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Date de mise en ligne : jeudi 21 avril 2005 - 19 428 vues
Queens of reggae tour - Marcia Griffiths, Lady G., Brick and Lace
Nombreux étaient les gens déçus lors du dernier Jamaican Sunrise quand l’info tomba que Marcia Griffiths ne serait pas là. Pourtant, ce n’est que dans le cadre intime et atypique du Tryptique que cette grande dame du reggae nous faisait l’honneur de se produire enfin hier soir. Le concept novateur de la soirée (un plateau exclusivement féminin), la variété et la qualité du line up présent étaient à la hauteur de l’événement. Compte-rendu d’une soirée comme on n’en voudrait plus souvent, pleine de douceur, de charme et d’émotion.
Les portes se sont ouvertes un peu plus tard que prévu. Mais il n’y avait pas encore foule devant le Tryptique à cette heure-là et la salle a mis un certain temps à se remplir, les artistes à arriver aussi. Dans l’attente, pas de réelle animation, si ce n’est quelques disques de Sizzla et Luciano qui tournent inlassablement.
C’est donc sur les coups de 21h30 que cette fête musicale placée sous le signe de la femme a commencé. Pancho, le MC de la soirée entre en scène pour nous présenter le Force Band, groupe exclusivement féminin chargé d’accompagner les différentes ladies qui vont se produire.
Un petit Jamming instrumental en guise d’intro et on part sur les chapeaux de roue avec Brick and Lace, chanteuses sublimes, très en vogue en ce moment grâce à leur astucieux mélange de riddims dancehall et énergiques et de voix suaves aux teintes r’n’b. Elles ne sont plus que deux aujourd’hui, mais chacune frappe par la pureté de sa voix et l’harmonie entre les deux est parfaite. Elles imposent d’emblée un rythme soutenu en rentrant sur le Bomb a drop riddim et leur entraînant Gonna be startin’ somethin’. Suivent Love alone sur le Stepz riddim ou encore Put it on me sur le Thrilla riddim pour un show massivement dancehall. Les deux jeunettes semblent prendre un vrai plaisir à jouer devant le public parisien plutôt réceptif et après un petit tour sur un riddim reggae, elles se lancent dans une petite leçon de danse jamaïquaine façon Elephant Man, puis dans la reprise (réussie) de Turn me on de Kevin Lyttle. Le show fut assez court, mais les Brick and Lace ont pleinement eu l’occasion de prouver qu’on devrait compter sur elles dans l’avenir et que leur sexy dancehall avait encore de beaux jours devant lui.
Le ton monte alors d’un cran quand Pancho reprend le micro pour introduire Lady G. La DJ vétéran paraît en grande forme et son sourire fait vraiment chaud au cœur. Elle nous offre un show digne des plus grandes. Sur une ambiance essentiellement reggae, tous ces hits y passent (God daughter, Is it me or the gun et bien sûr le gigantesque Nuff respect, sur lequel Lady G. se permettra même de reprendre Rumours de Gregory Isaacs). La dame ne pourra se refuser quelques incursions dancehall malgré tout et ses big tunes Breeze off et Man a badman font l’effet de bombes dans le public. C’est d’ailleurs sur cette dernière que Lady G. conviera Pancho à la rejoindre sur scène pour une fin de show haute en couleurs. Le MC jouant le rôle de Papa San, les deux artistes se lancent dans une joute verbale sur des titres comme Legal rights ou Back together again. Le rappel permettra d’entendre un brand new, Hungry child, chanson d’amour et de paix sur le That little girl riddim, et finira de mettre tout le monde d’accord. Les textes sont conscients, les thèmes abordés sérieux, ce qui n’empêche pas une petite pointe d’humour de temps en temps et ce qui fait de Lady G. une artiste complète et on ne peut plus efficace.
C’est alors au tour de la reine de la soirée, Madame Marcia Griffiths, de faire son apparition. Accompagnée pour l’occasion des Brick and Lace aux chœurs, elle sait mettre l’ambiance à son comble dès la première chanson. Sa voix est toujours aussi douce et pénétrante et Marcia arbore un air radieux et jovial, presque iluminé par moment. Dans sa grande robe rouge, Marcia enchaîne hit sur hit, sans répit. Childish games, I shall sing, Closer to you, Tell me now, Let me hold you tight, Feel like jumping, toutes ses plus belles chansons y passent et le public est aux anges. L’ancienne choriste de Bob Marley ne manque bien entendu pas de lui rendre hommage à plusieurs reprises, en agrémentant son concert de quelques reprises, notamment un Three blind mice de toute splendeur. Sur la fin du show, le spectacle prend encore une dimension supplémentaire, quand Marcia invite son fils à la rejoindre pour chanter avec elle son hit de l’époque Bob and Marcia, Young, gifted and black. Puis Lady G. revient à son tour pour pousser la chansonnette aux côtés de Marcia et c’est encore une fois impressionnant de voir la prestance et l’assurance de la DJ à côté de cette grande dame du reggae. Une reprise bien sentie du No, no, no de Dawn Penn et le big hit Dreamland et Marcia quitte la scène dans une véritable ovation amplement méritée.
Pour le rappel, tout le monde se retrouve sur scène pour un final digne de ce nom sur deux reprises de Marley, Lively up yourself et One love, ponctué par un salut à la manière du théâtre : magistral ! Cette soirée a dépassé toutes les espérances de tout le monde, l’ambiance était on ne peut plus positive et chaleureuse. Rien à redire, les femmes dans le reggae peuvent et savent mettre ça très haut. Si l’on devait émettre une réserve, ce serait peut-être l’absence d’une vraie guitare solo ; cela aurait permis de donner plus de profondeur et d’authenticité aux bonnes vieilles instrus reggae rock qu’affectionne tant Marcia Griffiths. Mais c’est vraiment pour chercher la petite bête.
Article écrit par Lexxx T. Photos réalisées par Karl Joseph
Tags : Marcia Griffiths (38)
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