Vendredi 1 août 2008
Date de mise en ligne : mercredi 06 août 2008 - 11 575 vues Reggae Sun Ska 2008
Avec le feuilleton de l'annulation du Ja'Sound, on aurait presque l'impression que le Reggae Sun Ska est le parent pauvre des festivals hexagonaux. Il n'en est rien : le festival qui a su préserver une ambiance familiale en est le vétéran, et le plus stable. Pour sa 11e édition, il aura néanmoins souffert de la perte de ses deux têtes d'affiche, Midnite et Collie Buddz.
En plus de proposer une fois encore une affiche éclectique, le Reggae Sun Ska a creusé un peu plus cette année son credo éco-responsable. Premier festival reggae de cette ampleur en France à s’engager ainsi dans une réelle démarche de protection de l’environnement (avec la collaboration des associations Meduli Nature, Surfrider Foundation, Mountain Rider, Eurosima, et du SMICOTOM), le festival a été élu "festival coup de cœur" par la Fondation Nicolas Hulot. De quoi gagner le surnom d'Eco Sun Ska. Ce n’est pas (seulement) un argument de communication : tri sélectif des déchets (sacs de recyclage verts pour le verre, jaune pour plastiques et carton et rouge pour le reste des déchets), toilettes sèches, cendriers de poche ou le verre unique consigné pour un euro (initiative reprise du Summerjam) sont autant d'indices de l’implication du festival sur cette thématique.
A peine arrivés, une mauvaise surprise nous cueille à froid : Midnite a raté son avion. Avec l'annulation de la tête de pont de Sainte Croix, le Reggae Sun Ska vient de perdre sa deuxième tête d'affiche (l'absence de Collie Buddz avait été annoncée en amont), et sa première journée est déjà chamboulée. Le groupe de ska britannique des années 80, The Beat, ouvre les festivités avec des titres comme Tears of a clown, Ranking full stop, Hands off, She's mine, Mirror in the bathroom, Best friend, Stand down Margaret, Too nice to talk to ou encore Can't get used to losing you. Une parfaite mise en jambe avant le tour d’Alborosie. Juste le temps pour le Shengen Band de s’installer sur scène et de chauffer la sono avec deux cuts des choristes d’Alborosie, Julie et Aisha (qui se fait remarquer sur le Drop Leaf riddim) et Puppa Albo fait son entrée. Le chanteur Sicilien répètera le même show, vu à plusieurs reprises : il entame Rastafari anthem devant un public déjà enflammé, puis enchaîne ses hits, tous acclamés par la foule : Slam Bam, Precious, ou encore Herbalist qui s'achève sur un rythme ska bien senti, Police puis Sound killa, pour finir sa prestation en feu d’artifice avec son hit Kingston town.
Les Dub Pistols emmenés par le MC Rodney P entament vers 21h30 une sélection dont ils ont le secret, mélangeant les genres : remixes des morceaux dancehall classique, du breakbeat, du dub ou encore des cuts plus hip hop. Il est 22h30 lorsque le Home Grown Band fait son apparition sur scène et chauffe le public par un petit medley avant que Omar perry n'entame son tour de chant par Rat race sur un riddim dancehall bien inspiré. Fort de leur tournée l'hiver dernier, le binôme Omar Perry / Homegrown Band fonctionne sans accroc. Le fils du sorcier enchaîne ses titres Man free, Redder than red ou bien le classique Coconut woman et finit avec Rasta meditation.
Vers 23h30, c’est au tour du Zion Train Sound System de produire une prestation plus electro, breakbeat, et jungle que dub, mariant tout de même quelques-uns de leurs grands titres à l’animation énergique de leurs MC. Il est déjà minuit passé quand Bitty Mclean prend le contrôle de la scène principale avec le Homegrown Band et nous offre une prestation Lover avec ses titres phares (It Keeps Raining, Dedicated to the One I Love) ou des titres plus récents comme les titres sorti de son album "On Bond Street", mais aussi Real thing sorti sur le label de Sly et Robbie (Taxi) ou encore un single de Ruben Da Silva sur le Wall Paper riddim de Maffia et Fluxxy sorti en 2004. Bitty finit par un slam géant, faisant de nombreux aller-retour vers le public en fusion. Avant que Dub Inc ne monte sur scène, Highlight Tribe se lance dans un set de trance accoustique, hypnotisant la foule au son de djembe, congas, et didgeridoo...
Très attendue par le public sur place, la prestation de la formation stéphanoise Dub Incorporation offre à nouveau la vision d'une marée de spectateurs se ruant vers la scène principale. Comme d'habitude, c’est un spectacle impeccable que livre le groupe habitué aux longues tournées. En communion parfaite avec le public comme ce fut le cas au Big Reggae Festival en juillet à Juan-les-Pins, les classiques alternent avec les titres extraits du nouvel album, "Afrikya". Métissage, Jump up, Afrikya, Rude boy ou Murderer électrisent le festival, beaucoup plus réceptif que le public azuréen, et c’est par une version remarquée du Jamrock riddim que se conclue cette première soirée.
