Tracklist :
1. Cloudy Night
2. Bad Mind
3. A Wah So
4. Albert Villa
5. Ghetto Feel
6. Reclaim
7. Street Life
8. Lonely Journey
9. The Earth
10. Carnival
11. Drawn to My Attention
12. Stuck Pon Waff
Chronique écrite par Sébastien Jobart le lundi 13 octobre 2014 - 7 363 vues
Cette fois c’est sûr, Black Roots est de retour aux affaires. La formation emblématique de Bristol était revenue en 2012 après un hiatus de près de vingt ans avec l’album "On The Ground", suivi par sa version dub l’année suivante. Et voilà donc "Ghetto Feel" sur le label français Soulbeats. Formé en 1979, Black Roots avait pris l’Angleterre de court avec ses deux premiers albums, parmi les meilleurs jamais façonnés outre-Manche. Solidement enracinés dans leur quartier populaire de St Paul, ces huit jeunes Jamaïcains, débarqués en Angleterre avec leurs parents, jouent une musique de résistance. Black Roots : « roots » pour la musique, « black » pour l’identité (les deux frères Jabulani et Kondwani Ngozi ont changé de nom pour retrouver leur identité africaine). Derrière les basses ventrues et les mélodies aériennes se tapis un reggae revendicatif, porteur d’une critique féroce du thatchérisme et de ses réformes à tout crin.
30 ans après leurs débuts, le tableau qu’ils font de l’Angleterre n’a guère changé ; si la dame de Fer n’est plus là pour encaisser leurs assauts, c’est désormais David Cameron qui sert de punching ball. Black Roots reste une voix dénonçant les injustices et les servitudes de l’homme moderne, une voix qui invite à éveiller les consciences, ouvrir les yeux, et prendre son futur en main. Moins obstiné, plus mature, mais toujours conscient, à l’image de la chanson-titre, Ghetto Feel, ou le « sentiment du ghetto » (« L’endroit où vivent les oubliés, oubliés du monde entier »). Même le léger Albert Villa, avec ses accents de calypso, a tout du manuel de survie : "Quand on vit sur la ligne de front, il faut faire des compromis". Le dansant Carnival, qui raconte comme les habitants de St Paul se sont fait déposséder de leur carnaval, créé en 1968, et à l’époque « financé par les gens du ghetto ».
La force de Black Roots, ce sont ses chansons plus offensives, pour lesquels on a une préférence. Cuivres puissants, basse en suspension, batterie au cordeau : Cloudy Night pourrait avoir été enregistrée il y a plusieurs années. Le batteur Trevor Seivwright est particulièrement au diapason, insufflant l’urgence de A Wah So ?, tandis que le rockers Reclaim fait sourdre la menace : « Que feras-tu quand nous viendrons réclamer ce qui est à nous ? » Toujours indépendants, toujours profonds et toujours rebelles : bonne nouvelle, Black Roots est de retour.
Pull Up :
Cloudy Night
Reclaim
Ah Wa so ?
The Earth