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Date de mise en ligne : mercredi 18 février 2004 - 15 254 vues Concert : Jamaïca all stars à Paris
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Le New Morning accueillait dimanche 15 février les Jamaïca All Stars, onze musiciens et chanteurs parmi lesquels les légendes Johnny « Dizzy » Moore, Justin Hinds, Skully « Zoot » Simms et Sparrow Martin. Un voyage au cœur des origines du reggae, traversant quarante ans de musique populaire jamaïcaine
A l’origine de l’aventure des Jamaïca All Stars, il y a un homme, Pierre Marc Simonin, et son documentaire, Portaits de la Musique Jamaïcaine. Parti à Kingston pour réaliser un film sur l’inévitable Bob Marley, il découvre alors que la petite île de trois millions d’habitants bouillonne de créativité musicale depuis cinquante ans : mento, calypso, boogie, bluebeat, ska, rocksteady, reggae, dub, dancehall, autant de musiques populaires issues d’une fécondité extraordinaire. Pierre Marc Simonin tombe sous le charme. De sujet unique, son documentaire devient multi-facettes. Sa caméra part à la rencontre des pionniers : Justin Hinds, star du rocksteady dans les années 60 ; Skelly Simms, disciple de Count Ossie, et percussionniste lumineux dont la route a croisé celle des plus grands ; Johnny Dizzy Moore, membre fondateur et trompettiste des Skatalites ; Sparrow Martin, enfin, directeur musical de l’Alpha Boy School, entre les mains duquel sont passés les meilleurs musiciens de Jamaïque… L’envie du réalisateur de leur rendre hommage dépasse le simple cadre du documentaire, et sert de point de départ à la création des Jamaïca All Stars. S’ensuit une première tournée française et l’enregistrement d’un album, Back To Zion, en 2003. Puis un deuxième, Right Tracks, qu’ils présentent en ce début d’année. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle de musiciens cubains, réunis au sein d’un certain Buena Vista Social Club…
Patrimoine musical
Derrière le quatuor de vétérans, on est frappé par la jeunesse des autres musiciens qui n’ont pourtant rien à envier à leurs aînés quand il s’agit de dérouler des riddims aussi célèbres que Rockfort Rock, Drink Milk, ou Occupation. Et pour cause, ils sont issus de la célèbre Alpha Boy School, véritable institution et pépinière de talents qui a alimenté (et alimente toujours) les orchestres jamaïcains. Mento, calypso, boogie, early reggae, ska ou rocksteady, tous naviguent sans peine entre la trentaine de riddims piochés ça et là dans le patrimoine musical de l’île, aussi vaste qu’éclectique. Reste tout de même que ce sont les cuivres qui sont largement mis en avant, la section rythmique et la paire guitare/clavier restant en retrait derrière un quartet (deux saxophones, un trombone et une trompette) irrésistible.
Quasi-prostré
Parmi eux, Johnny « Dizzy » Moore, arrangeur musical et star du groupe, est pourtant étonnement absent. Comparé à Stepper au saxophone qui aligne les solos dantesques, il reste peu démonstratif voire quasi-prostré une fois sa partition jouée. Une attitude encore plus flagrante à côté de la forme éclatante de Skully Simms qui, 67 ans au compteur et malgré son handicap (il a perdu la vue à l’âge de cinquante ans), enchante le New Morning à chaque pas de danse. Et quand Justin Hinds ou Sparrow Martin lui partagent le micro, le percussionniste redevient alors le redoutable toaster qu’il était dans les années 60, lorsqu’il formait avec Arthur « Bunny » Robinson le duo Bunny & Skully. See Dem Come et la reprise de Simmer Down sont tour à tour plébiscitées par le public, déjà surchauffé par Occupation des Skatalites.
Justin Hinds obtient lui aussi son lot d’applaudissements, régalant l’audience de ses hits passés, à l’image de When you Go to Rome, Over The River, Carry Go Bring Home ou encore le superbe Natty Take Over entendu dans le film Rockers. L’ambiance festive atteint son zénith lorsque Sparrow Martin entame Armagideon sur le terrible riddim Real Rock, démontrant ses talents d’entertainer. Il lancera le rappel avec l’immense Rockfort Rock (que l’on aurait souhaité plus long) avant de clore le concert sur le dansant Revolution Rock, abandonnant un public électrique après plus d’1h30 de voyage aux confins du reggae.
Albums disponibles :
- Right Tracks, janvier 2004 (Mélodie)
- Back to Zion, mai 2003
Article écrit par Sébastien Jobart
Tags : The Skatalites (8)
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