Article écrit par Nicolas Swartebroeks Photos : Benoit Collin
Tags : Bitty McLean (23), Festivals 2008 (43)
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Samedi 2 août 2008
Date de mise en ligne : 06/08/2008 
Le léger crachin qui tombe le lendemain n’a nullement entamé l’ambiance côté camping où des sound systems offrent des sélections rub a dub, early digital, dub, new-roots et même drum n' bass. Le festival ouvre sa deuxième soirée avec le vainqueur du tremplin européen Rototom Reggae Sunsplash 2008 venant tout droit de Suisse et plus précisément de Zurich. Elijah and the Dubby Conquerors témoignent de la fraîcheur de la scène émergeante helvétique avec un mélange des styles explosif. Influencé par le new-roots et le dancehall, ils ont su y ajouter une touche d’originalité en offrant un reggae métissé, chanté aussi bien en Français, en Italien qu'en Suisse-Allemand.
Choix révélateur de l'ouverture de la programmation, la contestataire marseillaise Keny Arkana remplace Collie Buddz au pied levé, et vient présenter son dernier album ‘’Désobéissance". La rappeuse anticapitaliste et révolutionnaire chauffe un public encore peu nombreux, mais offre un show à la hauteur de sa notoriété avec des titres comme Ordre mondial, La rue nous appartient, Réveillez-vous ou encore Désobéissance. Keny Arkana tient sa scène d'une main de maître ; le public est conquis.
Place à une autre valeur sûre en live : Massilia Sound System. Le groupe est bien présent, alors qu'il vient de perdre Lux B, l'un de ses membres, emporté par un cancer le 18 juillet. La formation annonce d'ailleurs qu'il s'agit de leur dernier concert. Pour le reste, ils laisseront parler la musique, comme ils le font depuis plus de 20 ans. Sans manquer non plus de rendre hommage à Keny Arkana, étoile montante de la scène rap marseillaise : le groupe est solidement ancré dans le paysage marseillais avec leur structure Roker Promocion et la mise en valeur de nouveaux artistes, à l'image de ce qu'ils ont fait pour IAM au début des années 90.
Du haut de ses cinquante ans de carrière, Derrick Morgan entre en scène appuyé sur sa cane et se fait guider jusqu'au micro. Le Ska King est en meilleure forme qu’au Summerjam et nous offre une représentation similaire mais émouvante. Le backing band composé pour l’occasion de musiciens de Bordeaux est mené de main de maître par le vétéran jamaïquain, usant sa canne pour donner ses instructions.
Le public, très réceptif, sera conquis par ses classiques des années 60 : Don’t call me daddy, In my heart, Tell me darling ou une interprétation très remarquée façon deejay du Realrock riddim, où le public s’enflamme. Il finira son set comme au Summerjam avec un hommage à son apprenti Desmond Dekker, puis Toots Hibbert en reprenant son hit 54-46.
C'est au tour du Peuple de l'herbe de s'avancer sur la scène. Habituée des festivals, la formation lyonnaise née il y a onze ans est quasiment incontournable pendant l'été. Lorsqu'ils prennent le contrôle des manettes, le public se rue vers la scène principale pour écouter leur prestation impeccable faite de leurs plus grands titres. Ils finiront sur leur remix jungle du Tempo riddim enregistré avec Uk Apache, une légende chez les toaster anglais jungle.
Le tempo ralentit pour faire place à Nneka. L’artiste Nigérienne installée à Hambourg nous fait pénétrer dans son univers soul, jazz, hip hop, reggae. Le public est conquis d’entrée de jeu par ce petit bout de femme qui nous interprétera des morceaux fort comme Niger Delta, Death, From Africa for you, Halfcast, Running away ou Focus. La bonne ambiance ne résistera pas à un malentendu : devant l'incompréhension du public alors qu'elle Nneka entame un discours sur les problèmes en Afrique, (blâmant les grandes compagnies pétrolières européennes) et les conditions des femmes dans son pays d’origine, Nneka, amère, quitte la scène en arrachant son bracelet.
Place donc à la rencontre inédite entre Jahcoustix, Sebastian Sturm et Kiddus I, provoquée par le Reggae Sun Ska. Chacun jouera tour à tour ses titres phares (avec une mention particulière pour Kiddus I et son légendaire Graduation in Zion), pour enfin nous offrir des duos Sebastian Sturm / Jahcoustix, rejoints ensuite par Kiddus I. Juste après, The Dynamics montent sur scène. Il est presque 1h du matin mais c'était devant une foule compacte que la formation lyonnaise enchaîne ses titres, revisitant des standards de tous les genres musicaux, (sortis en 45 tours et réunis sur un album, "Version Excursion", sorti l'année dernière). On entendra ainsi Miss You (The Rolling Stones), Fever (Peggy Lee), Brothers on the slide (Cymande), Seven nation Army (The White Stripes), Girls and Boys (Blur), Rock It (Herbie Hancock) ou encore Move on up (Curtis Mayfield).
Avec les rebondissements de la programmation, c'est finalement à Max Romeo qu'il revient de clôturer cette 11e édition du Reggae Sun Ska. Habitué des scènes hexagonales, qu'il arpente chaque année, son show bien rodé ne change pas. Tous ses hits y passent, avec évidemment une bonne part de son travail pour Lee Scratch Perry (War ina Babylon, One step forward, Chase the devil...) Après des prestations d'artistes venus du monde entier, c'est donc avec les oreilles en Jamaïque que s'achève le Reggae Sun Ska.
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