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Focus

Date de mise en ligne : samedi 30 août 2008 - 8 861 vues

JAVAA : Jamaica Social Club

En Jamaïque, nombreux sont les artistes des années 60-70 à avoir sombré, une fois leur carrière sur la pente descendante et faute de toucher les royalties de leurs succès passés. Créée en 2003, l'association JAVAA (Jamaican Association of Vintage Artists & Affiliates) vise à répondre aux besoins sociaux et professionnels des artistes vétérans.

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JAVAA est née d'un malaise. Celui qu'ont ressenti les amis de Scotty, deejay fameux décédé dans la misère en 2003. "Les artistes étaient embarrassés, il leur a fallu demander de l'argent un peu partout pour enterrer Scotty décemment", raconte Ras Mandito, chargé des relations publiques de JAVAA. Dans la foulée, quelques personnes emmenées par Michael Barnett, Keith Brown et le deejay Trinity ont mis l'association sur les rails. Concrètement, JAVAA négocie des tarifs avantageux pour ses membres pour des examens médicaux, des réductions sur les médicaments, ou une assurance vie. Mais surtout, elle entretient une solidarité qui tend à disparaître. Particulièrement envers les aînés, dans un pays qui se concentre sur sa jeunesse. "La Jamaïque institutionnelle ne semble pas être intéressée par des efforts envers des personnes de plus de 25 ans", explique Ras Mandito, lui-même chanteur et premier rôle de la pièce de théâtre Johnny Reggae en 1978.

Vintage music
Cinq ans après sa création, JAVAA compte près de deux cents membres ; parmi eux, Winston "Merritone" Black, Bob Andy, Ken Boothe, Earl Morgan, Boris Gardner, Pablo Moses, Ken Bob, Luciano... Le chanteur de Manchester est parmi les plus jeunes. Une vraie exception : "En général, les artistes les plus riches, qui ont du succès, ne rejoignent pas JAVAA, même si nous entretenons de bonnes relations avec la plupart" poursuit Ras Mandito. A la création de l'association, il fallait justifier de 15 ans de carrière pour adhérer. Aujourd'hui, le critère d'âge a disparu et le membre le plus jeune a... 10 ans. "Des signes, comme la compétition Rising Stars (concours de jeunes talents, ndlr), montrent que les jeunes apprécient la musique vintage, et nous avons quelques membres qui n'ont pas encore 20 ans. Mais de manière générale, la musique "hype" d'aujourd'hui est ce qui excite les jeunes." Même si quelques-uns ont commencé à venir aux concerts organisés par JAVAA.

En dehors des cotisations de ses membres (850 JAM$ par mois, soit environ 8 euros), ces événements sont l'unique moyen de lever des fonds. Rien de grandiose, évidemment. Le plus souvent, les artistes de JAVAA montent sur scène pour reprendre des classiques de leurs contemporains disparus. En février dernier, c'était en hommage à Dennis Brown ; en mai, le concert Motown Plus était dédié aux artistes soul américains. Un concert tous les deux mois permet de remplir les caisses, sans vraiment inciter à la dépense : faire tourner l'association revient grosso modo 1400 euros par mois. "Il n'y a pas d'autre sources de revenus que les concerts, détaille Ras Mandito. Récemment, nous avons commencé à entreprendre des démarches en tant qu'agence de booking, qui montre des signes encourageants".

Jamaica Hall of Fame
Si les moyens restent limités, les idées ne manquent pas. Un album est sorti, « Javaa Jammin' » (édité en Jamaïque chez Stage Records) qui regroupait notamment Luciano, Fab Five Band, Bunny Brown, Dwight Pickney et Charmaine Liomnius.
JAVAA ambitionne d'établir un musée dans ses locaux, qui deviendraient une sorte de méga complexe hébergeant également un amphithéâtre, un studio d'enregistrement, un restaurant, une salle de gymnastique, et qui deviendrait également une attraction touristique.

Le 11 juillet 2008, JAVAA a lancé le Jamaica Hall of Fame : des personnalités du mento au reggae dont les portraits sont affichés temporairement sur un mur du Half-way-Tree Transport Centre. La plupart ont été honorées à titre posthume : Oswald Williams aka Count Ossie, maître percussionniste fondateur de Mysic Revelation of Rastafari ; Lord Flea (Norman Thomas), pionnier du mento et du calypso ; Sœur Mary Ignatus Davies, fondatrice de la célèbre Alpha Boy School ; les producteurs légendaires Clement "Coxsone" Dodd et Arthur "Duke" Reid ; Louise Bennett-Coverly (poète, animatrice et chanteuse) ; le producteur Vere Johns, qui a mis sur pied le concours de talents Opportunity Hour. Furent également honorés les Wailers originaux (Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Junior Braithwaite, Beverly Kelso et Cherry Green), Don Drummond, Roland Alphonso, Tommy McCook et Jerome "Jah Jerry" Hinds des Skatalites. Lors de l'inauguration, seuls le guitariste Ernest Ranglin et Dr Olive Lewin (fondateur des Jamaica Folk Singers) étaient présents sur place pour recevoir cette distinction de leur vivant. Derrick Morgan était lui occupé à tourner en Europe.

Terrain précaire
Ce que sous-tend le travail de JAVAA, c'est aussi la création d'un véritable système de gestion des droits en Jamaïque. "On voudrait que les créateurs soient payés avant qu'ils ne meurent. On a essayé d'obtenir l'autorisation du gouvernement pour intercéder en ce sens en faveur de nos artistes, mais nous attendons toujours la réunion avec les représentants du gouvernement." Car JAVAA avance encore sur un terrain précaire et les obstacles sont nombreux. "Certains de nos membres peuvent à peine réunir la cotisation mensuelle. Il y a quelques années, on a lancé une opération "Adoptez un artiste" à destination de la Jamaïque institutionnelle, mais qui n'a rencontré que peu de succès." En dépit d'un manque de sponsors et de soutiens, Ras Mandito veut croire en des jours meilleurs. L'adhésion à l'association a permis à certains artistes de retrouver une exposition, en se faisant booker pour des concerts en Jamaïque ou aux Etats-Unis : Dwight Pickney, Bunny Brown, The Jays, Boris Gardiner, Merlene Webber, Ken Bob ou encore Otis Gayle ont ainsi pu donner un second souffle à leur carrière. Cinq ans après sa création, JAVAA devient chaque jour un peu plus incontournable. "Nous sommes reconnus comme l'association la plus organisée et la plus représentative au sein de l'industrie jamaïcaine du divertissement", déclare Ras Mandito. Et de conclure : "Javaa... as timeless as the music !"


Article écrit par Sébastien Jobart


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Réactions

Date de mise en ligne : 30/08/2008
JAVAA : Jamaica Social Club

2 réactions
Appréciation générale :

superbe initiative afin de préserver l'héritage de la musique jamaicaine, afin d'aider aussi ce qui n'ont rien aujourd'hui grace à JAAVA. Merci

Nul n'est prophete en son pays.C'est le capital qui aura permis a une multitude d'artistes d'actuels de bien gagner leurs vie.Les deux voire trois premieres generations d'artistes jamaicains auront été sacrifiées.Vu la pauvreté en general de la musique jamaicaine actuelle on se demande si les gens ont des oreilles.On a le choix entre la nostalgie ou bien le clinquant.La qualité autant chercher ailleurs il y a plein d'autres musiques.(un amateur de musique jamaicaine depuis 27 ans en province).




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