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Date de mise en ligne : jeudi 17 novembre 2005 - 4 193 vues
The heptones à Paris
Formation emblématique de la tradition du trio vocal jamaïcain, les Heptones fêtaient une fois encore des semi-retrouvailles à Marseille et Paris le week-end dernier. Après les départs de Leroy Sibbles en 1978, puis de Earl Morgan, le nom a abrité plusieurs configurations successives, maintes fois remaniées. Semi-retrouvailles, donc, car si les Heptones se présentaient avec deux de ses membres fondateurs, Leroy Sibbles et Barry Llewellyn, Earl Morgan manquait toujours à l'appel.
Leroy Sibbles, plus que jamais leader de la formation depuis le départ de Earl Morgan en 1995, annonce un concert en forme d'anthologie, invitant à une "History of Heptones". Et de revenir sur l'essentiel de leurs classiques nés à Studio One, occultant leur travail au Black Ark de Lee Perry. Leroy Sibbles, bouillonnant, lance directement Mama say et Cool rasta. A ses côtés, Barry Llewellyn paraît un peu plus fatigué. Mais même si sa voix est moins assurée sur Book of rules, la nostalgie joue à plein. Le moins connu des trois membres originaux restera dans l'ombre de l'auteur de la plupart des titres du groupe, se chargeant surtout des harmonies vocales avec Glen Greaves, venu en renfort de Londres.
Derrière le trio vocal, le groupe Artikal de Montpellier (qui a notamment backé Natty King cet été) joue les riddims oldies avec une modernité et une percussion qui, si elle est efficace, n'a plus grand-chose à voir avec la fragilité du son original des Heptones. Leroy Sibbles exploite parfaitement ce nouveau lit sonore, improvisant des phases deejay et lâchant des refrains puissants sur une version mémorable de Garden of life. Love won't come easy est si bien accueillie que Leroy Sibbles lance un pull up après une bonne minute. Suivent Best thing in life, aux belles harmonies et qui finit en dub sur sa grosse ligne de basse, et I've got a feeling, interrompue au beau milieu par un gros pain sonore. Artikal, qui n'avait pas cessé de jouer, rattrape parfaitement le coup et le public pardonne immédiatement dès le retour du son. L'incident ne devrait pas compromettre la sortie du concert en cd, un travail de post-production étant d'ores et déjà prévu avec des réenregistrements studio en Jamaïque.
Après avoir quitté la scène au bout d'une bonne heure, les Heptones reviennent avec Pretty Looks, où Leroy Sibbles s'amuse une fois de plus avec le public et des phases deejay. Why Must I , achève un concert un peu court (moins d'une heure et demie). Ils ne joueront pas leur plus gros succès, Party Time, ni Fattie Fattie, leur premier hit avec Coxsone. Leroy ne prendra pas la basse pour jouer les lignes de Pass The Koutchie et de Satta Massagana dont il est le compositeur. On regrettera surtout que leur répertoire avec Lee Perry ne soit pas plus mis en valeur. D'autant que le set est presque identique d'une année sur l'autre, offrant finalement une énième photo d'une formation légendaire figée dans le temps.
Article écrit par Sébastien Jobart Photos réalisées par Karl Joseph
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