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Date de mise en ligne : vendredi 04 avril 2008 - 7 680 vues

Dancehall Eruption

Initiée à l’occasion du 30ème anniversaire de Greensleeves, la campagne de réédition en cd des vinyles classiques du label anglais se poursuit malgré une actualité mouvementée. Illustration avec cette compilation qui réunit deux pièces majeures du dancehall jamaïcain période Volcano.

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Nous sommes en 1982, un an après la mort de Marley, et le nouveau son des dancehalls jamaïcains, popularisé dans l’île dès 1979 par Henry « Junjo » Lawes et les Roots Radics, est à la mode à l’international. Pour preuve, les enregistrements des danses locales en sound system, qui circulaient dans la diaspora sur cassettes, sont désormais édités en vinyles, à l’instar des lives de Disco Aces, Gemini ou de l’incontournable Volcano de Junjo. Greensleeves n’est pas en reste grâce à un partenariat fructueux avec le label Volcano et possède un sérieux atout dans sa manche : Yellowman, la star incontestable des dancehalls. Il faut dire que le deejay albinos est l’artiste le plus vendeur du label et le restera encore longtemps. Toujours proche de l’actualité du son jamaïcain mais aussi de son public anglais grâce à des disques bien marketés, Greensleeves bénéficie donc à l’époque d’une assise sérieuse pour organiser la frénésie des dancehalls et signer de nombreux artistes tirés par la locomotive Yellowman. C’est dans ce contexte que deux volumes intitulés « DJ clash » sortent sur le label, l’un rouge, l’autre vert (tout un symbole, ce sont les couleurs des deux grands partis jamaïcains). Le rouge oppose deux deejays de la génération de Yellowman, Toyan et Nicodemus, et le vert, deux ados, stars précoces, Billy Boyo (beau-frère de Junjo) et Little Harry (qui retint l’attention de Yellowman lors d’un concours de deejays en 1981).

"3 the hard way"
Pour cette version cd, Greensleeves a choisi le « deux en un » en intégrant les titres de Nicodemus au contenu du volume vert, qui devient donc « 3 the hard way ». Le choix peut paraître déroutant puisque les enregistrements sont différents, les Roots Radics à Channel One pour Nicodemus, le High times band chez Joe Gibbs pour les jeunes deejays. Différence de calibre également : du haut de ses 25 ans, Nicodemus fait figure de papa avec un style déjà très abouti ; le Shaolin plat présent ici l’illustre parfaitement. Le deejay fera une belle carrière jusqu’à sa mort en 1996, alors que les deux artistes n’auront qu’une gloire éphémère. Enfin, puberté oblige, Nicodemus dérive plus volontiers vers le slackness (très relatif au regard de ce qui se fait aujourd’hui).
Un point commun cependant : la réalisation transpire le dancehall, que ce soit par les mixes résolument rub-a-dub des riddims, bien lourds (Stop that train, Dirty Harry, Boxing, I’m not getting crazy ou I can’t hide pour en citer quelques-uns), ou par les prises de voix : les rimes s’enchaînent, passant parfois du coq à l’âne, on sent que les textes ont été travaillés en live et couchés sur disque faisant fi des imperfections de style (notamment pour Billy Boyo, le plus jeune des trois). On imagine les foules en liesse sur les « punch lines » bien sentie.

Chroniques de vie
Ces lyrics débités au kilomètre, de façon résolument moderne pour l’époque, sont l’essence même du dancehall, reflet d’une société plus introvertie, gangrenée par la violence qui cherche une échappatoire ici et maintenant. A l’image de la pochette originale, avec ces deux gamins posant devant une Benz, on est loin du roots formaté. Et tant mieux, car avec plus de 20 ans de recul, ces textes ont une réelle valeur documentaire : les couplets sont autant de tableaux vivant de scènes de vie jamaïcaine, traitées souvent avec humour. L’auditeur attentif obtiendra une foule de renseignements : lieux, modèles de voitures en vogue, marques de vêtements ou de chaussures, plats, aliments, boissons…

Le dancehall lui-même est leur thème de prédilection, tinté de narcissisme comme sur les explicites Hail Nico dread, Harry on the go ou Billy Boyo in the area. Les chansons les plus construites n’en sont que plus intéressantes : Leggo me queen de Little Harry (pastiche du Gateman de Josey Wales) ou Birdman hunting où Nicodemus dit aux « gunmen » qui s’entraînent sur des oiseaux « if you don’t eat the bird, don’t shoot him ». S’il est le moins technique des trois, Billy Boyo fait par contre preuve d’un réel talent de raconteur lorsqu’il évoque la rentrée des classes, son emploi du temps et qu’il répète ses aditions (Going to school) ou quand il revit son voyage en Angleterre (Check in) : il s’attarde d’ailleurs sur l’intrusion de Michael Fagan dans la chambre de la Reine à Buckingham Palace en juin 1982, événement qui fit scandale Outre-Manche.

Issu de l’âge d’or du formidable catalogue Greensleeves, cet instantané de dancehall méritait bien une édition en cd, malgré les incertitudes qui pèsent sur l’avenir du label. C’est aussi un hommage aux acteurs de ces enregistrements, pour la plupart aujourd’hui décédés. Crucial.



Article écrit par Benoit Georges

Tags : Historique (17), Greensleeves records (21)

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