Chronique écrite par Sébastien Jobart le mardi 12 février 2013 - 10 392 vues
Issu de la bouillonnante et talentueuse scène hip-hop au Sénégal, Lek Sen a grandi à Ngor, un village de pêcheur à deux pas de Dakar. Voilà bientôt dix ans qu'il est installé en France. Repéré par feu le label Makasound (via son label Black Eye), il sort son premier album, "Burn" en 2010. Trois ans plus tard, Makasound n'est plus, mais ses fondateurs croient toujours en Lek Sen. Il y a de quoi : évoluant entre reggae, dancehall, hip-hop et folk africaine, Lek Sen montre talent certain et une versatilité étonnante. La même qu'il montrait au sein du collectif SSK (Sound Sunu Katta, "le son est notre force", ndlr) avec lequel il a atteint la finale du prix RFI Découvertes en 2007.
Son nouvel album, "Tomorrow" fait le lien entre une vibration ancienne (blues, reggae, folk) et une autre beaucoup plus moderne, ancrée dans les musiques urbaines. Ce fil rouge entre ses univers donne du corps à l'album qui trouve là une vraie cohérence. On passe ainsi des arpèges de guitare sèche de Ndobine (découvert en single) à un one-drop avec Harrison Stafford (Jaam Maï Ka), en passant par le dub de Rogg I Jah, avant de basculer dans une veine franchement hip-hop sur Jaam, avec Blitz the Ambassador ; la pulsation plonge dans le roots avec Clinton Fearon (Maney).
Lek Sen "écrit pour évacuer et chante pour le confort". Grave et émouvant ou brut d'énergie, Lek Sen donne à "Tomorrow" un souffle original. Traversé par des routes musicales diverses, il dessine un patchwork coloré, à l'image de sa belle pochette.