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Date de mise en ligne : jeudi 09 décembre 2004 - 13 617 vues
Twinkle Brothers, les retrouvailles
Certaines retrouvailles ont un parfum particulier, et celles entre les Twinkle Brothers et le public parisien en font partie. La formation est passée à Paris pour un concert unique, leur deuxième dans la capitale en quarante ans de carrière.
Les Twinkle Brothers sont souvent réduits à l'unique figure de Norman Grant, dont le visage est d'ailleurs le seul à apparaître sur les tickets délivrés ce soir-là. Le groupe s'est construit sur le modèle du trio vocal (la norme à l'époque) au début des années 60. Les deux autres frères Grant, Ashton et Ralston, guitaristes et choristes, complètent le tiercé. Après des débuts comme des dizaines d'artistes jamaïcains (après avoir appris le chant à l'église, ils sont révélés par un concours de talent puis produits chez Duke Reid), les Twinkle Brothers s'imposent avec le producteur Bunny Lee. Leurs nombreux succès, dont Rasta Pon Top en 1975, donnent à Norman Grant, leader naturel du groupe depuis ses débuts, des rêves de carrière solo, peu concluante et vite avortée. En 1981, il rejoint Inner Circle, diminuée par le décès de Jacob Miller l'année précédente. L'expérience ne sera que de courte durée, et Norman retrouvera finalement ses frères deux ans plus tard. Réunis, les Twinkle Brothers reprennent leur carrière là où il l'avait laissée. On les remarque au Reggae Sunsplash en 1984 et avec Jah Shaka en 1985 ("Right Way"). Résidant aux Etats-Unis, ils iront même enregistrer en Pologne un album, "Twinkle Brothers Ina Poland Style" avec Trebunia Family.
Energie terrible
Pour leur deuxième date à Paris en quarante ans de carrière, les Twinkle Brothers ont pu s'assurer que leur popularité est restée intacte. Et démontrer l'efficacité de leurs chansons en live. Le Cabaret Sauvage était rempli pour ces retrouvailles parisiennes, quelques jours après l'accueil chaleureux d'Aix-en-Provence. Ralston manquait à l'appel. En l'absence de l'unique alternative au lead vocal et pour satisfaire au rite qui veut que Norman monte sur scène après quelques chansons, c'est le bassiste Dub Judah qui entame la soirée au micro. Le temps de quatre chansons, avant que Norman Grant ne déboule sur scène, électrisant la foule. Le public immédiatement conquis, Norman Grant se charge d'égrener les nombreux hits du groupe. It's Only Rasta, Jah Kingdom Come, Since I throw the count away au refrain repris par le public, Praise His Name : la sélection, à l'image de l'ensemble de la production du groupe, est très spirituelle.
La section rythmique est particulièrement percutante, avec un duo basse/batterie omniprésent. Norman, très en forme, insuffle une énergie terrible à chacun des morceaux. Derrière, véritablement habité, les yeux exorbités, Dub Judah se contorsionne sur le manche de sa basse. Les musiciens, appliqués, sont bien aidés par l'ingénieur du son derrière la console pour "dubber" en direct les fins de morceaux. Jehovah, habituellement interprétée par Ralston, prend des accents nouveaux et s'achève dans un freestyle rub a dub. Norman interpelle le public : "Voulez-vous entendre ce que j'ai écrit il y a 40 ans ? J'avais seulement 14 ans à l'époque." Et d'entonner Somebody Please Help Me, son premier titre enregistré chez Leslie Kong sur le label Beverly.
C'est ensuite le retour des rythmiques lourdes et des classiques. Rasta Pon Top affole un public connaisseur, Retribution, Free Africa puis Never Get Burn transforment la fin de concert en compilation du groupe, faisant la part belle aux années 70. Le public n'entendra qu'une poignée de titres issus de leur album à venir. "Les 70s étaient une bonne décennie, déclare Norman Grant. Nous y étions, et nous sommes toujours là aujourd'hui". Les Twinkle Brothers quittent la scène après plus de deux heures de concert, scellant des retrouvailles réussies avec le public parisien.
Article écrit par Sébastien Jobart
Tags : Twinkle Brothers (21)
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