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Date de mise en ligne : mercredi 16 février 2011 - 13 684 vues
Big Youth et Ken Boothe, récital à l'Elysée
Deux vétérans étaient à l'honneur à l'Elysée-Montmartre : le fantasque deejay Big Youth et le crooner Ken Boothe ont tous les deux tombé la veste pour une soirée mémorable.
Stature haute, veste cintrée, un vieil homme s’avance avec dignité. Manley Augustus Buchanan, 61 ans, né à Trenchtown, Kingston, est mieux connu sous le nom de Big Youth. Deejay pionnier et prolifique, le "most wanted deejay" est un toaster vertueux, l’un des premiers à avoir abordé ouvertement les problèmes du quotidien. Après 40 ans de prêche, Big Youth est surtout resté un redoutable showman, « in a musical disco as I would say ».
Aux premiers accords il s’anime, arque ses jambes, lance ses bras. L’échauffement tourne à la comédie musicale alors qu’il entonne Every Nigger is a Star : pas de danse façon Mary Poppin’s, ondulation façon Hula hoop, délire scénique… Ivre, il jette sa veste dans un coin et poursuit ses hoquêtements. En terminant Mosiah Garvey il lâche tout sourire « I feel good ». Nous aussi. La température monte. Bien backé par No More Babylone, il enchaîne alors les tubes, fait tournoyer ses dreads… Sa voix se perd dans des passages dub envoutants.
Soudain un jeune aux allures de gangsta grimpe sur scène, pose sa bière. « My son » s’époumone Big Youth. Casquette à l’envers et lunettes noires ce type serait donc son fils ? Il prend le micro et ça se confirme : passage dancehall, flash, stroboscopes, écran de fumée. Son Youth pose son flow tandis que le père balance ses jambes en l’air, à hauteur de taille. Il harangue la foule. Au plus grand plaisir de tous, Isaiah First Prophet et Screaming Target clôturent la réunion de famille. « And you say no? And I say yeah ». Hit the road Jack, il est temps de laisser la place.
Le backing band reste sur scène, Ken Boothe arrive sans transition, l’air affable, la cravate serrée, petites lunettes, complet de tweed et voix de velours. Mais en trois minutes Mr Rocksteady a déjà quitté son chapeau, sa veste… et sorti son mouchoir. L'amour est son thème de prédilection, qu'il décline avec Crying over you, le très bon When I fall in Love on encore Speak Softly Love, sur le thème musical du Parrain. Il faut reconnaitre que son « Soul style » s’y prête. Forgé durant les années 60 à l’écoute des standards nord-américains, son phrasé trainant est celui d’un crooner. A capella il impressionne. Le public bat la mesure. « I like that ! ».
Le show tourne au récital. Ken Boothe donne tout ce qu’il a, enchaînant non stop The train is Coming, Puppet on a String. Sur les solos de cuivre, le vieil homme fait la toupie. Alors que l’orgue répond à la trompette, il mime une danse de robot, enchaine les petits pas. Mr Boothe s’éponge le front sous des acclamations prolongées, avant d’entonner le final, Everything I Own, évidemment. Idéal pour une sortie de scène :
And I would give anything I own
Give up my life, my heart, my home
I would give anything I own
Just to have you back again
Just to talk to you, words again
Just to hold you, once again…
Article écrit par C.A
Tags : Ken Boothe (71), Big Youth (25), Concert (106)
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