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Date de mise en ligne : mercredi 06 juillet 2005 - 11 827 vues
Ken Boothe : la consolation soul
Ils étaient finalement nombreux à venir au Cabaret Sauvage pour récupérer leur ticket, vendus uniquement sur place. Car cette soirée était bien une surprise, un concert de consolation pour certains, une semaine après l'annonce de l'annulation du Garance Reggae Festival, où était programmé le vétéran Ken Boothe. Alors que son "Live in Paris" enregistré dans cette même salle venait de sortir, l'opportunité de mettre sur pied une telle date en si peu de temps s'est vite vérifiée.
 Sans première partie, une simple introduction au micro suivie de l'entrée sur scène de Ken Boothe suffit à déclencher des salves d'applaudissement nourris. Si le vétéran est pour la troisième fois en moins d'un an sur la scène du Cabaret Sauvage, cela reste son troisième concert parisien en plus de quarante ans de carrière. Le tracklisting renvoie une fois encore à ses meilleurs titres, avec une sélection légèrement modifiée. Après une entrée sur Old Fashioned Way, l'ambiance monte immédiatement d'un cran dès le deuxième titre avec le crucial Colombus. Uniquement en acapella lors de ses précédents concerts, le titre retrouve une nouvelle jeunesse sous l'impulsion des Toulonnais de No More Babylon, backing band attitré de Ken Boothe de France, accompagnés du tromboniste Buttons de Mattic Horns. "Cette soirée est un peu une surprise, merci d'être venus", clame Ken Boothe avant d'entonner les premiers mots de Crying over you. Suivront Silver Words, et Artibella avec sa désormais habituelle partie "dancehall", illustrant la modernité d'une chanson qui, écrite au milieu des années 60, a traversé les âges.
 Alternant ses plus gros hits, Ken Boothe n'oublie pas l'un de ses premiers, encore inédits en concert : l'essentiel Is It Because I'm Black, reprise du standard américain de Syl Johnson de 1970. Mr Rocksteady enchaîne les pas de danse et finit en acapella, sa voix chaude et puissante emplissant le Cabaret Sauvage : "Please open the door and let me in, open the door and let us in". "J'aurais pu naître Blanc, vous auriez pu naitre Noirs", lance-t-il au public. Fidèle à lui-même, Ken Boothe n'est pas avare de bonne humeur. Ravi, il déborde d'énergie, serre des mains et remercie à tour de bras. "Le monde a besoin d'interaction aujourd'hui, on a besoin de toucher les gens". Le tour d'horizon de ses hits se poursuit : You're no good poussé dans ses derniers retranchements dub, The Train is Coming, Tell You Goodbye, The Girl I Left Behind, et une longue version de Moving Away. "C'est la première chanson qui m'a mis dans un avion pour aller à l'étranger", introduit Ken Boothe avant que ne s'égrennent les premiers accords de Puppet On A String.
 Voix en or
Il enchaîne sur une superbe version de Speak Softly, le thème du Parrain, tout en puissance contenue et acclamée par le public. Ken Boothe quitte la scène après son classique Everything I Own (son plus gros hit, notamment en Angleterre) et c'est un autre incontournable, Freedom Street, qui lance le rappel. Son hit de 1970 pour Leslie Kong s'achève une fois encore en acapella, bien repris par le public. "Il n'y aura pas de liberté tant qu'il n'y aura pas de paix" scande-t-il. L'énergie retombe avec le My Heart Is Gone. Ken Boothe rend hommage à Luther Vandross décédé il y a quelques jours et finit sur deux acapellas avant de quitter définitivement la scène. Souvent et à juste titre comparé à Otis Redding, Ken Boothe achève deux heures de concert dans la plus pure tradition des chanteurs soul. Mr Rocksteady n'a pas failli à sa réputation taillée dans le marbre de "soul man" à la voix d'or, humble et généreux. Chaleureuse, intime, et pleine d'effusion, la rencontre de Ken Boothe et de son public aura fait oublier les raisons-mêmes de sa présence dans cette salle ce soir-là.
Article écrit par Sébastien Jobart.
Photos réalisées par Karl Joseph
Tags : Ken Boothe (71)
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