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Date de mise en ligne : jeudi 08 novembre 2012 - 10 141 vues
Junior Kelly @ Cabaret Sauvage
Junior Kelly était de retour dans la capitale deux ans après son dernier passage à Paris. Sans album à promouvoir mais toujours aussi professionnel, chaleureux et généreux pour son public.
Le dernier passage à Paris de Junior Kelly remontait à avril 2010. A l'époque, c'était à l'Elysée Montmartre. "C'était l'une des meilleures salles pour le reggae à Paris, se souvient Junior Kelly quand nous l'interrogeons en loges. L'acoustique y était bonne, mais le Cabaret Sauvage est plus intime. A l'Elysée, la scène est très haute, et il y a une barrière. En tant qu'artiste, j'essaie toujours de combler la distance entre moi et mon public. Car ils sont là pour moi, et je suis là pour eux." Pour autant, le Cabaret n'a pas fait le plein pour recevoir le singjay qui vient d'achever son contrat avec VP Records. Alors que son dernier opus pour le label, "Red Pond", remonte déjà à deux ans, Junior Kelly se produisait sans album à présenter, mais avec sa longue flopée de hits, dans un set légèrement remanié.
La période 2004-2008 fournit l'essentiel des titres joués, à l'époque où peu de séries lui échappaient. Le concert a ainsi des allures de best-of. Junior Kelly fait son entrée sur Rasta should be deeper sur le Roots Tonic riddim particulièrement bien joué par son Roots Harmonics Band. Quand les premières mesures du Doctor's Darling riddim résonnent pour un Korruption assez rare en live, le Cabaret s'enflamme. Les chansons s'enchaînent sans temps mort : suivent Blaze (Blaze riddim), Missing You, l'un de ses choristes jouant le rôle de Bar-Bee, avant de se lancer dans des titres plus récents, à commencer par Been There, son dernier single en date, mais aussi Heads Up sur le Redeemer riddim ou encore l'inédit Try my best.
Le public donne du répondant sur Tough life et le toujours efficace Truth & Rights riddim, Black am I et Boom Draw sans le speech prônant la légalisation. Bien secondé par ses deux choristes et ses musiciens, Junior Kelly déploie une bonne énergie. Il sillonne la courte scène, serre des mains, tandis que son large sourire ne quitte pas son visage. Baby can we meet (sur le No Time riddim de Morgan Heritage) précède Hungry Days qui génère l'un des plus beaux forwards de la soirée. Mais c'est évidemment Love so Nice qui emporte l'adhésion, sous les chants du public. On replonge une nouvelle fois dans l'album "Tough Life" avec successivement The More i see her (Hard Times riddim), Dem story (I Swear riddim).
Il est quasiment l'heure de se quitter (le rappel a démarré avec Receive) quand Junior Kelly fait passer son message. Après quelques mots sur sa famille qu'il a laissée en Jamaïque "sans eau ni électricité" suite au passage de l'ouragan Sandy, il se lance dans un long discours : "Je suis rastaman, je suis philanthrope, j'aime les gens. Jah me donne le souffle pour me battre pour les droits des sans-voix. C'est ce qu'est le reggae. (…) Je sais que c'est dur. Parfois vous ne pouvez pas trouver l'argent pour venir voir un concert de Junior Kelly. Il se passe tellement de choses actuellement en Europe… Je sais que beaucoup de jeunes sont sans emploi. Je suis là pour vous donner de la force. Vous auriez pu être n'importe où ce soir, mais vous avez choisi d'être là." Et de clore la soirée sur Believe in Yourself, extrait de "Red Pond", unique titre de son dernier album qui sera joué ce soir-là.
Article écrit par Sébastien Jobart Photos : FX Rougeot
Tags : Junior Kelly (61)
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