste exposition (après Freddie McKay et Earl Zero), avec un nouvel album, produit par Roberto Sanchez.
Découvert à l'âge de 12 ans par Carl "Mr Satisfaction" Dawkins, Milton Henry forme pendant un temps un duo avec Prince Alla, The Leaders, puis remplace Max Romeo, parti en solo, au sein du groupe The Emotions. En Jamaïque, il enregistre pour Lee Perry ou Bert Brown (Freedom Sounds) et même sous le nom de King Medious (This World) avant d'émigrer pour les USA en 1979. Il y fait la rencontre de Lloyd Bullwackie Barnes, dont le studio est un carrefour de la diaspora jamaïcaine. Très impliqué dans la vie du studio, il passera aussi derrière le micro, enregistrant le tant espéré premier album solo, "Who do you think I am?" (réédité en 2007) puis "Babylon Loot". C'était son dernier album… jusqu'à maintenant.
"Branches And Leaves" n'est pas juste un autre album de vétéran qu'un label bienveillant a décidé de lui offrir. On connaît le minutieux et remarquable travail de Roberto Sanchez pour faire revivre le son d'antan (comme pour le formidable album d'Alpheus, "From Creation" sorti début 2011). Ses productions, façonnées dans son studio A-Lone Ark (les voix ont été enregistrées à Wackies), sont une nouvelle fois irréprochables et insufflent une mystique naturelle portée par le chant langoureux de Milton Henry.
On savait à quoi s'en tenir dès le printemps grâce à la sortie en préambule d'un 12" regroupant Rastafari cannot die (dont une ligne donne son titre à l'album) et Let go the ego. Skank acéré, cuivres envoûtants, mix précis… Deux bijoux, et le reste de "Branches and Leaves" est du même acabit. La voix de Milton Henry n'a certes plus la vigueur d'autrefois, mais elle n'a rien perdu de sa profondeur et ne gâche pas sa poésie. L'essentiel, ici, se joue entre les notes, entre les mots. Et l'on aura beau regretter un album un peu court (format "showcase", 6 chansons, 6 dubs), "Branches and Leaves" est une nouvelle réussite à mettre au crédit d'Iroko Records.
2 réactions
Une pure merveille !
Un des 3-4 meilleurs albums de musique jamaicaine de 2013. tout est d'un gout parfat.
REACTIONS
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Appréciation générale :
Une pure merveille !
Un des 3-4 meilleurs albums de musique jamaicaine de 2013. tout est d'un gout parfat.