Tracklist :
01. Do the reggay - Toots & The Maytals
02. Love makes do foolish things - Slim Smith
03. Everything crash - The Ethiopians
04. Midnight hour - The Silverstones
05. Peace and love - The Jamaicans
06. Hypocrites - Bob Marley & The Wailers
07. On the beach - The Paragons
08. Once upon a time - Delroy Wilson
09. La la means I love you - Alton Ellis
10. Intensified - Desmond Dekker
11. Ride me donkey - The Tenors
12. Why did you leave me to cry ? - Phyllis Dillon & Alton Ellis
13. Django shoot first - Lee Scratch Perry & The Upsetters
14. Love kiss up - The Termites
15. You mean the world to me - The Paragons
16. All my tears - Alton Ellis
17. Zippa de do da - Judy Mowatt & The Gaylettes
18. Moonlight lover - Joya Landis
19. Love is a gamble - The Techniques
20. Thos guys - The Sensations
Chronique écrite par Smaël Bouaici le lundi 18 août 2008 - 21 283 vues
1968 c'est l'année durant laquelle le reggae se fait une place sous le soleil de la Jamaïque. L'année où les Skatalites décident d'énerver un peu leur rocksteady, celle qui voit Lee Perry fonder son premier label Upsetter. C'est aussi l'année des révoltes : de Berkeley à Paris, la jeunesse gronde, et le rock n'est plus le seul catalyseur des frustrations. Le King Selassie est passé par Kingston deux ans auparavant, et les revendications rastas vont vite transformer cette musique de soundsystem en protest songs.
Cette compilation propose des titres tous produits en 1968, une année hybride plutôt que charnière. On y trouve le Do the reggay de Toots & the Maytals qui baptise ainsi ce nouveau rythme, et des chansons qui tiennent encore du rocksteady et d'autres au bord du reggae, pas encore tout à fait roots. Les Ethiopians sont encore en mode dancehall avec Everything Crash et son orchestration steady steady. Les Paragons avec On the Beach ne savent pas encore qu'ils entrent dans l'histoire comme le premier morceau dub grâce à Duke Reid et Ruddy Redwood, tandis que Delroy Wilson chante encore ses déboires amoureux. C'est aussi la fin de des années de gloire de Mr Rocksteady, Alton Ellis, roi de la période. Bob Marley a encore la voix un peu frêle, mais il chante Hypocrites sur le riddim Nice Time, qui refaçonné par les producteurs jamaïcains, est appelé à devenir un classique du reggae.
Finalement, et il n'y a rien d'étonnant, c'est le morceau de Lee Perry, Django shoots first sur le premier album sorti sur son label qui préfigure le plus le reggae à venir. Le riddim deviendra celui de l'hymne de Toots, 54-46, et sa basse qui roule est déjà prête à prendre un rimshot en soutien. Déjà, au niveau du rythme et de la production, L'Upsetter est en avance sur tout le monde. En fait, 1968 est une année symbolique, mais ce n'est pas la bonne année pour écouter du early-reggae et suivre son évolution jusqu'au roots, avec des morceaux plus longs qui dépassent les 3 minutes. Il est encore un peu tôt, 1968 est plutôt l'année de la fin du rocksteady. On attend donc les volumes 1969 et 1970.