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Date de mise en ligne : jeudi 20 septembre 2012 - 7 676 vues

A la poursuite de Zen Bow

Au mois de mai, le label Reel Heavy Productions rééditait Impression, un 12" de Zen Bow enregistré en 1986, et pressé à l'époque à quelques mille exemplaires. Derrière cette galette de nouveau disponible se cache un long périple, entamé il y a plusieurs années par le journaliste Seb Carayol.

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C'est l'histoire d'une longue obsession. Un long périple à la recherche d'un titre entendu en sound-system. Ce titre, c'est Impression, de Zen Bow. Un morceau enregistré en 1986, aux Etats-Unis, et sorti sur le label Gramps. Mais ça, Seb ne le sait pas encore. Au gré de son travail de journaliste, Seb Carayol a dressé une liste de ce genre de titres obscurs : "Ca fait une dizaine d'années que je tiens une liste d'un label imaginaire, de disques que j'aimerais voir un jour ressortir pour les acheter. Le Zen Bow en faisait partie."
Justement, le mag américain Wax Poetics, pour lequel il pige régulièrement, tient une rubrique consacrée à des morceaux introuvables, "des rétro-chroniques en quelque sorte. Je trouvais que Impression était parfait pour cette rubrique." Mais pour cela, il faut retrouver l'auteur… Sur son blog Reel Heavy Productions, Seb Carayol raconte les péripéties de cette aventure (en anglais), qui s'achèvera par la réédition du 12" en mai dernier.

A la recherche de Zen Bow
Il n'a qu'un nom, le mystérieux Zen Bow (qui renvoie immanquablement au livre "Zen Bow, Zen Arrow", de John Stevens), et un titre, Impression. Il commence par scruter les résultats sur les moteurs de recherche. Une pratique quasi-quotidienne, sans résultat. Et puis, un jour, son nom apparaît. Un utilisateur, Yassmat, a mis en ligne une vidéo où il joue son 45t de Impression. Sur le macaron, Seb trouve un nom, Zenbar Bennet, et une mention de l'Etat du Connecticut. Coup de bol, il n'y a qu'une seule entrée à ce nom dans les pages blanches américaines. Manque de pot : la femme qui lui répond lui explique que Zenbar ne vit plus ici (ils ont divorcé il y a longtemps), et prend bien soin de lui dire de ne plus rappeler ce numéro avant de raccrocher.

Retour à la case départ et aux moteurs de recherche. Et puis un jour, après une énième requête, une phrase apparaît : "Zenbar Bennett is now on Facebook". "Je me suis donc créé un compte, où pendant longtemps, il a été mon unique ami." Quand il obtient enfin un numéro de téléphone valide, Zen Bow décroche en disant : "Seb ? So that was true ?" C'est bien vrai, un journaliste français souhaite l'interviewer au sujet d'un morceau enregistré il y a 25 ans.

1000 exemplaires, une réédition
Zenbar Bennett vit maintenant à Atlanta, où il travaille à l'usine. Né en Jamaïque, dans la paroisse de Trelawny, il s'installe chez l'Oncle Sam au début des années 80, à Hartford, Connecticut. Un concours de talents y est consacré aux artistes reggae. Il y rencontre Crucial, un groupe local, avec qui il enregistre le fameux Impression, pressé à mille exemplaires. Il n'a enregistré que deux autres titres, Black & Beautiful, et Auction Block.

Evidemment, il ne touche rien des petites fortunes échangées entre collectionneurs sur eBay (après la publication de l'article dans Wax Poetics, les enchères sont montées jusqu'à $600). Au cours de l'interview, Seb lui glisse un conseil : rééditer le morceau. "Il a mal interprété mes propos et m'a envoyé non seulement des copies du disque, mais aussi la master tape. J'ai passé un an à me demander ce qu'il y avait sur cette bande... Et surtout : comment la lire ?" Car avant le repressage et la distribution se pose la question de la restauration de la bande, posée sur une étagère depuis 25 ans. Un domaine où Seb est un parfait néophyte.

Faire cuire la bande
"J'ai appris beaucoup de choses : ces cassettes là, pour pouvoir les lire, il faut d'abord faire cuire la bande. Une technologie pensée dans les années 60 pour que les données se conservent indéfiniment. Il y a sur la bande une espèce de couche de plastique qui se durcit automatiquement au bout d'une semaine, pour protéger les données. Il faut faire fondre ce plastique pour travailler la bande. Sauf que beaucoup de studios ont conservé la machine pour les lire, mais pas le four…

Il appelle les studios Ampex à San Francisco, qui produisait les bandes, et qui ne comprennent pas bien ce que leur veut ce Français. Après de nombreuses tribulations, on l'oriente vers Penguin Studios, qui fait de la restauration pour Motown, Def Jam ("Tu as des piles de cassettes partout. Ce sont les plus gros nerds que tu puisses imaginer !"), où la bande révèle enfin son secret. Surprise : ce n'est pas une version mixée "C'était une prise brute, sans aucun effet, horrible tout le long ! On a pris le maxi original, et on a tout remixé à l'oreille. C'est là que les mecs sont impressionants. Je pense que le morceau sonne mieux que le maxi d'époque qui était étouffé, un peu trop dans les basses et les aigus. On a rétabli ça, sans le dénaturer."

Sold out
Le repressage et la distribution ont été confiés à Control Tower. Pour ménager les propriétaires du maxi orginal, la réédition n'est pas tout à fait identique : il y a un titre en moins ("Je pense que je procèderai comme cela à chaque fois."). La pochette, elle, reproduit la boite en carton de la fameuse cassette. Disponible fin mai, Impression est rapidement sold-out auprès des distributeurs (il doit encore rester quelques exemplaires chez les disquaires). "Je m'étais donné un an pour tous les vendre, parce que c'est un morceau exigeant. Ce n'est pas forcément le morceau le plus killer que tout le monde attendait."

Pour autant, c'est une opération blanche pour lui et son label, Reel Heavy Productions. "Tu ressors avec zéro euro, mais une bonne expérience. C'est un hobby : le week-end, certains font des maquettes de bateaux, et moi je fais ça (rires). Ce que tu en retires, c'est rencontrer le mec et travailler avec lui. Zenbar hallucine complètement que des gens s'intéressent encore à sa musique. Alors quand je lui ai envoyé son chèque de royalties…"

"Avec tous les labels de repress, il y a un travail d'archivage qui commence à être conséquent. Entre Digikiller, les labels anglais, israéliens… En France il y en a beaucoup, et de très bons : Livity, Only Roots, Kingston connection, Iroko… Ce que faisait Makasound aussi." Même si, dans un monde idéal, les artistes ressortiraient leurs morceaux eux-mêmes : "Pas besoin d'intermédiaire : c'est la justice ultime."

Encouragé par ce premier succès, une deuxième réédition est en préparation, pour une sortie espérée début 2013. On ne saura rien de plus de cette mystérieuse galette, si ce n'est qu'il lui a fallu trouver l'artiste au fond de la campagne anglaise. Cette aventure sera elle aussi racontée sur son blog. "Et j'ai toujours ma liste de 25 morceaux". Qui feront peut-être 25 rééditions ?


A écouter : La réédition de Impression de Zen Bow



A lire également : Le blog de Seb Carayol, Reel Heavy Productions


Article écrit par Sébastien Jobart


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Réactions

Date de mise en ligne : 20/09/2012
A la poursuite de Zen Bow

2 réactions
Appréciation générale :

sympa la story ! c'est nice d'apprendre se qui se cache derrière telle ou telle galette !

a refaire ?

merci pour cette story ! sans passion pas de son !




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