S’il remplissait les stades de Conakry, en Guinée son pays, c’est sans doute parce qu’il sait mixer la joie, le groove, le témoignage et la colère. Sans doute aussi parce que cette authentique figure du reggae roots africain a forgé une subtile alliance entre Jamaïque et tradition (kora, djembé). Fondateur du Mourag, mouvement rasta guinéen qui organisait un festival pour l’anniversaire de la mort de Bob Marley jusqu’à son interdiction par le pouvoir militaire, Alpha Wess est devenu l’un des rares porte-parole d’un peuple « où les filles se prostituent pour cinquante centimes d’euros parce qu’elles n’ont aucune autre solution de survie ». Il affirmait il y encore quelques années que « même si ce qui me guette est une balle dans la tête, je ne quitterai pas la Guinée ». Et pourtant, après « avoir échappé à la mort plusieurs fois » et vu son album interdit, le reggae man trouve l’asile politique en France. Pas forcément pour son bonheur, pour le nôtre assurément puisqu’entouré d’un nouveau groupe, il commence ici une nouvelle carrière. Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, le prochain grand nom du très vif et lancinant reggae africain pourrait bien être Alpha Wess.