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Date de mise en ligne : dimanche 18 septembre 2011 - 10 385 vues

Summerjam 2011

26e édition pour le vénérable Summerjam Festival, dont l'affiche très ouverte rompait avec les années précédentes. On s'amuse beaucoup au Summerjam, mais la musique passe souvent au second plan. Récit de trois jours de concerts et de camping.

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JOUR 1
Plantage de tente, plantage de programmation


Le Summerjam est quelque chose d'énorme, de démesuré. Ce qui frappe d'emblée ? L'immensité du site, une demi-journée ne suffirait pas à en faire le tour. Tout autour d'un plan d'eau circulaire les tentes s'amoncellent, s'accrochent aux pentes et finissent par former une véritable mer. Le camping est un spectacle à lui seul. On murmure d'ailleurs que certains ne viennent que pour cela et ne passent jamais le pont qui relie la terre à l'île-festival, au centre du lac. Les Allemands arrivent dès le jeudi matin et installent de véritables villages : bâches, glacières, barbecues, tables, canapés. Légendaires qualités d'organisation. Il y a les habitués et il y a les autres, ceux qui arrivent plus tardivement. Ceux qui, épuisés, finissent par jeter leur dévolu sur le premier carré d'orties venu, juste en face des toilettes. Eux, ce sont les routards européens, abonnés à la carte 12-25, au pass interrail et aux compagnies low cost. Ils viennent d'un peu partout, de France beaucoup. Ils ont tous les âges, ils ont tous quelque chose de vert jaune et rouge... même s'ils ne sont pas forcément grand amateurs de reggae.

Un œil sur la programmation, un œil sur le public, on comprend que le Summerjam ratisse large. Que les puristes du roots passent leur chemin, il n'est pas vraiment question de musique ici, il est question de fête et d'insouciance. Au menu de ce vendredi, Dub A la pub, Ziggi Recado, Sara Lugo, Iriepatie... Relativement inoffensifs et surtout idéal pour faire lever les bras en l'air et préparer la venue de l'un des nombreux groupes star de la soirée : Dub Inc. Les Français passent à 20h50, juste avant Patrice. Comme les formations précédentes ils ne sont pas en reste quand il s'agit de s'amuser. Aller les rud-boy tout le monde les mains en l'air ! La scène Rouge fait face à une marée humaine sautillante et réjouie.

Le versant européen du reggae est donc le versant dominant au Summerjam. Il faut bien reconnaitre que le succès des groupes de variété est tel qu'à 17h, en attendant John Holt, on se demande comment le public va accueillir un son plus posé, plus old-school... Malheureusement le clash des reggaes n'a finalement pas lieu si violemment : 17h40, le public est invité à rappeler pour la 4eme fois Iriepathie... On finit par comprendre que Holt ne viendra pas. Déception. Pour nous aider à relever la tête : Andrew Tosh, l'une des satisfactions de la journée. Sa voix porte, ses instrumentistes sont à la hauteur. La musique gagne en intensité sur des solos de saxophones endiablés. Sur la scène verte la foule salue la performance.

On relèvera également le triomphe de Patrice : rappels du tonnerre après un set très cross-over, marqué notamment par ses prouesses vocales. Dernier motif de réjouissance : Cecile. La Jamaïcaine, habitué du lieu, interpelle, contraste avec les formations précédentes. Le public s'accroche puis s'enflamme. Prometteur lorsqu'on sait que plus tard, vers minuit, à la fin des concerts, une bonne partie du public migre de l'ile aux enfants vers la ''Dancehall Arena'' pour s'y trémousser jusqu'au bout de la nuit. Attention tout de même à ne pas jeter toutes ses forces dans la bataille dès le premier jour : demain, samedi, des sons sud-américains sont programmés en début de journée tandis qu'en soirée, Alpha Blondy succédera à Anthony B sur la scène rouge.


