Tracklist :
01. Wife And Sweetheart Dem A Friend (feat. Ranking Trevor)
02. Mine Yuh Mouth / Late Night Movie (feat.Lui Lepkie)
03. Quick Divorce (feat. Lui Lepkie)
04. My Woman / Ten Thousand Woman (feat. Kojak & Liza)
05. Do Good (Special Extended Mix)
06. Teach The Youth
07. Good Loving
08. Give You Everything
09. Family Affair
10. Mouth Talk
11. Gwan And Lef Me
12. Cast Eye Boy
Chronique écrite par Benoît Georges le mardi 29 avril 2008 - 29 049 vues
Parue sous la marque "vintage" 17th North Parade de VP, la compilation "Teach the youth" met à l'honneur une partie méconnue du travail de Barrington Levy chez Joe Gibbs, agrémentée des versions deejays et de dubs issus de singles ou des fameux "disco mix" du label. VP a donc été piocher dans le catalogue de Joe Gibbs, disparu en février, pour en extraire ces quelques inédits en cd estampillés 1980-1985, une période sous-représentée dans les rééditions qui lui sont consacrées. L’un des plus grands producteurs jamaïcains des années 70 livre ici un baroud d’honneur : distancé musicalement par la jeune génération (Junjo Lawes ou Jammy), il ne peut rivaliser commercialement avec la puissance marketing d’un Greensleeves qui domine le marché du dancehall.
Le style dancehall de Joe Gibbs et de son ingénieur attitré Errol Thompson (surnommés the Mighty Two) n’est pourtant pas sans intérêt : moins brut et moins lourd que le son Roots Radics, il apparaît comme un pont entre les années 70 et 80, symbolisé par l'utilisation des claviers (Give you everything) ou des chœurs (Do good, au mix aéré au service des voix). La colonne vertébrale du disque est composée des huit titres parus sur le LP "Reggae vibes" que Barrington Levy partageait avec Sammy Dread, enrichis des cuts de deejays de l’écurie Gibbs (Ranking Trevor, Lui Lepkie, Nigger Kojak et Liza) et des versions dubs. L’utilisation de riddims déjà bien connus (certains ont même été déjà utilisé par Barrington Levy) sont propices à des lyrics alternatifs (comme sur Teach the youth sur le Mr Bassie ou Good loving qui reprend mélodie et riddim du Skylarking), plus qu’à des versions originales.
Autre spécificité de la maison, les « girls lyrics » composent la majorité des chansons : My woman sur le riddim Love is not a gamble (et son dub Cast eye boy) est l’un des hits de Barrington Levy chez Gibbs, succès prolongé par Ten thousand woman la version de Kojak & Liza, un duo dancehall homme-femme suffisamment rare pour être signalé. La saga matrimoniale se poursuit avec Wife and sweetheart a friend (et son dub Family affair), enchaîné avec la version du même nom de Ranking Trevor, pour s’achever en tragi-comédie sur Quick divorce (riddim Darker shade of black dubbé sur Gwan and lef me), où Barrington supplie le juge de prononcer son divorce. Rosemarie, la version toasté de Lui Lepkie, fut l’un des hits de ce deejay, suivie de près par Late night movie sur le riddim Bobby Babylon qui sert ici de support au titre Mine yuh mouth (et son dub Mouth talk). Ce "Barrington Levy & friends" offre un éclairage intéressant sur cette période dominée par le son Channel One, même s’il contribuera à ajouter encore un peu plus de confusion dans la discographie labyrinthique du chanteur. C’est aussi un témoignage des dernières années d’une légende du reggae : ruiné par un procès suite à des droits impayés sur un titre de JC Lodge, Joe Gibbs mettra la clé sous la porte en 1985 et ne reviendra jamais vraiment dans la course.