Vendredi 5 août
Date de mise en ligne : jeudi 01 septembre 2005 - 18 099 vues Reggae Sun Ska 2005
Peu de festivals reggae en France ont l’expérience du Reggae Sun Ska. Organisé par Music’Action (tourneur-programmateur) le festival était à l’origine entièrement dédié au reggae. Petit à petit, la programmation s’est diversifiée mais depuis 1997, le festival consacre le haut de son affiche aux artistes reggae. L’an dernier étaient présents les Jamaica All Stars et Capleton, pour cette 8ème édition, les grands noms étaient plus que jamais au rendez-vous.
Le festival se trouve au milieu de nulle part, dans le Médoc. Organisé en collaboration avec les institutions locales et régionales, il a lieu au stade de Cissac (1200 habitants). Sur le site, on est impressionné par la taille de la grande scène avant de découvrir un petit chapiteau. Beaucoup moins de stands qu’au Ja’Sound mais l’essentiel est là, à savoir : à boire et à manger. Ce que l’on constate au premier abord, c’est la différence de population. L’ensemble a plus des allures de rassemblement alter-mondialiste que de grounation rasta. Avec des styles allant du rock (La Varda), punk (Laréplik) à la chanson (Stéphane Mellino ; Gare au Loup Garou) en passant par l’électro (Elisa Do Brasil ; Le Peuple de l’Herbe ; Undergang…), on ne peut que trouver des gens d’aspirations diverses. L’affiche fait néanmoins la part belle au reggae music. C’est le dancehall de Sir Samuel que nous entendrons en premier. Nous sommes encore sous le soleil quand Sir Samuel finit sa prestation. Un set dans lequel on retrouve des morceaux de l’album "Vizé Pli O" comme J'fais péter la sono qui fonctionne en live, bien que ce ne sont que 2 platines qui accompagnent Sir Samuel aujourd’hui. Dans sa sélection, des classiques du Saïan Supa Crew, lequel s’apprête à sortir un nouvel album (octobre 2005). Une prestation saluée comme il se doit par les centaines de personnes, serrées devant cette petite scène.
Simultanément, la Chango Family, venue du Québec propose sur la grande scène une fusion teintée de reggae aux accents tsiganes. L’heure tourne et le public continue de faire la queue par centaines à l’entrée. L’ambiance est bon enfant, quelques fanfares déambulent sur la pelouse. Une petite dose de drum’n’bass avec Elisa Do Brasil et la tension commence à monter, nous attendons ce soir Steel Pulse et Toots & the Maytals…
Vendredi 5 août 2005
'Still Pulse'
Le public est bouillant quand Steel Pulse monte sur scène. Plus de 6000 personnes devant un David Hinds muet durant toute l’intro-medley. Puis il s’essaie à quelques mots en français, saluant la foule. On connaît le show de Steel Pulse puisque le groupe l’a donné en décembre dernier à l’Elysée Montmartre lors de la sortie de son dernier album (African Holocaust). Mais ce soir, la prestation est particulièrement réussie, aidée par une excellente sonorisation. L’occasion de nous rendre compte que ce dernier album passe très bien en live, à l’image de Global Warning ou No More Weapons. David Hinds est en grande forme et sa voix semble infatigable. Ils enchaînent leurs hits Handsworth Revolution, Sound System, Taxi Driver devant un public qui reprend en chœur. Hinds profite de No More Weapons pour placer un big up à la France concernant la guerre en Irak. Selvyn Brown quitte parfois son clavier pour toaster au micro. Le rythme du concert est rapide et il s’achève presque trop brutalement. Mais le public est là et la qualité aussi. Les concerts de Steel Pulse ont parfois des allures de show ‘à l’américaine’ et manquent de surprises mais le jeu est appliqué et le riddim solide. Le groupe fête cette année ses 30 ans et, sur la scène du Reggae Sun Ska, a encore prouvé toute sa vivacité.
'Do the Maytal'
Le festival a pris un peu de retard et les Maytals entrent en scène vers 1h30. Le public a rendez-vous avec l’histoire et le sait. Du ska, du rocksteady, du reggae, Toots met souvent tout le monde d’accord. Les Maytals compte bass-batterie, deux guitares, deux claviers et deux choristes dont Leba Hibbert (Kingston Lady), la fille de Toots. Pas de section-cuivres, dommage mais ce manque se fera vite oublier. Le public va réserver le meilleur accueil quand Toots arrive sur scène. Très élégant, dans une tenue vert-jaune-rouge taillée sur-mesure, il débarque le poing levé devant un public chauffé à blanc. Son dernier album "True Love" est une série de duos avec des stars de la musique (tous styles confondus) autour de ses plus grands tubes. Pas étonnant donc que les hits pleuvent ce soir. On surprend quelques slams dans les premiers rangs sur Pressure Drop ou 54-46. Le guitariste ne fait pas un geste mais assure des solos d’une qualité rare. Au programme, Bam Bam, Reggae got soul, Do the reggay …Le tout magnifié par les deux charmantes choristes. Malgré l’heure tardive, Toots est dans une forme incroyable, fait chanter la foule (Time tough), danse et plaisante avec ses musiciens. Les skas comme Monkey Man et Sweet and Dandy s’accélèrent en plein milieu et enflamment le public. Alors que l’on commence à se dire que l’on n’aura pas droit à Funky Kingston, le clavier lance l’intro. Never grow old, chanté par un vétéran est ce soir, tout aussi contradictoire que symbolique. La setlist est particulièrement bien faite avec une sélection plus posée en milieu de set (Love gonna walk out on me, Careless ethiopians). Toots, à l’enthousiasme communicatif, revient deux fois avant de descendre de scène pour serrer quelques mains. Il a assuré un concert exceptionnel, dans des conditions idéales, face à un public qui a su apprécier la prestation. Il est près de 4h du matin et le public peine à rejoindre l’aire de camping. Quelques heures de repos suffiront pour attaquer la seconde journée du Reggae Sun Ska, tout aussi prometteuse avec The Gladiators et Groundation.