JOUR 2
Mer de déchets, cumbia et Blondy


8h du matin sur le campement, les premiers levés vont prendre une douche et croisent ceux qui ne sont pas couchés. Premiers cafés contre dernières bières. Seulement 24h que le festival a débuté et force est de constater que les comportements sont rarement I-tal. Poubelles abandonnées, tentes éventrées… Trop de monde, les responsabilités se diluent bien plus vite que le plastique flottant sur le plan d'eau. Autre mauvaise surprise, le voisin s'est fait piquer son sac pendant la nuit. Rien d'important dedans, encore un larcin peu constructif... Espérons au moins que le voleur fasse du 43. La police ? Il lui est bien plus facile de compléter ses statistiques de lutte contre la drogue en procédant à quelques fouilles de fumeurs, que d'élucider une obscure affaire de vol de caleçons. Police partout justice nulle part, c'est justement le propos de la plupart des artistes invités.

Sur la scène verte, Che Sudaka, suivi de Karamelo Santo donnent une touchent latino au festival. Des Colombiens, des Argentins, des Espagnols qui chante la Alegria y Amor, c'est forcément un peu euphorisant. La foule lève les bras en l'air et deux cinquantenaires se déhanchent sur le "chi chi chi" caractéristiques de la Cumbia. Les sud-américains vont-ils faire décoller le festival ? La journée est bien lancée, le soleil fait enfin une apparition sur Cologne après deux jours de grisaille. La musique est lumineuse jusqu'à ce qu'une brève ondée brise l'enthousiasme d'une partie de la foule : Karamelo Santo avaient-ils vraiment besoin de conclure leur set par la Macarena ? Faute de goût.

Plus solide musicalement, Atmosphere fait son apparition aux alentours de 17h. Hip-hop instrumental jazzy, flow contrôlé et mélodique. Certes ce n'est pas du reggae, mais mieux vaut parfois un bon MC hip-hop que le boumboum assommant et les voix trafiquées des artistes qui se succèdent tout l'après-midi sur l'autre scène, la Red Stage. Illbilly Hitec, I-Fire, Samy Deluxe, Mono et Nikitaman, sont des formations allemandes avec deux caractéristiques communes : des basses surpuissantes qui masquent l'indigence musicale, des voix gutturales qui donnent l'impression d'engueuler le public... Les germanophones semblent adorer ça. Pour les autres, peut-être aurait-il mieux valu attendre 20h et venir directement pour Anthony B. Lorsque ce dernier arrive, la foule est déjà très dense. Aux premières notes, les zonards affalés sur la pelouse se lèvent. Ils apprécient un début de set hommage à Marley père, puis se laissent entrainer au fils des tubes du deejay au turban blanc. Derrière lui, le couple basse / batterie se montre d'une précision diabolique Le public continue d'affluer, les drapeaux flottent au vent tandis que la pelouse retourne à la poussière…

Ni une minute de plus ni une minute de moins, la programmation est réglée comme du papier à musique. 21h35, enfin place au reggae. "Salaam" lance Alpha Blondy à l'adresse du public. Long monologue, palabre, l'ivoirien explique marcher dans la vallée de la mort. A Capella, il entame son magnifique JerusalemCourse au pouvoir, Cocody Rock, autant de morceaux ponctués de solos de guitares intenses, d'envolées de saxophone. Le public jubile et rugit sur le Brigadier Sabari final.

On rate Jimmy Cliff mais le Jamaïcain fait le grand tour des festivals cette année : on aura l'occasion de le revoir. Un passage à la tente avant de se perdre dans la Dancehall Arena. Salle immense, surchauffée, traversée en tous sens par de puissants lasers, l'endroit accueille toute la nuit les acharnés du son. Pow Pow et Sentinel jouent à domicile. Leur son est crade, d'une rugosité parfaitement adaptée à ce bestiaire alcoolisé. Pull up à répétition, voix rauques, les selectas ambiancent la foule comme dans les sounds de Kingston. Dancehall, Sean Paul, Major Lazer, "come on move it move it". L'heure tourne. Demain, il s'agira pourtant d'être levé pour 16h. Ça serait dommage de rater les Congos, Perry et Max Romeo…


JOUR 3
Dimanche haut perché


"Summerjaaaaaaaam" et un gros PLOUF, c'est ce qui a sans doute réveillé vers 13h une bonne partie du camping. Comme chaque année, des illuminés se sont jetés du haut du pont qui relie le camping à l'ile aux chansons. Un bon hurlement, quelques mètres de chute libre et une eau bien fraiche, ça ne peut faire de mal à personne tant les visages sont tirés en ce troisième jour d'orgie Pilsen et Smoking. Certains plient bagages, d'autres se font griller quelques merguez, personne ne semble très pressé de passer le pont. Au loin, on entend Heckert Empire, mi-reggae, mi-chanson irlandaise et voix passée par milles filtres. On devine que de l'autre côté de l'eau, la queu leu leu est lancée.

Evitant les grappes de jeunes fluos et les reprises de Rihanna, il s'agit pour ce dernier jour de se faufiler jusqu'à la scène verte pour assister au seul véritable concert de roots du festival. Après un moment à patienter au bord du lac ou dans la chill/out zone, l'excitation monte. Lorsque les Congos montent sur scène une foule compacte lance déjà les premiers hourras. Personne n'est là par hasard. Sourire du public, sourire affable des artistes. Après des décennies de carrière le trio vocal garde la même humilité et la même fraicheur. Difficile d'égaler leur présence scénique et surtout de se rapprocher de leur son, toujours aussi profond, de trouver un équivalent à la voix de Cedric Myton, haut perchée et inaltérable. Congo Man, et tous les classiques de "Heart of the Congos" y passent : autant de morceaux majestueux sur lesquels les sexagénaires et l'ingénieur du son s'amusent, laissant place aux solistes, aux improvisations vocales et aux variations dub. Dans la foule, une main brandit un pistolet, tire de joie, en l'air. Il ne s'agit que d'eau.

Après Fisherman, les Congos disparaissent mais les musiciens restent en place. Le public aussi, alimenté en boisson par des serveurs qui traversent la foule avec la bombonne de bière sur le dos. Max Romeo prend possession de la scène. Après un début de set un peu statique il finit par emporter l'adhésion sur One Step Forward et surtout sur l'un de ses tubes gardé pour le final, Chase the Devil.

Les musiciens restent à nouveau en place et une partie de la foule s'interroge : mais qui est cet illuminé aux cheveux rouges, tout de noir vêtu, botté, couvert de décorations, de dorures, un miroir pendu autour du cou ? Vieux Dark Vador passé chez l'antiquaire, le petit homme postillonnant a quelque chose de fascinant, de magnétique. Lorsqu'il entame Sun Is Shining en répétant avec obstination "I am Bob Marley" personne ne le prend vraiment au sérieux. Pourtant, peu à peu, la musique gagne la foule et même les derniers rangs se mettent à danser, surpris et ravis par des riddims finement ciselés et par les interventions mi-chantées mi-parlées du personnage, inna rub a dub style. Lee Perry est définitivement sur une autre planète, et sans la musique aurait sans doute finit interné.

Point d'orgue de la journée, les gloires du reggae roots se retrouvent sur scène pour un War inna Babylon d'adieu. Une dizaine de minute de pur bonheur, entre simagrées de Perry et harmonies vocales des Congos, passages instrumentaux, dub. Max Romeo, dont c'est pourtant la chanson, a du mal à en placer une.

La fin de journée est marquée par la performance d'Ayo, dont la moitié masculine du public a du tomber amoureux tant les acclamations étaient intenses. Enfin, le Summerjam se termine avec Youssou N'dour, pas vraiment reggae mais tellement intense. 13 musiciens, une formation impressionnante de laquelle émerge une musique dense, foisonnante, percutante. Les instruments se répondent, les percussions s'emballent et la voix du Sénégalais se pose avec justesse. Chacun a sa liberté et chacun reste parfaitement a sa place. La performance musicale se double d'un véritable show. Contorsionnistes, danseurs, le spectacle est total.

Le soleil se couche enfin sur l'ile aux chansons. Dans ce qui reste d'herbe des enfants font des roulades, les ados finissent de rouler.. La boutique de souvenirs va pouvoir fermer, le marché est saturé, tout le monde a acheté son pantalon vert jaune rouge et le réglementaire t-shirt. Il est temps de tirer le feu d'artifice.



Article écrit par Charly Andral
Photos : Reggaeville.com


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Date de mise en ligne : 18/09/2011
Summerjam 2011

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