Article écrit par Maxime Nordez
Tags : Toots & The Maytals (40), The Gladiators (28), Sir Samuel (14), Groundation (73), Steel Pulse (51), Festivals 2005 (5)
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Samedi 6 août
Date de mise en ligne : 01/09/2005 
Samedi 6 août 2005
Father & Sons
Les Gladiators montent sur scène vers 22h au coucher du soleil. Le Rockfort Rock ouvre les hostilités. On retrouve les ‘membres d’honneur’ du groupe : Gallimore Sutherland, Clinton Rufus, Earl ‘Bagga’ Walker (basse), Vernon ‘Keysi’ Sutherland (clavier), Rudlowe Robinson (chœurs) et Albert Griffiths. S’ajoute les héritiers Griffiths : Anthony (batterie) et Al (lead). Lors de son concert, on a fait le même constat qu’avec Steel Pulse : une légère impression de déjà vu. La formule reste la même, on met en avant le dernier album("Father & Sons") en le mêlant aux hits du groupe. En vrac : Write to me, Jah Works, Roots Natty, Soul Rebel, Hello Carol et la rituelle présentation des musiciens sur Stick A Bush. Issus du dernier album, Al interprète Promise Me, Holding On ou encore, Bull Buck. S'il on n'avait pas été convaincu par sa dernière prestation à Paris, Al semble avoir gagné en assurance, ce qui se ressent dans sa voix. Un show toujours efficace, un peu figé sans doute mais on finit toujours par en redemander. Le concert n’excèdera pas 1h30 mais sera de qualité. Albert Griffiths qui annonçait récemment sa retraite restera aux côtés de son fils aussi bien en live qu’en écriture (Albert s’était bien gardé de nous le dire lors de notre dernière entrevue). Alors que certains festivaliers profitent d’un temps mort sur la grande scène pour les Djins & Flya, l’équipe technique prépare la scène pour la sensation roots du moment : Groundation.
US Reggae Show
Comme on vous l’a sûrement raconté, Groundation a fait forte impression au Ja’Sound. Draînant un public plus large que celui du Roots, l’ascension du groupe en France est surprenante. On avait déjà étonné d’entendre, deux jours avant, le public chanter, cette fois-ci, l’engouement sera le même. Avec quatre album à leur actif + un dub + des pirates qui tournent sur Internet, Groundation touchent beaucoup plus que les ‘acheteurs de disques’. Encore une fois, le public s’est déchaîné sur le passage chanté par Don Carlos sur Freedom Taking Over. Leurs morceaux deviennent, en concert, de véritables grilles d'improvisation. Caché derrière une sincère humilité, Harrison (lead) gagne rapidement l'attention de son auditoire. Cette prestation au Reggae Sun Ska a été la dernière de leur tournée européenne et on a pu sentir le groupe décidé à donner le meilleur de lui-même. Certaines critiques leur ont été adressées concernant les chorus à rallonge, les taxant de showman à l'américaine. Certes leurs concerts ressemblent à des happenings de free jazz que des reasoning rastas mais le tout est d'une rare cohérence. Les morceaux joués ce soir seront issus de toute leur discographie : We Free Again, Dem Rise, Fourth Dimension, Weeping Pirates, Hebron, Suffer the right, Babylon Rule Dem, Smile ou encore Each One Teach One. On attendait le rappel qui, au Ja'Sound, avait ravi les puristes avec une version de Marcus Garvey de Burning Spear. Mais le festival est en retard et on ne laissera pas aux Californiens l'occasion de remonter sur scène. Les amateurs de reggae auraient bien vu Groundation clôturer le festival mais c'est Le Peuple de l'Herbe qui s'en chargera, venant rappeler l'éclectisme du festival.
Le Reggae Sun Ska a été cette année particulièrement réussi, certes l'organisation a des progrès à faire concernant notamment le filtrage à l'entrée et autres tickets restauration mais d'un point de vue artistique, on ne peut pas être déçu. Il ne faut pas voir le Reggae Sun Ska comme un festival reggae mais comme un rassemblement autour de la musique, la bonne musique. Avec plus de 13 000 personnes en deux jours, le festival a connu cette année sa plus grosse affluence. Longue vie au Reggae Sun Ska...
Article écrit par Maxime Nordez
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